SM le Roi Mohammed VI a présidé, vendredi 13 octobre, la séance d'ouverture de l'année législative conformément à la Constitution du Royaume et a prononcé, à cette occasion, un discours fondateur sur le rôle et la mission des parlementaires, des partis et des électeurs dans la construction démocratique du pays. Un discours qui dresse une charte de comportement définissant les responsabilités et les devoirs des acteurs de la vie politique durant la dernière année de l'actuelle législature afin de consolider les acquis de la démocratie et de l'Etat de droit notamment en ce qui concerne la moralisation des prochaines élections législatives qui auront lieu en 2007. Le discours royal a été précédé, comme le veut la tradition, par la lecture de quelques versets du Coran. Et comme chaque année, le choix desdits versets était conforme à l'essence du discours royal. Il s'agit notamment du verset 72 de la sourate des Coalisés qui traite de la responsabilité «Al Amana» : «Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité “Al Amana” (de porter les charges de faire le bien et d'éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l'homme s'en est chargé; car il est très injuste (envers lui-même) et très ignorant». La lecture annonçait donc la couleur. Le Souverain allait insister dans son discours sur la gravité de l'acte électoral tant du côté de l'électeur que celui de l'élu et du parti qui l'accrédite et ses conséquences sur la vie institutionnelle de la nation. Démocratie et développement Ainsi, SM le Roi a tenu d'abord à réitérer la ferme détermination du Royaume à aller de l'avant dans la consolidation du choix démocratique qui est irréversible. Toutefois, le Souverain a précisé que la démocratie authentique, «n'est pas une recette toute faite, mais plutôt une construction graduelle, par étapes, nécessitant engagement responsable, courage et abnégation». Une démocratie que le chef de l'Etat a étroitement lié à «la crédibilité des institutions et leur degré de participation à la consolidation de la bonne gouvernance et la concrétisation du développement humain». Une démocratie avec des institutions ne jouissant pas de la crédibilité et dont les acteurs ne sont pas activement impliqués dans la génération du bien-être socioéconomique de la nation restera toujours une démocratie de façade. Une démocratie qui se réduit à «une course aux sièges» au lieu d'être un mécanisme de génération de «nouvelles idées» et de programmes à même de satisfaire les aspirations des Marocains à la prospérité socioéconomique et à la modernité. La démocratie est ainsi l'un des outils indispensables à la réalisation du développement. «Quels que soient nos acquis dans l'édification de la démocratie, tant que celle-ci ne va pas de pair avec le développement humain, elle restera réduite à de simples structures formelles», a dit SM le Roi. Fausser la démocratie en la réduisant à une course aux sièges en usant même de moyens délictuels comme l'usage de l'argent et les fausses promesses électorales entrave la marche du Royaume vers le développement alors qu'il entame une phase où il se doit d'accélérer la cadence de ses réformes est un crime à l'encontre de la nation. Surtout, sachant que la politique de développement socioéconomique et de consolidation des acquis démocratiques commence à donner ses fruits. «Nous inaugurons aujourd'hui la présente année législative dans un contexte foisonnant de réalisations, permettant d'envisager sous les meilleurs auspices les nombreuses échéances à venir et d'affronter avec assurance et optimisme les défis multiples et variés qui ne manqueront pas de surgir», a indiqué le Souverain. C'est pour cela qu'une autocritique s'impose à tous les acteurs politiques. «Ceci nous interpelle pour procéder, l'espace d'une pause, à un exercice introspectif objectif ou un examen de conscience sans complaisance, et avec toute la sagesse et la circonspection qui s'imposent en pareilles circonstances», a souligné SM le Roi. Une allusion quasi expresse à certains comportements frauduleux qui ont entaché les dernières élections du tiers de la deuxième Chambre du Parlement dont la justice s'est saisie en traduisant devant les tribunaux onze élus présumés coupables d'avoir été élus grâce au recours à la corruption. Des cas d'élections frauduleuses dont la responsabilité incombe à tous les partenaires de l'opération électorale : partis politiques, candidats et électeurs. Aussi, le Souverain a-t-il appelé tous les acteurs concernés par l'acte électoral à s'impliquer dans la moralisation de ce processus, «à le hisser loin des surenchères, à le prémunir contre tout emploi illégal de l'argent et du pouvoir, à transcender les calculs personnels et partisans et à faire prévaloir l'intérêt de la patrie et des citoyens». Alliances claires Un objectif qui ne peut être atteint sans que les partis ne présentent des programmes précis dans le cadre d'alliances claires et n'accréditent que des candidats honnêtes afin de permettre à l'électeur de faire un choix bien raisonné basé sur des critères universellement retenus dans l'usage démocratique. «En effet, beaucoup plus qu'une course aux sièges et aux positions, les élections sont, avant tout, une occasion d'émulation entre programmes et projets. Cela requiert de forger des alliances, de nature à favoriser l'émergence d'une majorité homogène et d'une opposition constructive, dans le cadre d'un paysage politique rationalisé et sain», a indiqué SM le Roi. Le Souverain envoie ainsi un message très important qui aura certainement un effet très important sur la vie partisane puisqu'il signifie aux partis que les alliances devront être définies avant les élections au lieu de l'option post-électorale que la majorité des formations politiques préférait jusque-là. Il est à rappeler qu'au lendemain des élections législatives de 2007, une valse de création d'alliances et de contre-alliances dont l'objectif tournait autour de la lutte pour la Primature avait terni davantage l'image du politique chez le citoyen. SM le Roi a aussi rappelé que les deux chantiers prioritaires de la nation sont la démocratie et le développement qui sont «l'expression concrète d'une ambition nationale partagée et la manifestation tangible de Notre doctrine du pouvoir». Deux chantiers dans lesquels le Souverain a appelé les citoyens à s'impliquer d'une manière «forte et constante» rappelant que «La citoyenneté responsable exige une participation positive à tous les volets de la vie nationale». Le discours royal ne pouvait omettre de réitérer la position du Maroc concernant son intégrité territoriale dont la solution se fera dans le cadre de la voie démocratique empruntée par le Royaume qui assure «la plus large participation nationale» et suscite «la plus forte adhésion locale à la mise en place d'un projet d'autonomie pour les provinces du Sud, propre à apporter au conflit artificiel suscité autour de leur marocanité, une solution politique consensuelle et définitive, dans le cadre de la souveraineté du Royaume, de son unité nationale et de son intégrité territoriale».