Des mesures draconiennes sont prises suite à des instructions données par le ministère de la Justice au Parquet. Ces mesures s'élargissent au retrait des permis de conduire comme actions préventives contre la montée vertigineuse des accidents de la route. Personne, disent les instructions en question, ne sera épargnée. Nous sommes un pays en guerre, a-t-on dit. Les accidents mortels se chiffrent par milliers, ajoute-t-on encore. Il y a eu la création de plusieurs organisations et comités de lutte contre ce fléau qui ravage le Maroc. Certains disent chauffards ; d'autres parlent en termes de manque d'infrastructures routières ! Le Maroc a besoin de ses citoyens. La réaction scientifique s'impose. Il est vrai que le laisser-aller a, entre autres, laissé le secteur plonger dans le chaos en matière de sécurité routière. Car, finalement, on ne se contente que de statistiques d'accidents corporels et/ou matériels. Et, à chaque fois, depuis trop longtemps, on fait dire à la presse que la cause est due à plusieurs facteurs. La conduite en état d'ébriété est claire. Le dépassement abusif l'est plus. L'excès de vitesse avec non-maîtrise est flagrant…Mais le reste ? Que dit-on du reste ? Les routes non bitumées, les dos d'ânes et les nids de poules. L'affaissement des chaussées et les maladresses des signalisations tant horizontales que verticales ? Le manque flagrant, au même titre du délit, d'une vision scientifique d'un schéma directeur de la circulation à travers le pays ? Autant de questions qui se posent d'elles-mêmes dans une ville qui cherche à embrasser le modernisme et qui ne trouve pas d'yeux ni de lunettes de vue pour le faire. On patauge et c'est vrai. On improvise, preuve à l'appui. On fait du n'importe quoi dans un environnement qui s'impose cartésien, logique et qui doit répondre à des normes qui nous dépassent de très loin. Des normes tracées par l'instauration d'un espace entièrement sophistiqué. On veut réduire le nombre des accidents de la circulation, mais on ne réussira pas cette œuvre tant que tout un ensemble d'éléments majeurs n'est pas réglementé et tant que les textes, déjà existants, ne sont pas appliqués. Il ne suffit pas de coller des amendes forfaitaires à 400 DH pour se dire que la sanction a été infligée à un tel chauffard alors qu'il roulait à 62 km/h en ville. Que faire à celui qui fait ronfler son engin à 200 km/h en plein centre de la ville, comme ces jeunes morts dans une Mercedes, il y a deux ans, sur l'avenue Pasteur de Casablanca, juste en face de l'ex- majestueuse Cour d'appel. Quelle sanction a-t-elle été infligée à un président de commune qui n'a pas réparé une chaussée affaissée ? Jamais et au grand jamais ! Les exemples de ce genre de manquements sont multiples et divers. Nous ne nous basons encore sur aucune étude réelle. Seules les enveloppes budgétaires sont communiquées dans un premier temps. Un cas concerne également l'implantation d'un panneau d'interdiction de tourner à gauche pour les conducteurs en provenance de Abdellah Ben Yassine en direction d'Emile Zola, vers le rond-point Chimicolor. Celui-ci, bien qu'il soit visible, reste inhabituel. Il faut être né à Casablanca pour le repérer, et encore ! Le problème, dans ces deux simples cas, appelle les démocrates et les juristes à réagir. Car il s'agit d'une véritable transgression des lois qui datent de fort longtemps. Pourtant, aussi simples qu'elles soient, elles ne sont guère appliquées. Rien de cela n'est plus fait comme il y a une trentaine d'années. Tout va-t-il à la diable ? La circulation, sûrement ! On devrait, pour remédier à la situation, réfléchir à transformer certains boulevards du grand Casablanca en sens unique et faire de certaines artères des espaces piétons. Casablanca a hérité d'un passé assez glorieux. L'avenue Hassan II était une piste d'atterrissage des avions à l'époque du protectorat. Nous sommes en 2006 et la ville a beaucoup changé. Les esprits doivent être aussi maniables, donc changeables. Avec le projet du nouveau code de la route, déposé au Parlement, les nouvelles dispositions constitueront un véritable tour de vis. Avec les instructions données récemment au Parquet par le ministre de la Justice, les chauffards, qui font des centaines de victimes, vont payer cher leurs contraventions au code de la route. On espère que ça marchera, cette fois-ci.