Il fût un temps où personne ne parlait d'un gouvernement islamiste en 2007. Même les figures en vue n'en parlaient plus. Puis survient une déclaration du premier des barbus légalistes ! Signe ? Parcours "Le parti du PJD est prêt à assumer ses reponsabilités en intégrant le prochain gouvernement si les conditions sont reunies ou en restant dans l'opposition si cela va dans l'intérêt du pays... » pour le chef du parti islamiste légaliste, faire partie d'un gouvernement participe de la logique des conditions. La posture de l'opposition, quant à elle, revendique un choix ! En clair, l'opposition serait dictée, dans le cas du PJD par des raisons de l'intérêt politique. Entendez : l'équilibre des institutions, la stabilité politique et surtout la normalisation de son existence aux commandes des affaires. Problématique position que celle d'un parti donné par les sondages, tous azimuts, premier favori des élections prochaines ! En fait, en s'adressant ainsi aux cadres de son parti, lors d'une rencontre qu'il a lui-même animée dans la région du Souss, Saâd Eddine El Othmani ne se rabat pas sur un sentier battu. Au contraire, il jette une pierre dans la marre qui semble calme et plate depuis des mois. Et pour cause : cela fait un bon moment que ni le parti concerné, ni les observateurs ne parlent de scénario menant les amis du psychiatre dévot aux affaires. Le contraire serait-on tenté de dire, serait le plus plausible. Le PJD n'est il pas le parti qui sortira, immanquablement vainqueur des législatives à venir ? se demande-t-on dans les coulisses des chancelleries et les salles des centres d'études. Suite logique : un PJD au gouvernement, pourquoi pas ! La question n'est pas aussi facile qu'elle en a l'air. Stratégie Pour le Professeur Youssef Belal, chercheur lauréat de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris : «pour le PJD, trouver avec qui gouverner est tout aussi important que gouverner. Et c'est justement la question : un drame à la Schekspear».To be au gouvernement or not to be , this is the question. Certes, il n'en faut pas moins pour trouver les compagnons d'armes pour réussir. À ce sujet deux grandes conditions semblent requises. Au delà de la majorité des voix, le choix du premier ministre relève, constitutionnellement de la volonté royale. Une fois le premier ministre choisi, à moins de remporter une majorité absolue, il est impérativement nécessaire de trouver des alliances. Rien n'est moins sûr. À ce niveau là précisément, il y a fort à parier que le jeu est vérrouillé. Le tournant que le Maroc a entamé en 1998, via le gouvernement d'alternance consensuelle est édifiant à cet égard : la gauche en particulier, et l'opposition issue du mouvement nationaliste en général, n'ont pas accédé au pouvoir par les urnes. Encore est-il qu'ils ont gouverné avec d'autres composantes. Moralité ? À l'instar de son ennemi de toujours, la gauche, le PJD doit se faire avec l'idée de composer avec les autres ! Qui sera l'allié des islamistes, donc ? Il parait que les dés sont déjà jetés ! D'abord , les partis de la majorité ont d'ores et déjà donné le ton en adoptant un mode de scrutin qui tient lieu de modus vivendi entre partis confondus.Tout un chacun y a trouvé son compte. Ensuite, personne, sauf des voix non autorisées ne songent, voire n'osent revendiquer une alliance, même tactique avec les barbus de Saâd Eddine. On est bien loin de l'ambiance ayant régné avant et après les élections de 2002. Le spectacle est toujours présent dans les mémoires : l'Istiqlal qui tire dans les pattes de l'USFP et l'UMP qui plombe les deux et cherche des alliés ailleurs que dans l'équipe sortante. Bérézina ! Plus sereine, la majorité est presque sûre de rempiler. C'est du moins ce que certains observateurs ont cru déceler dans les déclarations de Driss Jettou à Paris. Invité par les hommes d'affaires français, le Premier ministre les a rassurés en ces termes : «rien n'indique que les islamistes remporteront les prochaines élections encore moins de former le prochain gouvernement». Conclusion : la majorité actuelle a de fortes chances de remporter les législatives. Ce qui fera dire au premier des islamistes PJD : «Ces propos sont dangereux et donnent une mauvaise image de notre démocratie». En clair, les jeux sont faits.Du coup, la déclaration de Saâd Eddine Othmani relative à la participation au gouvernement est vue sous un autre jour.Le parti tente de se repositionner, sinon de tendre la main à nouveau. Peine perdue ? wait and see.