Oui, le Maroc est paré pour faire victorieusement face à toute menace terroriste de l'intérieur ou de l'extérieur. Mais le bon sens indique d'accroître la vigilance, l'efficacité préventive et la célérité d'intervention des services pour réduire à néant le risque dans un Royaume aspirant à être parfaitement maître du jeu anti-terroriste. C'est en substance l'engagement renouvelé par le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa qui dévoila la nouvelle stratégie du Royaume en la matière. Jeudi 31 août au siège du ministère de l'Intérieur. L'attente est prolongée avant l'arrivée d'un ministre très attendu par les médias nationaux et internationaux. Salle comble, normal puisque le sujet est dramatique et tient tout le monde en haleine. Finalement, Chakib Benmoussa prend possession du pupitre pour livrer les derniers développements qui ont secoué le démantèlement du réseau «Ansar Al Mahdi». Ce fut un Chakib Benmoussa que nous découvrions sous son image d'homme sobre, d'une courtoisie peu commune, excellent dans les langues de Molière et d'Ibn Khaldoun, mais maîtrisant aussi l'anglais et l'espagnol. Un ministre d'une sérénité inébranlable et d'un calme olympien, abordant les sujets les plus épineux pouvant inspirer des inquiétudes ou prêter à la panique, sur un ton égal à lui-même et avec la même assurance de maîtrise parfaite du dossier. Pour ceux qui ont approché ce Fassi et son entourage, savent qu'ils sont connus pour leur grande humilité et leur fibre solidaire et citoyenne des patriotes marocains qui ont voué corps et âme à leur pays. Mais de mémoire, jamais ministre de l'Intérieur ne semblait aussi à l'aise dans l'expression linguistique et les réponses millimétrées aux questions, que celui-ci. Sa personnalité dégage de la transparence et un air de sincérité qui ne trompe pas. Enfin, il n'y a pas plus fervent défenseur de projet d'une société démocratique et moderniste que Benmoussa. Les quatre axes de la stratégie Benmoussa Le même jour, le ministre de l'Intérieur a présenté un exposé succinct, lors du premier conseil de gouvernement de la rentrée, ce qui prouve à l'évidence, que Chakib Benmoussa reste maître de la stratégie de lutte anti-terroriste, en collaboration étroite avec le ministre délégué Fouad Ali Al Himma et les principaux chefs des divers services de sécurité, les généraux commandant de la gendarmerie royale Housni Benslimane et de la Sûreté nationale Hamidou Laânigri, et les patrons de la DGED Yassine Mansouri et de la DST Abdellatif Hammouchi. Et c'est en termes clairs qu'il a dévoilé cette stratégie anti-terroriste en quatre axes principaux et prioritaires : restructuration des services et appareils sécuritaires, combler le vide législatif en matière de lutte anti-terroriste, renforcer la coopération internationale et consolider les mesures préventives. Cette nouvelle «feuille de route» anti-terroriste, a emporté l'assentiment de Driss Jettou et de son équipe, qui ont soutenu cette stratégie et assuré que les moyens nécessaires seront mis à disposition, tant matériels, qu'humains et financiers, pour extirper définitivement les racines du mal de la société marocaine. Un mal, dont on vient de mesurer toute la gravité, avec le démantèlement d'un dangereux réseau et l'arrestation de 56 membres qui opéraient dans des cellules établies dans plusieurs villes du pays, trois femmes, dont deux épouses de pilotes de la RAM, ont été neutralisées dernièrement et une quatrième, 24 heures plus tard. L'enquête a établi qu'elles avaient des relations avec la veuve de Karim Mejjati, ancien membre du réseau d'Al Qaïda, abattu en Arabie Saoudite en 2005. Selon les mêmes sources, ces femmes étaient disposées à contribuer au financement du réseau terroriste et à opérer des attentats-suicides en Irak et en Palestine. Chakib Benmoussa a dévoilé la stratégie de lutte contre le terrorisme, dont les principaux axes consistent en la restructuration des services de sécurité, l'intensification de la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme, combler le vide législatif en la matière et la consolidation des mesures préventives. Constat nouveau: le terrorisme n'est plus une affaire exclusive de pauvres pour leur embrigadement et ce même terrorisme infiltre désormais les diverses couches socioprofessionnelles de la société, y compris celles nanties. Mais avec maestria, nos forces de sûreté ont réussi à éviter l'irréparable, en démasquant les desseins barbares du réseau «Ansar Al Mahdi», dont la stratégie de formation des membres obéissait à trois étapes : endoctrinement religieux (ce réseau disposait d'une école coranique à salé à cette fin), jihad en Irak et actes terroristes au Maroc. Des dizaines de cellules d'activistes démantelées Selon des déclarations de spécialistes, ces femmes, dont deux épouses de pilotes de la RAM, étaient sur le point de«soutenir financièrement et moralement» les terroristes marocains. Aussitôt, tous les aéroports du Royaume sont soumis à un régime draconien de sécurité renforcée. Le durcissement des contrôles à l'accès dans les enceintes aéroportuaires, se traduit par la mise en place d'un nouveau réglement qui exclut tout «traitement VIP» et tous les passagers doivent suivre le même circuit et subir les mêmes surveillances et vérifications. Depuis les attentats-suicides du 16 mai 2003 à Casablanca, qui avaient fait 45 morts et de nombreux blessés, les services de sécurité ont réussi à démanteler plus d'une cinquantaine de cellules d'activistes terroristes, liées aux filières d'Assirat Al Moustakim, Al Hijra wa Takfir et la Salafiya Jihadia à travers le GICM (Groupe islamique combattant marocain), dont les liens avec Al Qaïda n'ont jamais été démentis. En mai dernier, plusieurs dizaines de cellules fortes de 2000 hommes, projetant des attentats au nom d'Al Qaïda, ont été neutralisées. Plusieurs autres présumés terroristes ont été arrêtés dans le Nord, en raison de leurs liens supposés, avec les auteurs des attentats de Madrid en mars 2004. Le mot de la fin pour le ministre de l'Intérieur : «face au danger terroriste qui menace le pays, le Maroc est apte à y faire face et déterminé à le mettre en échec, avec tous les moyens requis et nécessaires, dans le strict respect des lois en vigueur et des droits de l'homme inhérents à notre projet de société démocratique et moderne si chère au Souverain».