Sur un îlot rocheux au bord de l'océan, se dresse la koubba du Marabout Sidi Abderrahmane, dont l'histoire est quasi inconnue. C'est pourtant un des lieux les plus fréquentés de la ville. Cette curieuse et minuscule île est séparée de la côte à marée haute par un petit bras de mer. Des familles entières y habitent et vivent grâce à des femmes qui lisent l'avenir dans les lignes de la main ou dans du métal. Celles-ci prédisent le bonheur, jamais le malheur ! Et promettent à coups de gris-gris et de rituels époux riches et affectueux. Pourquoi pas ? Mais cette presqu'île est aussi une sorte de paradis mythique. Elle est considérée comme un lieu d'hospitalisation pour les gens atteints de maladies telles que, la malchance, l'impuissance, l'envoûtement, le mauvais œil, la folie… Sidi Abderrahman a vécu au XIXème siècle mais son histoire est peu connue. Selon certains, cet homme originaire de Bagdad aurait échoué sur son île après une longue errance. Selon d'autres, analphabète, il désespérait de ne pouvoir mémoriser les versets du Coran. Pieux et solitaire, il aimait la mer, marchait toujours pieds nus parcourant les plages, contemplant l'océan et priant Dieu. Le jour où il découvrit le rocher qui porte son nom aujourd'hui, il s'y serait retiré pour louer Dieu à l'aide de sa flûte, un simple pipeau. Il décida d'y mener une vie d'ermite, loin d'un monde trop cruel pour un saint homme. C'est ainsi qu'il vécut sur son île, priant jour et nuit. La légende raconte que Sidi Abderrahmane avait la faculté de marcher sur l'eau. Il pouvait ainsi voyager à travers des mondes accessibles à lui seul. Ayant entendu parler de ses facultés extraordinaires, des gens de toutes parts, vinrent lui rendre visite. Il fut si généreux et serviable, qu'on décida de lui bâtir une maison sur son île. Le saint homme refusa d'y loger, préférant dormir à la belle étoile. Amoureux de la nature, il refusait de couper tout contact avec elle. Dès lors, sa demeure devint une maison d'accueil pour tous les pèlerins. Sidi Abderrahmane mena une vie d'ascète et de recueillement. Il refusait le luxe. Après sa mort, le nombre des pèlerins se multiplia. Des maisons furent construites aux abords du mausolée. Il fut sanctifié, au temps du protectorat, par Mohammed V.