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Interview exclusive : Le député britannique George GALLOWAY Confirme son soutien à la marocanité du Sahara : "Il n'y a plus de place pour les petites entités"
La Gazette Du Maroc : Que pensez-vous des relations futures entre le Liban et Israël, ou plutôt entre ce dernier et le Hizbollah. Une autre guerre serait-elle envisageable ? George GALLOWAY: En fait, il y a trois possibilités, la première est qu'Israël va vivre un véritable moment de vérité au cours duquel cet état va se rendre compte de sa vulnérabilité. Le mythe selon lequel Israël est invincible n'est plus, et il est impossible qu'il renaisse. On ne peut perdre sa virginité deux fois. Là il lui faudra marquer un arrêt pour remanier ses cartes. Ceci est une possibilité. D'un autre côté, le choix des armes reste présent ; et enfin l'option la plus probable reste celle d'un statu quo de non guerre et non paix (no war and no peace). C'est une question de vie ou de mort pour les deux parties, une question d'existence qui ne peut se régler facilement, vu comment se présente la situation. Je pense que le Hizbollah continuera d'opérer au sud Liban alors qu'Israël continuera ses brèves incursions de temps en temps pour marquer sa présence. Croyez-vous que la participation des forces armées britanniques aux efforts déployés par les Américains dans ce qu'ils appellent la " guerre au terrorisme " a eu un impact négatif sur la popularité du premier ministre Tony Blair ? Absolument, et il l'a dit lui-même. Il est clair que sa politique extérieure et sa relation avec Georges Bush lui ont causé beaucoup de désagréments et ont nuit à sa carrière politique. Voyez-vous, l'économie anglaise se porte très bien, la société civile britannique est actuellement mieux qu'elle ne l'était il y a quelques années, et pourtant le premier ministre est sur le point de tomber. C'est un réel paradoxe qui ne peut s'expliquer que par sa politique externe, et d'ailleurs comme je l'ai dit, Blair l'avoue lui-même. D'un autre côté, moi et les personnes qui m'ont aidé, sommes fiers d'avoir joué un rôle considérable dans sa chute. Nous avons œuvré à rendre sa politique extérieure impopulaire, au point de le briser entre le marteau de la résistance (irakienne) et l'enclume de l'opposition et des mouvements anti-guerre en Grande-Bretagne. Dans moins d'un an, Tony Blair va démissionner de son poste de premier ministre, avez-vous l'intention de le poursuivre en justice pour " crimes de guerre " ? Ca n'est pas vraiment possible, et nous en avons déjà discuté auparavant. En tant que tactique ponctuelle, il est correct d'envisager cette option, mais en réalité le premier ministre est prémuni contre ce genre de poursuite judiciaire. Je ne pense pas que nous verrons de sitôt messieurs Blair et BUSH en prison, bien que c'est l'endroit qui leur convient le mieux. La maison blanche a avancé des propos selon lesquels vous auriez bénéficié financièrement de votre relation avec le président déchu Saddam Hussein, comment répondez vous à ces accusations? J'ai déjà répondu à ces déclarations non fondées, et ai demandé à l'administration Bush, il y a plus d'un an, de présenter des preuves à l'appui de leur thèse ou de se taire. N'ayant d'autre choix, ils ont choisi de se taire. Saddam Hussein ne m'a rien donné, mais les journaux qui ont faussement affirmé le contraire m'ont, eux, donné beaucoup, al hamdulillah. Quel est le secret de votre ferveur à défendre les causes arabes, est-ce dû à votre croyance religieuse ou à des valeurs humanistiques, bien que les deux se rencontrent ? It's Qismat (le destin)! Vous savez, il y a trente et un ans auparavant, en 1975, par chance, un jeune palestinien est venu à la porte du siège du parti des travaillistes (Labor party) et a demandé à parler aux responsables du parti à propos de la Palestine. Je lui ai alors expliqué qu'il n'y avait pas de responsables en ce moment, mais qu'il pouvait se confier à moi afin que je fleur asse parvenir son message, j'étais âgé de 21 ans. Il s‘est alors assis durant deux heures et m'a étonné par les propos qu'il a tenus au sujet de la cause palestinienne. A la fin de ces deux heures, je me suis engagé dans cette cause comme membre de la résistance palestinienne, jusqu'à ce jour. Au cours de mon combat pour cette cause, je suis entré sur le territoire libanais en 1977, j'y ai vécu plusieurs mois avec feu Yasser ARAFAT et les membres de l'organisation Fatah, dans l'un des districts de Beyrouth. A travers la cause palestinienne, je me suis engagé dans d'autres dossiers relatifs au monde arabe. Le seul pays que je n'avais jamais visité avant 1994 est l'Irak, et la cause est que j'y aurais été arrêté pour mon implication et accointance avec l'opposition irakienne à Londres (l'opposition au régime de Saddam). En 1994, bien qu'étant encore contre le régime de Saddam, j'étais encore plus contre le fait d'affamer le peuple irakien, c'est alors que j'ai commencé une longue lutte contre les sanctions imposées à l'Irak. Aujourd'hui l'Irak est dans mon sang, croyez moi, je vois ce pays même dans mes songes (rêves), je n' y suis pas allé depuis 2002 mais l'Irak est continuellement présent