Lors des trois derniers numéros de la Gazette du Maroc, nous avons abordé trois sujets qui fâchent : la destruction du patrimoine de la ville, des projets commerciaux qui font fi de la mémoire des Casablancais et une frénésie pour faire disparaître quelques joyaux architecturaux qui font la fierté du pays. Pour ce numéro, nous allons aborder un exemple de prise de conscience: l'immeuble Assayag réalisé par le grand Marius Boyer. Une réhabilitation réussie autour de quelques concepts, très simples, pour préserver l'un des plus beaux bâtiments du pays. C'est simple : pour rendre à un bâtiment son lustre d'antan, il faut juste prendre conscience de ce qu'il représente dans la mémoire collective de ceux qui l'ont toujours connu ou du moins entrevu, entr'aperçu. L'immeuble Assayag qui domine le centre ville de Casablanca a été délaissé, livré à lui-même, autant dire un édifice voué à l'effritement et à la destruction à l'instar d'autres beaux sites comme l'illustre hôtel Lincoln aujourd'hui plaie ouverte au cœur de la ville. Grâce aux efforts combinés de plusieurs associations autour du travail entrepris par Casamémoire, l'immeuble a pu bénéficier de plusieurs dons qui ont abouti à la rénovation de plusieurs pans menacés. D'abord, trois nouveaux ascenseurs ont été placés pour offrir aux habitants un meilleur cadre d'habitat et surtout le confort pour lequel ils ont choisi l'immeuble à la base. Plusieurs travaux de restauration ont été effectués dans les appartements mêmes qui ont, par chance, été vendus à des amoureux de l'urbanisme. Pour rappel, plusieurs architectes, designers, décorateurs et urbanistes ont acheté dans l'immeuble à la fois pour participer à cet élan de conservation et pour témoigner de la beauté du site. Plusieurs mécènes ont mis la main à la poche pour aider le syndic mis en place pour les travaux de peinture, de restauration et de nettoyage. Un suivi de toutes les heures qui donne l'exemple pour la protection de nos plus beaux sites urbains. Et ceci devrait servir d'exemple aussi pour d'autres syndics qui doivent lutter pour offrir de meilleurs écrins à leurs bâtiments.