Le gouvernement a opté pour une série de mesures d'accompagnement visant à atténuer l'impact de la majoration des prix du gasoil largement consommé par les producteurs agricoles et risquant d'affecter la rentabilité et la compétitivité du secteur. Mohand Laenser a dévoilé, le mardi 5 septembre, les mesures spécifiques arrêtées par son Département privilégiant la politique des subventions indirectes d'appui à la modernisation de l'agriculture. C'est un ministre de l'agriculture, du développement rural et des pêches maritimes très attendu qui est monté au créneau pour faire face à la grogne grandissante qui s'est emparée de franges importantes de la société marocaine, professionnels et consommateurs confondus, suite au «choc» des augmentations du carburant du 2 septembre courant, la troisième décrétée en quelques mois seulement dans le Royaume. «Nous avons décidé de privilégier des mesures de subventions indirectes aptes à appuyer la mise à niveau du secteur primaire et la modernisation de ses outils et moyens de production afin de garantir des solutions pérennes aux fellahs que nous avons préférées aux palliatifs de l'indexation», a expliqué, d'emblée, le leader de la Mouvance populaire. Le responsable gouvernemental, tout en affirmant «garder le moral» face aux impondérables, s'est appliqué à énumérer les mesures spécifiques intéressant la réduction des taux d'intérêt des crédits agricoles, le renforcement du soutien financier à l'économie de l'eau en modernisant les équipements des systèmes d'irrigation, la révision des prix des engrais phosphatés et l'appui au développement à la mécanisation agricole. Le CAM à la rescousse Le bras armé du département gouvernemental de tutelle, le groupe Crédit agricole marocain (CAM), est sur le pas de charge pour réduire les taux d'intérêt qui seront revus à la baisse pour être ramenés à 5,5% sur les crédits d'investissement et à 5% sur les prêts de campagne. «Cette réduction permettra de rapprocher les conditions de financement de l'agriculture de celle des autres secteurs sociaux», assurent les responsables, tout en élargissant l'éventail des opportunités d'extension du portefeuille clientèle de la banque. Un portefeuille qui, rappelons-le, a été «comprimé» suite aux endettements d'agriculteurs dans l'incapacité de rembourser et les mesures de «grâce» prises dans le cadre de l'opération de suppression de la dette des 100 000 fellahs. Sur ce chapitre, la nouvelle stratégie du Crédit agricole annoncée par son président Tariq Sijilmassi a déployé une «batterie» de nouveaux produits et services visant la promotion du monde rural et la modernisation du secteur agricole inspirés de la philosophie incitant à considérer «la sécheresse comme n'étant pas une fatalité». Les nouveaux produits de financement mis à la disposition des agriculteurs caressent l'ambition de relancer les investissements orientés sur la mise à niveau du secteur primaire dans le Royaume. Cet effort du CAM est d'autant plus louable que le «Banque verte» est la seule institution nationale véritablement impliquée dans le développement du secteur en prenant en charge plus de 95% de ses opportunités de financement, un secteur qui, hélas, souffre toujours de la «frilosité» des autres banques du Royaume hésitant à s'engager en «zone à risque». Au chapitre de l'économie en eau, les taux de subventions aux équipements des exploitations d'irrigation économes ont été relevés à 60% contre la fourchette de 30 à 40% jusqu'ici en vigueur. En outre, a assuré Laenser, ce soutien financier sera généralisé à l'ensemble des bassins hydrauliques et des expériences d'équipement collectif de grands périmètres seront également stimulés. Enfin, au volet de la mécanisation, le soutien aux matériel au matériel agricole (tracteurs, moissonneuses batteuses…) varient entre 35% et 60% avec un plafonnement pour les tracteurs arrêtés à 90 000 DH au lieu de 60 000 DH à 75 000 DH actuellement. Campagne agricole Une commercialisation satisfaisante e bilan de la campagne agricole 2005-2006 affiche un net regain de production céréalière qui avoisine les 89 millions de quintaux en hausse de 114% comparée à la campagne précédente et en progression de 49% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. « Ces résultats ont eu des impacts positifs sur les revenus des agriculteurs, la croissance du secteur primaire et de l'économie nationale dans son ensemble », a expliqué le ministre Mohand Laenser. Ces performances ont été appuyées par les mesures arrêtées par le gouvernement visant une commercialisation satisfaisante de la récolte céréalière qui a intéressé, au premier chef, l'amélioration du régime de vente du blé tendre et le maintien d'une protection appropriée couvrant l'ensemble de la période de collecte et d'écoulement de la production nationale. Les mesures spécifiques mises en œuvre dans ce cadre se sont traduites par la généralisation de l'octroi de la prime de stockage à l'ensemble des organismes conservant le blé tendre, et l'instauration d'un système d'appels d'offres en matière d'approvisionnement des minotiers pour la fabrication des farines subventionnées. En attendant les résultats définitifs de la collecte qui s'achève à la fin du mois courant, plus de 18 millions de quintaux de blé tendre ont été commercialisés à fin août 2006 en progression de 65% à la moyenne quinquennale et de 46% comparé à la campagne précédente. Ces données sont mêmes supérieures de 33% sur une base comparable avec la récolte record enregistrée en 1996. Les avantages procurés par le nouveau régime de commercialisation se déclinent, selon les explications avancées par les responsables du ministère de tutelle, par « le découplage entre le soutien de la commercialisation du blé tendre et la gestion des compensations des farines, l'incitation des opérateurs à dynamiser la collecte de la production nationale de blé tendre et une meilleure valorisation de la qualité de cette production ». On peut ajouter au chapitre des avantages l'utilisation optimale des capacités de stockage couvrant la totalité de l'espace territorial national ainsi que la préparation des opérateurs économiques à être en mesure d'affronter la concurrence suscitée par la libéralisation progressive des échanges. Au volet des prévisions, les mesures annoncées pour la campagne agricole 2006-2007 citons, en matière de semences céréalières, le soutien de l'Etat à raison de 100 DH par quintal des trois espèces céréalières (blé tendre, blé dur et orge). Un soutien qui coûtera près de 80 millions DH à la puissance publique auxquels viennent se greffer les 10 millions DH au titre des frais de stockage. En outre, le recours des analyses au sol concernant les engrais, les aides octroyées prendront en charge 50% du coût de l'opération. S'agissant de la gestion des risques, l'Etat s'engage à poursuivre son programme de garantie de la production céréalière contre les effets de la sécheresses sur une superficie de 300 000 hectares en mobilisant une enveloppe d'indemnisation des agriculteurs en difficulté estimée à 120 millions DH. La politique des aides publiques s'étend, aussi, aux actions de développement de l'arboriculture fruitière et aux cultures d'exportation. Sons également ciblées la gestion de l'eau par l'irrigation, l'intensification et la sécurisation des productions animales.