dans mes esprits. Que pensez-vous des récentes déclarations du pape Benoît XVI au sujet de l'Islam et du prophète Mohammed que la paix et le salut soient sur lui ? En fait j'en ai entendu parler sur Al Jazeera mais je n'ai pas eu l'occasion de comprendre la teneur exacte de ses propos, car les commentaires étaient en arabe ! Le pape, s'exprimant devant un parterre d'universitaires et de chercheurs à l'université de Ratisbonne, en Allemagne, a avancé la thèse selon laquelle le prophète de l'Islam n'a apporté que " des choses mauvaises et inhumaines " citant un théologien allemand d'origine libanaise Théodore KHOURY ! Si ces propos sont tels que vous les décrivez, ceci est très mauvais. J'avais d'ailleurs le pressentiment que ce pape ne serait pas à la hauteur du précédent pape Jean Paul II ! et ceci confirme mon pressentiment. C'est une absurdité contre historique, et une offense. Je pense que le pape n'a d'autre choix que de retirer ses paroles, et j'espère qu'il le fera pour le bien et l'harmonie entre les grandes religions. BVous pensez que ces propos peuvent engendrer des tensions, un conflit ou d'autres formes d'exactions entre les fidèles des deux religions ? J'espère bien que non, parce que le pape Jean Paul II, que Dieu ait son âme, a joué un rôle mémorable dans la lutte contre la guerre en Irak, aussi bien que dans d'autres causes pour le bien des faibles contre les puissants, je souhaite donc que ces efforts ne soient pas annihilés par ce qui se passe aujourd'hui. Quant à ce pape, qui, je vous le rappelle, est un ancien nazi, je ne puis dire qu'une chose à son encontre, il commence très mal son pontificat. Vous avez certainement entendu parler du conflit du Sahara, entre le Maroc et l'Algérie, comment pensez vous que le Maroc et l'Algérie peuvent trouver une issue à ce problème ? Je suis du côté du Maroc sur ce dossier, et je l'ai toujours été. Je pense que le problème qui se pose aujourd'hui, est le fait d'avoir trop de pays arabes. On a besoin de moins de pays arabes, et d'une union réelle entre ces pays. Il ne faut pas chercher à balkaniser la région arabe plus qu'elle ne l'est. Je suis contre la partition du Maroc en deux régions ou pays. Je comprends en même temps la vision et la politique de l'Algérie, qui pense servir ses intérêts géostratégiques, j'étais dans le même camp qu'eux, mais ce camp n'est plus, et ces considérations géostratégiques n'existent plus. Cela fait un bout de temps que je n'ai pas cherché à me renseigner sur les derniers développements de ce dossier, je sais que les Nations Unies sont présents sur ce dossier, mais je ne sais pas très bien où en est la situation. Néanmoins, je pense que ce conflit devrait être réglé pacifiquement, pour ouvrir la voie à un réel grand Maghreb arabe. Il n'y a plus de place pour les petites entités, ce dont on a besoin c'est de pays arabes unis et solidaires. Monsieur Galloway, est-il vrai que vous vous êtes converti à l'Islam ? Je ne discute jamais de mes convictions, c'est entre moi et le Bon Dieu, je réponds toujours à ce genre de questions de la même manière…sourire. (Un instant plus tard monsieur Galloway sort un chapelet noir de sa poche et se met à tâter ses perles une par une à la façon des vieux maîtres soufis, sa barbe grisonnante et son sourire serein lui donnant un air religieux malgré lui). Que pouvez vous nous dire sur le futur de la communauté musulmane d'Angleterre ? En Grande-bretagne, nous avons deux millions de musulmans, aussi, nous avons pu créer une certaine harmonie entre les différentes communautés, musulmanes d'un côté et le reste de la société anglaise d'un autre. Nous avons aussi un mouvement unifié anti-guerre auquel participent des citoyens de plusieurs confessions. Les musulmans en Grande-Bretagne ont beaucoup plus d'influence et de pouvoir qu'en France par exemple, bien que les musulmans de France soient quatre fois plus nombreux. Hélas cette harmonie a été fortement ébranlée par les événements de juillet 2005, ceux qui sont arrivés deux semaines après, et enfin l'incident qui vient d'être évité (les attentats éventuels contre les lignes aériennes reliant l'Angleterre à l'Amérique) s'ils s'avèrent vrais, je dis bien s'ils s'avèrent vrais. On ne peut nier qu'il y a certains jeunes musulmans égarés et marginalisés qui essayent de faire du mal à autrui par conviction (religieuse). Ce qui est impardonnable, du fait que ces vols, auraient pu avoir n'importe qui à bord, moi-même ou n'importe quel innocent, enfants ou adultes, pères et mères. Des personnes qui n'ont commis aucun tort, envers qui que se soit. Politiquement, c'est stupide, ces agissements impardonnables ne font que renforcer les camps de BUSH, BLAIR et autres personnes qui haïssent l'Islam. Je dis toujours qu'avec la raison et l'action politique, nous sommes l'antidote et le remède à des maux tels que ceux décrits avant. Je dis aussi à ces jeunes musulmans qui se sentent marginalisés, qu'ils ne doivent pas répondre à l'appel enchanteur des sirènes (de la violence). Tout acte moralement inacceptable et politiquement stupide doit être évité. Il faut faire attention à ne pas faire du mal, par là même, où l'on croyait faire du bien à notre cause.