Les grandes vedettes de la chanson arabe, les Mohamed Abdelouahab, Baligh Hamdi, Faiza Ahmed, Mohamed Soltane, Wadii Assafi et Abdelhalim Hafed…furent des habitués de la cour royale marocaine. Hassan II, en grand mélomane, recevait tout ce beau monde avec classe. Des soirées de discussions, débats et «Tarab» sont organisées dans les palais royaux, surtout à la fin des mois de Chaâban. Il mettait à la dispositions de nos artistes les pyramides orientales pour la confrontation d'idées et d'expériences. Au cours d'un séjour de la libanaise Sabah, il lui proposa d'enregistrer une version de Ma ana illa bachar. Cette dernière lui s'excusa, «Majesté, j'ai un vol demain. Si je le ratte, mon billet ne sera plus valable». Il lui répond, «Tu ne quitteras pas le Maroc avant d'enregistrer ma ana illa bachar, quand au billet déchires-le, mon avion personnel est à ta disposition. ». L'anecdote est évoquée par Salah Cherki dans le numéro spécial de l'hebdomadaire Al AYYAM du 23 au 29 mars 2005, consacré aux secrets de la vie artistique des deux rois. L'ingénieur de son Mohamed Kawakibi se rappelle de l'événement et de l'effervescence qui reignait dans le studio N°1 de la RTM. Doukkali apprenait les paroles à Sabah, les musiciens et les choristes, dont Mahmoud Idrissi, répétaient et les techniciens se préparaient à mettre la chanson en boite. Avec l'aide des uns et des autres, Sabah s'en est sorti avec brio. Ca n'a pas prit une journée ! Le geste de Hassan II est loin d'être un caprice de monarque. Si il l'a fait, c'est plutôt par soucis de faire connaître la culture marocaine au-delà de nos frontières. En Sabah, il a trouvé une ambassadatrice de charme. Ahmed Hachelaf, le regretté conseillé artistique de Pathé Marconi, note dans «l'Anthologie de la musique arabe (1906-1960)», éditions ANEP, Alger, 2001, qu' «avec ma ana illa bachar, la chanson marocaine dépasse les frontières du Maghreb. Sabah en a enregistré une version qui obtient un succès éclatant et se répand très vite dans le monde arabe. ». D'autres refrains nationaux ont suivi le périple oriental de ma ana illa bachar à l'instar de jrit oujarit de Naima Samih…