La visite du Président Poutine, cette semaine dans le Royaume, s'inscrit dans les bonnes règles d'une tradition de coopération bilatérale, qui s'est toujours renforcée, en faisant abstraction de tous les clivages idéologiques et autres politiques supposées antinomiques, qui entraveraient le rapprochement entre les deux pays. Mieux encore, et l'on se rappelle bien la signature du « contrat du siècle » avec l'ex-URSS au temps du règne de feu Hassan II. Le Maroc avait étonné toutes les chancelleries du monde, en diversifiant son référentiel des partenariats noués avantageusement avec les deux anciens blocs occidental et pro soviétique. Ces considérants, privilégiant des formes diversifiées et équilibrées d'échanges avec les grandes nations de la planète, a montré, à quel point le Royaume était sage dans ses choix à l'heure où les clivages idéologiques ont disparu et que le libéralisme a conquis la quasi totalité du globe. Et c'est pour perpétuer cette tradition d'équilibre dans les relations avec les grandes nations de ce monde, que Sa Majesté le Roi s'apprête à accueillir le président de la fédération de Russie, qui a favorablement répondu à l'invitation Royale. Si bien, qu'au-delà des règnes qui se suivent, la constance du Maroc dans sa philosophie globale et différenciée de coopération bilatérale, maintient solidement le cap. Un cap d'équilibre entre les intérêts mis en jeu dans la région maghrébine, où l'Algérie était, jusqu'ici, toujours donnée comme l'allié exclusif et le partenaire privilégié des anciens Bolcheviks. Ce qui a, de nouveau, raviver les craintes dans le monde libre, face à une recrudescence des intérêts politiques et économiques, que manifeste un Maghreb arabe plus ouvert à la diplomatie de charme, exercée à son encontre, par l'ancienne superpuissance militaire mondiale. En fait, les Européens et Américains se sont leurrés dans leur conception étroite d'une région et de pays en Afrique du Nord, constituant une sorte de «chasse gardée». S'accaparant les grasses opportunités gazières et financières de marchés qui leur semblaient facilement acquis, et sonnant l'hallali dès que cette «plate-bande» est «piétinée», comme le démontrent les réactions angoissées de Gaz de France et du groupe Suez après l'accord entériné entre le russe Gazprom et la toute puissante SONATRACH algérienne. Et si les Cassandre sont vite allés en besogne en criant à la «guerre de l'énergie» dans cette région, des esprits au bon sens, plus mesurés, ont juré toute leur bonne foi pour pronostiquer une visite de Poutine au Maroc, à même d'aboutir à des résultats «considérables et significatifs». Mieux encore, le Royaume joue à fond la carte transparente de la mondialisation, en multipliant ses relations avec divers partenaires, sur la base des «intérêts réciproques bien compris», en se gardant de prendre position ou parti dans les conflits d'intérêts entre les grands de la planète. D'ailleurs, le Maroc est resté fidèle à cette politique d'une diplomatie économique diversifiée, en ouvrant les grands chantiers de ses infrastructures à des entreprises et investisseurs venant des quatre coins du globe. Des entreprises turques dans les autoroutes, des Chinois dans les barrages et les tunnels, des européens de toutes les nationalités dans divers projets routiers et de BTP, des Américains dans l'industrie … Et cette tendance structurelle de notre diplomatie économique s'ouvre, à nouveau, aux investisseurs et entreprises russes, intéressés par les grands projets de développement et d'infrastructures dans notre pays. Cette nouvelle donne est d'autant plus corroborée dans la logique suivie par le Royaume, que la Russie a retrouvé sa place parmi les grands, en complétant récemment l'effectif du G8 qui a tenu ses travaux à Saint Petersbourg. Mais bien avant cette régénérescence de la puissance slave au sein du concert dominant des nations les plus riches du globe, le Maroc s'est toujours appliqué à se montrer digne de respect et d'admiration, en préservant et en consolidant ses relations politiques et ses échanges économiques, avec une Russie quelles que furent les situations de crise ou d'incertitude traversées par le pays de Poutine. Et c'est donner raison à cette politique de constance et d'équilibre, que vient appuyer la magistrature suprême de l'Etat chef de file de l'ancien Pacte de Varsovie, en visite d'amitié et de travail dans nos murs. Pour deux raisons, au moins, qui émergent du lot : consolider la position de la Russie dans la région de l'Afrique du Nord en promouvant un partenariat fort et durable avec le Maroc d'une part, et en incitant les investisseurs et hommes d'affaires du pays de Lénine à se positionner, dès maintenant, sur un marché marocain porteur, d'autre part. Séduits que sont nos amis russes de la stabilité remarquable de notre pays et du succès de politique de libéralisation en cours. Et ce n'est guère peu dire, qu'au menu des entretiens entre les deux chefs d'Etat, figurent déjà en bonne place des projets d'accords intéressant des domaines aussi variés que les télécommunications, l'énergie, les infrastructures, le transfert des technologies, les marchés financiers, les banques et autres domaines jugés sensiblement porteurs par nos partenaires. Et les analystes politiciens devraient bien varier leurs refrains, en trouvant des formules de substitutions plus crédibles aux éternelles visées d'influence politique pour contrecarrer le regain d'influence des USA en Algérie et, plus récemment encore, en Libye. En fait, et il faut bien se rendre à l'évidence, le partenariat entre le Maroc et la Russie, est un partenariat «gagnant-gagnant» sans arrière-pensée ni conditionnalité politique ou idéologique d'aucune sorte. En réalité, ce sont deux pays qui veulent nouer et développer des relations pragmatiques et être utiles l'un à l'autre dans le respect des équilibres et de l'indépendance politique et économique réciproque.