Une voiture de marque Kia Picanto s'arrête à une station-service du Boulevard El Fida. A bord, deux jeunes garçons. Le chauffeur demande au pompiste de lui servir 200 DH d'essence. Le pompiste sert la quantité demandée, rend la clé et attend le paiement. Le chauffeur met le contact, démarre et se met en première. Le pompiste s'accroche à la vitre. La voiture avance et tire derrière elle le pompiste. Elle le traîne plusieurs dizaines de mètres jusqu'au bouchon du feu rouge. Le chauffeur descend et prend la fuite. Les curieux s'attroupent et empêchent le passager de quitter la voiture jusqu'à l'arrivée de la police. Les éléments du corps urbain arrivent et conduisent l'occupant de la voiture au commissariat de police, en compagnie du pompiste. La voiture a été remorquée. Youssef A., né en 1982, est sans profession, sans antécédents judiciaires. Il est à moitié conscient car il avait fumé des joints auparavant. L'affaire s'annonce déjà assez lourde. Car la police trouvera sur Youssef 3 cigarettes fourrées de chira. Elle découvrira aussi à l'intérieur de la voiture Kia deux plaques d'immatriculation portant des numéros qui ne correspondent pas à ceux de la voiture. La carte grise porte le nom d'une certaine Ilham R. Plusieurs raisons poussent le commissaire de l'arrondissement de police de Derb El Kabir à remettre le dossier et l'accusé à la police judiciaire compétente. Said Da M'Hamed, le pompiste a déposé sa plainte. Une fois la voiture pointée, il s'avère qu'elle a été volée au mois de juin dernier. Laquelle voiture fait l'objet d'une plainte déposée au commissariat de police de Bourgogne. Le pompiste de la station Total du boulevard de Bordeaux, Abderrahmane Ghazi, a vu partir 100 DH en fumée de la même manière que les deux jeunes allaient faire sur le boulevard El Fida. Les fouilles de la voiture volée ont permis aux enquêteurs de trouver, en plus des papiers de bord et une photo d'un gars, une attestation d'assurance d'une voiture de marque Ford, deux trousseaux de clés. Celles d'une Mercedes et celles d'une Alpha Roméo. Youssef n'était apparemment au courant de rien. Mais l‘interrogatoire du mis en cause dévoilera que Youssef a fait la connaissance de Simo, le chauffeur qui a pris la fuite, dans un café. Simo était souvent accompagné d'une certaine Chabba Haouzia. Une chanteuse avec qui Simo enregistrait des vidéo-clips au profit d'une société appelée Prophisound. La police commence par convoquer la propriétaire de la voiture, grâce à l'adresse mentionnée sur la carte grise. Ilham R., médecin de son état, déclarera avoir été victime d'une agression le matin du 19 juin dernier. Ilham a sorti sa voiture ce matin-là du garage et a laissé le moteur en marche. Au moment où elle s'apprêtait à fermer le portail du garage, un jeune homme s'est jeté sur elle et l'a violemment poussée par terre pour monter à bord de la Kia et prendre la fuite. On fait appel à Youssef pour une confrontation. Ilham dit ne l'avoir jamais vu et que son agresseur était quelqu'un d'autre. On lui montre la photo retrouvée dans la voiture et elle reconnaît son gars. C'est Simo ! Le chauffeur qui a pris la fuite. Les traces traîtresses Les enquêteurs n'avaient d'autres moyens pour savoir davantage sur Simo que la société d'enregistrement des vidéo-clips. Photo à la main, ils font le tour des employés qui l'ont bien reconnu. L'administration de l'établissement a aussi offert sa collaboration en donnant le nom et prénom de Simo ainsi que son adresse. Identifié, Mohamed Ben Haja, né en 1979, habite Derb El Ouarda à Hay Hassani. Il est récidiviste. La police se rend de bon matin à son domicile parental. Simo n'y était pas. Sa mère dit aux enquêteurs qu'il se trouvait chez sa grand-mère. Youssef dormait effectivement chez elle, mais au moment où la police a fait irruption, l'endormi a tenté de prendre la fuite par la fenêtre de la petite et misérable chambre qu'il occupait. L'odeur de la chira était encore dans la chambre. La perquisition n'a rien dévoilé aux policiers qui ont conduit Simo à l'interrogatoire. Simo passe à table et commence à déballer. Il commence par raconter une partie de sa vie d'ouvrier lorsqu'il travaillait dans une