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Israël : L'axe de la guerre
Publié dans La Gazette du Maroc le 30 - 10 - 2006

Alors que la «colonisation rampante» de la Cisjordanie se poursuit inexorablement malgré l'engagement d'Israël de la suspendre ; et, alors que les Palestiniens peinent à sortir de leur impasse politique, le premier ministre israélien, Ehud Olmert, crée son nouvel axe avec l'extrémiste, Avigdor Liberman. L'heure est désormais au durcissement voire aux confrontations.
Les milieux français proches traditionnellement du pouvoir à Tel-Aviv ne cachent plus leur inquiétude à l'égard du choix politique fait par le chef du gouvernement israélien, Ehud Olmert. Ces derniers qui se sont retenus durant la deuxième guerre du Liban sortent maintenant de leur mutisme pour critiquer vivement le comportement «opportuniste» de celui qui dirige l'Etat hébreu. «Le pire des gouvernements israéliens n'avait choisi un homme inexpérimenté comme celui-là», rétorque un représentant de la communauté juive de France qui a préféré garder l'anonymat ; et d'ajouter : «l'histoire d'Israël n'avait jamais connu un type comme Olmert qui a placé les besoins de sa coalition et son intérêt personnel avant les Affaires de l'Etat d'une manière aussi risquée».
Avec l'arrivée au gouvernement du fondateur et dirigeant du parti «Israël Beytenou», les Palestiniens, plus particulièrement, ne doivent s'attendre plus à rien ; et, plus généralement, les Arabes doivent comprendre que la paix globale qu'ils proposent aux Israéliens sur la base de l'initiative du roi d'Arabie Saoudite, Abdallah ben Abdel Aziz ne sera pas pour demain. L'heure est désormais au durcissement des positions voire aux confrontations militaires. Cela dit, en ouvrant les portes de la coalition gouvernementale à Avigdor Liberman, le premier ministre israélien aurait d'emblée accepté, sans pour autant l'annoncer explicitement, la principale condition imposée par ce dernier, à savoir, son projet de loi de transformer le régime en place en un pouvoir présidentiel. Ce, malgré la conviction de la majorité des ministres de l'actuel gouvernement que ce projet ne passera jamais à la Knesset.
Néanmoins, Ehud Olmert, est semble-t- il déterminé à aller jusqu'au bout de sa gouvernance qui a tout perdu ou presque sur le plan des sondages. Ce constat ne devra guère créer un problème pour un véritable exécutif démocratique. Car, ce dernier est élu une fois tous les quatre ans et non pas sur la base d'un sondage quotidien. Mais celui d'Olmert s'est désengagé très tôt de son programme politique sur la base duquel-il a été choisi par les Israéliens. En d'autres termes, son annonce, après la dernière épreuve au Liban, qu'il ne souhaite pas une paix en remplacement d'un retrait unilatéral. Pour celui qui lit attentivement les déclarations dans ce sens, il comprendra qu'Olmert veut dire par là qu'il opte pour une paix avec la Syrie, mais qu'il ne veut pas négocier avec le président, Bachar al-Assad ni restituer le Golan. D'autre part, il veut dire également qu'il est prêt à négocier avec le président de l'Autorité palestinienne, mais, par contre, il n'a aucun plan pour arriver avec lui à une solution. De ce fait, le choix d'Olmert d'élargir la coalition gouvernementale en «récupérant» Liberman vise, d'un côté, à avorter les critiques grandissantes à droite envers son gouvernement affaibli plus que jamais après son échec crucial au Liban ; et, de l'autre, choisir la confrontation aussi bien intérieure qu'extérieure. Il ne s'agit donc pas d'arriver à un régime présidentiel à l'instar de celui des Etats-Unis.
L'arrivée de l'extrémiste Liberman sera sans doute au détriment du Parti travailliste, plus particulièrement de son secrétaire général et ministre de la Défense, Amir Peretz. Les tiraillements commencent d'ores et déjà à monter à la surface au sein de cette formation historique de gauche. Ce, au moment où sa figure de proue, Shimon Peres, s'abstient de tout commentaire. Ce que les observateurs les plus avisés considèrent comme étant un aval tacite accordé au choix politique d'Olmert. Et, par là, à son nouvel objectif consistant à prendre la revanche sur le Hezbollah au Liban.
Néo-conservateurs à l'israélienne
Avigdor Liberman représente l'extrême droite israélienne. Il a, en plus, un projet similaire à celui des néo-conservateurs américains qu'il ne cache pas. Il est d'une part, laïc jusqu'à l'athéisme. Il va dans le sens de son public pour changer la relation entre la religion et l'Etat, mais pas dans une voie plus libérale ou démocratique ; mais plutôt dans une direction plus nationaliste sans pour autant séparer les deux dimensions. Parallèlement, il se recoupe avec la gauche concernant la question démographique ; également sur la nécessité de se débarrasser des Palestiniens dans le cadre d'un accord en vertu duquel ces derniers renonceront à toutes leurs revendications historiques sauf leur Etat. Ce qui est d'ailleurs accepté par les Israéliens. Cependant, Liberman veut cet Etat non viable dépendant d'Israël voire un agent. Il se différencie de la gauche en demandant d'annexer un couloir regroupant les villages de l'intérieur palestinien formé de 200 000 citoyens arabes vivant au sein de la ligne verte. Liberman pose aussi comme condition, d'accorder les droits à ceux qui servent dans l'armée israélienne. D'autre part, il se différencie de la droite traditionnelle de par son franc-parler concernant la solution territoriale.
