À l'occasion de la fin de la présidence finlandaise de l'UE, le chargé d'affaires de la Finlande au Maroc Ingmar Strom nous a accordé cette interview dans laquelle il présente le bilan de la coopération entre le Maroc et l'UE ainsi que les perspectives des relations bilatérales. Pour Ingmar Strom, le processus de renforcement de la démocratie au Maroc a pris un élan dès le début de l'avènement de S.M. le Roi Mohammed VI au trône. Le projet de l'autonomie pour le Sahara, annoncé par le Souverain, constitue, selon lui, une approche constructive pour trouver une solution politique à cette situation. Par ailleurs, l'année 2007 sera marquée par la nomination d'un nouvel ambassadeur finlandais au Maroc. L. G. M. : En termes de relations avec les pays méditerranéens, quel est le bilan de la présidence finlandaise de l'UE ? Ingmar Ström : En tant que président de l'UE, la Finlande a montré un vif intérêt pour développer les relations et la coopération avec les pays voisins du Sud. Elle a élaboré un programme d'action et nous avons réalisé quatre réunions ministérielles pendant les six mois passés. Lors de la conférence des ministres des affaires étrangères, en novembre à Tampere en Finlande, il y a eu un excellent débat sur la situation au Moyen-Orient. Malgré les difficultés évidentes, il y avait un bon esprit de coopération et tous les 35 pays se sont mis d'accord pour un programme de travail pour les années à venir. Qu'en est-il des relations avec le Maroc ? La Finlande soutient le partenariat privilégié entre le Maroc et l'UE. Cette année, le Maroc recevra, pour les projets en cours, près de 280 millions d'euros, ce qui représente 34 % du budget réservé aux pays Euromed. En décembre, dans le cadre du dialogue politique renforcé, nous avons discuté les possibilités pour le Maroc d'entrer en coopération encore plus étroite avec l'UE dans les secteurs de maintien de la paix et la politique internationale. Quelles sont vos priorités vis-à-vis du Maroc ? Notre politique est de soutenir les activités de l'UE au Maroc. Sur le plan bilatéral, nous avons des intérêts multiples, notamment sur le plan touristique. De plus en plus de touristes finlandais choisissent le Maroc comme destination pendant l'hiver. Pour ce qui est des échanges commerciaux, les exportations finlandaises vers le Maroc sont importantes, notamment en produits forestiers et en produits électroniques. Quelles sont les contraintes qui entravent le développement d'échange commercial entre les deux pays ? Il faudra faire un peu de marketing pour que les deux pays se connaissent mieux. Vous avez des rapports traditionnels avec les pays voisins et nous nous trouvons plus loin. Pour les mêmes raisons, les sociétés finlandaises ont choisi les rapports avec les pays anglophones. Quels sont les rapports politiques de la Finlande avec le Maroc? L'année 2006 a été une année exceptionnelle pour nos relations. Elle a été marquée par les visites en Finlande de hautes personnalités marocaines. Et vers la fin du mois de janvier, une visite au Maroc est prévue du président du Parlement finlandais, Paavo Lipponen, avec une importante délégation parlementaire. En outre, nous avons l'intention de nommer un ambassadeur résident au Maroc en 2007, en remplacement de l'ambassadeur accrédité depuis Lisbonne. Que pensez-vous des réformes politiques et économiques entreprises par le Souverain en 2006 ? Le Maroc se distingue par sa stabilité politique et ses grands processus d'évolution qui visent à renforcer la démocratie et développer la société. Avec l'INDH, S.M. le Roi Mohammed VI a conçu une approche globale au développement concernant la situation rurale, l'alphabétisation et la réduction du chômage. Les autorités marocaines aspirent également à améliorer la bonne gouvernance y compris le système judiciaire, ce qui est essentiel aussi pour les investisseurs et les sociétés étrangères qui veulent s'établir au Maroc. Que pensez-vous de la proposition marocaine de l'autonomie élargie au Sahara Marocain ? Le projet de l'autonomie pour le Sahara, annoncé par le Souverain, constitue une approche constructive pour trouver une solution politique à cette situation qui n'a que trop duré. Le CORCAS a présenté ses éléments du projet à Sa Majesté et il est envisagé que le projet sera présenté dans les prochains mois. Au Maroc, et à l'étranger, on attend avec beaucoup d'intérêt de pouvoir prendre connaissance des modalités de l'autonomie pour le Sahara. En tant que président de l'UE, la Finlande a essayé de rapprocher les points des différentes parties, mais sans résultat. Souhaitons que la présentation du projet d'autonomie puisse faire changer la donne.