imprimerie. Licencié, il n'a plus de ressources et songe à quitter le pays. Opérant dans le quartier, il arrive à commettre quelques vols avec violence et se fait arrêter. Il purge une peine d'un an de prison ferme. A sa sortie, l'idée de fuir le pays lui revient. Il rencontre un certain Abderrahim Baroud qui lui promet des papiers en bonne et due forme avec contrat de travail contre la somme de 35.000 DH. Simo se rendra compte, qu'après la constitution du dossier avec de faux papiers, qu'il était victime d'une escroquerie. Pendant ce temps mort, il rencontre quelqu'un qui lui suggère qu'avec le même dossier, il peut prétendre à un crédit. En effet, Simo arrive à décrocher 50.000 DH et il ouvre un compte bancaire. A la réception du chéquier, Simo sème les chèques un peu partout. Il loue des voitures avec et achète des lots de marchandises qu'il revend à un prix dérisoire… D'où les plaintes déposées contre lui pour émission de chèques sans provision. Trois agences de location de voitures et plusieurs fournisseurs ainsi qu'un assureur sont victimes de cette opération. Simo alourdit davantage son dossier. Ce n'est pourtant que le commencement. Racolage et agressio Le mis en cause avouera aussi qu'il a agressé et volé les sacs à main de deux jeunes filles à Ain Diab, à hauteur de l'hôtel Suisse. Avec l'un de ses copains, à bord de la Kia volée, ils ont fait croire aux filles qu'ils comptaient passer une belle soirée. Une fois dans la voiture, ils ont sorti les couteaux et ont jeté les occupantes de la voiture après leur avait tout pris. L'affaire est récente. Elle date du 9 septembre 2006. Mais les clés et l'attestation d'assurance retrouvées dans la Kia posent toujours problème. Simo avouera qu'il a opéré deux vols avec effraction dans une résidence. L'adresse, mentionnée sur la vignette d'assurance au nom d'une Keltoum Ouhaddou, indique une résidence "Sofia 2" sur le boulevard Mohammed V à Belvédère. Contact a été pris avec les habitants de l'appartement. Le mari déclare qu'en effet, le 13 juillet, son appartement a fait l'objet d'un vol avec effraction. Un magnétoscope, une play-station, des vêtements et une montre de valeur, cinq bracelets en or, des bouteilles de parfum, une valise ainsi que deux trousseaux de clés ont disparu de la maison. La plainte a été déposée à l'arrondissement 31 de Belvédère. Simo a avoué deux autres vols avec effraction dans la même résidence, en plus d'un autre opéré dans la maison de sa tante à Hay Hassani. Le butin de ces opérations était écoulé à Souk Ennajd à Derb Ghallef ou à Souk Ould Mina à Hay Hassani. Les receleurs, au nombre de trois, ont été arrêtés à leur tour. Pour le vol de la voiture Kia, Simo dira qu'effectivement, ce matin du mois de juin, il a agressé Ilham qu'il a observée pendant plusieurs jours. Il a volé la voiture pour passer des vacances comme il en rêvait. Youssef, Simo et trois receleurs ont été présentés devant la Cour d'appel de Casablanca pour vol qualifié provenant de crimes, vol avec violence et menace à l'arme blanche, violence, vol de voiture, faux et usage de faux, récidive, non assistance à personne en péril, détention et consommation de stupéfiants, escroquerie et émission de chèques sans provision. Juste de quoi être mis à l'ombre pendant une longue période. Trafic de psychotropes Saisie de 1500 Rivotril Trois délinquants ont été arrêtés à Derb Chorfa de Casablanca en flagrant délit de vente de comprimés psychotropes (karkoubi). Ils étaient en possession de 1500 comprimés de drogue (Rivotril), une subtance dangereuse qui provient frauduleusement des frontières avec l'Algérie. Karim, Khalid et Rachid, trois repris de justice, ont été coincés par la police judiciaire. Ils livraient leur poison. A noter que les jours à venir connaîtront une intense activité de trafic de drogues et de barbituriques à l'approche du mois de Ramadan vu la forte demande. L'année dernière, des milliers de comprimés ont été saisis par les différentes brigades de la police judiciaire de Casablanca. Au niveau du Maroc, les quantités saisies en pareille période doivent être colossales. Nous reviendrons dans nos prochaines éditions sur d'amples détails quant à ce phénomène déstructeur.