Il est, tout à fait, comme les néo-conservateurs, lorsqu'il appelle Israel à se réconcilier avec sa force ; et, d'être plus franc lorsqu'il s'adresse à son environnement, tout en étant prêt à utiliser cette force. Cela dit, nous sommes face à une droite laïque européenne extrémiste qui ne calque pas tout sur la Tora. Une formation qui veut un régime capitaliste puissant qui imite les Etats-Unis et qui ne craint jamais d'utiliser tous ses moyens de frappe. Liberman veut un Israel qui ne reconnaît aucun droit légitime des Arabes. Cependant, il accepte pour des raisons sécuritaires et démographiques de créer une entité géographique pour absorber les Palestiniens.
Le discours du patron d'Israel Beytenou est à la fois simple et brut qui exclue les mensonges et va directement au but. Ce qui impressionne la droite laïque européenne qui a encouragé Ehud Olmert à franchir le pas envers lui. Liberman ne cache pas ses intentions lorsqu'il affirme qu'il ne souhaite pas «épater» la communauté internationale ; moins encore les Arabes.
En rentrant dans ce gouvernement formé d'opportunistes, il sera le seul à avoir des principes et un programme politique qu'il tiendra à réaliser. Liberman avait, par le passé, décliné des offres pour adhérer au gouvernement car il voulait un portefeuille sur mesure qui reflète ses principes. C'est aujourd'hui le cas après qu'Ehud Olmert ait été contraint, pour sauver sa face et son existence politique, à lui octroyer le «ministère des menaces stratégiques». Pour le député d'origine arabe à la Knesset, Azmi Béchara, l'axe Olmert- Liberman, est un axe de guerre et non seulement une simple alliance politique dictée par les circonstances. Par là, les Etats arabes devraient être désormais de plus en plus vigilants malgré les garanties données par les Etats-Unis et les accords de défense signés bilatéralement avec certains pays européens. Dans ce contexte, la Syrie et l'Iran sont apparemment les seuls qui prennent au sérieux la naissance de cet axe de guerre. C'est d'ailleurs pourquoi, une partie de la classe politique israélienne appelle sans cesse depuis l'arrêt des hostilités au Liban à effectuer, sans tarder, des discussions avec les Syriens et arriver à une paix, même si cela consiste à restituer le plateau du Golan. Cette classe, consciente du risque de guerre veut ainsi anticiper en mettant le nouvel axe devant le fait accompli. Des députés israéliens, des ministres et des généraux, se sont rendus récemment à Washington afin de prévenir le déclenchement par le nouvel axe d'une guerre, en frappant en même temps Damas et Téhéran.
L'impasse palestinienne
Au moment où Ehud Olmert tente de surmonter ses difficultés et sauvegarder son gouvernement en attirant Avgidor Liberman, les dirigeants palestiniens, toutes tendances confondues, pataugent toujours. Ils sont loin de se mettre d'accord sur la création d'un gouvernement d'union nationale qui, selon plusieurs analystes, ne servira plus à rien ; notamment après la nouvelle configuration qui s'est dessinée au centre de décision de l'Etat hébreu. La probable arrivée du membre du bureau politique du Hamas, l'homme fort Khaled Machaâl au Caire pour négocier l'échange du soldat israélien contre 1000 prisonniers palestiniens, prouve que le jeu solo et d'union est désormais de mise. Ce qui prouve aussi que la création du gouvernement d'union n'est plus la priorité.
Si l'opération d'échange parrainée par l'Egypte et avalisée par la Syrie réussie, le mouvement Hamas aurait ainsi assuré sa survie au niveau de la gouvernance face aux menaces de Mahmoud Abbas visant à le destituer. Quoi qu'il en soit, les Palestiniens resteront dans l'impasse car même si le gouvernement israélien accepte de «libérer» prisonniers et argent (les quelques 550 millions de $ confisqués), ce ne sera que par étapes. De plus, cette décision de la part des Israéliens sera liée à plusieurs conditions dont, entre autres, celle imposée par le Quartet, portant sur la reconnaissance de l'Etat hébreu, l'engagement des accords signés et renoncer au terrorisme.
Si une partie des Palestiniens accepte ces conditions, une autre refusera de s'exécuter sans avoir les garanties internationales et israéliennes nécessaires. Ce qui est, pour l'instant, loin de se faire. Surtout, après la guerre du Liban et ses répercussions sur l'establishment israélien, d'une part ; et, de l'autre, après la naissance de l'axe de guerre formé d'Olmert et de Liberman.
Ce dernier n'a fait que consolider les positions de ceux qui ne croient pas dans les intentions d'Olmert. Ce dernier qui a donné les ordres de poursuivre les attaques à Gaza et poursuivre inexorablement la «colonisation rampante» en Cisjordanie malgré l'engagement de la suspendre. Cette nouvelle donne israélienne est un coup dur pour le président de l'Autorité palestinienne qui trouvera dorénavant plus de difficultés pour convaincre Ehud Olmert de revenir à la table des négociations. Le pire, c'est que ces changements interviennent à la veille du «mid-term» aux Etats-Unis ; et au moment où les pays arabes les plus concernés par le processus de paix avec Israël, à savoir l'Egypte, l'Arabie Saoudite et la Jordanie, pourraient se rapprocher du mouvement Hamas au cas où l'opération d'échange du soldat israélien connaîtrait un succès.
En tout état de cause, si les médiations en cours de l'Egypte et du Qatar entre le Fatah et Hamas réussissent, la formation d'un gouvernement d'Union nationale n'est plus comme avant, à l'ordre du jour. Car le prix à payer sera plus cher que prévu. C'est un retour à la case départ, notamment parce que les Israéliens ont maintenant d'autres plans où la priorité palestinienne est passée au 2ème rang. Les négociations avec l'Autorité et son gouvernement quelle que soit sa forme seront mieux menées après avoir réglé les comptes avec la Syrie, l'Iran et le Hezbollah au Liban.


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