Le secteur du transport international routier de voyageurs dûment constitué de 33 sociétés est attaqué par des opérateurs qui opèrent dans l'informel. Ces derniers s'accapareraient de plus de 50 % des parts de marchés durant la haute saison, l'été. La concurrence est surtout vive sur l'axe Maroc-France et Maroc-Espagne. Pour freiner la concurrence déloyale, les sociétés marocaines autorisées ont développé des pools avec leurs homologues européennes. Selon les Transports routiers, le parc marocain affecté au transport international routier de voyageurs est constitué de 363 autocars. «C'est un parc qui correspond au besoin de ce marché. Il peut être qualifié d'optimal», explique Mohamed El Metioui des Transports routiers. Les lignes autorisées à faire l'international, c'est-à-dire les trajets entre le Maroc et les principaux pays européens, sont de 190 au total. Elles sont nombreuses selon l'importance des liens économiques entre le Maroc et la destination du pays européen mais aussi de la communauté marocaine qui y est établie. Ainsi, et de loin, on trouve en tête la France avec 139 lignes autorisées. L'Espagne arrive en deuxième position avec 25 lignes, suivie de l'Italie (9 lignes), la Belgique (7), la Hollande (6), l'Allemagne (2) et la Suisse (2). À titre d'illustration, sur chaque ligne, est affecté au moins un autocar. Ces lignes autorisées sont exploitées par 33 sociétés de transport, généralement fruit du partenariat entre des transporteurs marocains et leurs homologues européens. Ceci étant, savoir comment fonctionne le transport international routier de voyageurs au Maroc est important pour comprendre la suite. Il faut reconnaître une réalité sur ce marché qui intéresse plus d'un opérateur. C'est, avant tout, un marché qui est saisonnier. Il explose en période estivale avec le retour massif des Marocains résidents à l'étranger (MRE) qui viennent passer leurs vacances au pays. Durant cette période, la concurrence est très vive, surtout sur l'axe Maroc-France ou Maroc-Espagne. «Durant l'Opération transit, le dédoublement des fréquences est octroyé aux sociétés marocaines et leurs partenaires européennes pour le renforcement de leurs parcs», poursuit Mohamed El Metioui. On estime à 12 % cette branche de transport dans l'activité du numéro un national du secteur qu'est la CTM. Cette dernière effectue plus de 80 destinations dans six pays européens, à savoir l'Espagne, la France, la Belgique, l'Italie, l'Allemagne et la Hollande. La particularité de ce marché, selon tous les intervenants, c'est qu'il brasse beaucoup d'argent qui fait ouvrir l'appétit à plus d'un transporteur. Quatre sociétés leaders On comprend bien alors pourquoi il fait l'objet de tant de convoitise entre, d'abord, les intervenants dûment autorisés, ensuite, de façon déloyale, entre ceux-ci et les opérateurs évoluant dans l'informel. En dépit de son importance pour l'économie nationale, toutes les sociétés opérant dans le secteur disent qu'il est impossible, à l'heure actuelle de quantifier son volume de ventes global. Et ce n'est pas tout. Impossible aussi de connaître avec exactitude, le nombre de personnes qu'il emploie. Il s'agit dans l'ordre d'importance de la CTM, de Supratours, de la Sat et de la Satas. Ces quatre sociétés leaders du secteur engrangent une bonne part du marché du transport international des voyageurs. «Le fait que nous soyons dans un secteur où le marché est saisonnier explique toute la difficulté de connaître avec précision les parts de marché des uns et des autres», rapporte Mohamed El Metioui de la Direction des Transports routiers. Selon Ettahiri Mouflih, responsable du transport à l'international de la CTM, celle-ci transporte en moyenne durant la haute saison vers l'international plus de 300.000 personnes par an. Si ce nombre est révélateur des opportunités à tirer de ce secteur depuis sa libéralisation, il n'en demeure pas moins que cela lui attire aussi des transporteurs opérant dans l'informel. Pourtant, pour le directeur des Transports routiers du Maroc, Queddour Belaïch, «il est impossible de traverser les frontières du Maroc vers l'Europe si une société de transport international de voyageurs n'est pas munie d'une autorisation en bonne et due forme». Ce qui reste à prouver eu égard à ce qui se passe réellement sur le terrain. En effet, nombreuses sont les sociétés qui opèrent carrément dans l'informel. Elles arrivent même à tenir la dragée haute à celles qui agissent dans la légalité. Les sociétés de transport international de voyageurs sans autorisation sont taxées de pirates ou occasionnelles. Leur razzia sur le secteur s'est surtout accentuée ces derniers temps. Selon un employé du troisième opérateur du secteur, Sat, que nous avons rencontré à la gare routière de Oulad Ziane, lieu où sont présents beaucoup d'autocars pour l'Europe, «le transport international routier de voyageurs est de plus en plus grignoté par l'informel. Pis encore, les transporteurs occasionnels sont même taxés d'accaparer plus de 50 % des parts de marché. Comment sont-il parvenus à pareille performance ? Leur technique est simple et payante. Ils tirent constamment les prix du marché vers le bas en pratiquant toutes les ruses possibles. S'ils n'agissent pas sur le facteur prix, ils s'arrangent sur le nombre de place». Ainsi, durant la haute saison, en été surtout, la variation des prix est légère entre le Maroc et les autres destinations européennes ; le prix vers la France est de 1200 dirhams. Durant l'hivers, la basse saison, les prix peuvent baisser jusqu'à 800 dirhams. Mais le creux de la vague est atteint en période du mois de Ramadan où le ticket de l'autocar vers la France peut atteindre les 500 dirhams. Comment freiner l'informel ? Les transporteurs occasionnels ou pirates, selon les qualificatifs qui les désignent, font du transport régulier sur plusieurs destinations du continent européen. L'Espagne et la France sont naturellement les destinations les plus visées. Pour stopper leur ardeur, les sociétés autorisées à exploiter ces lignes développent des partenariats avec leurs homologues en Europe sous forme de pool. «La plupart des sociétés autorisées ont eu l'ingénieuse idée de mettre en commun leur savoir-faire et leurs infrastructures afin d'assurer le transport entre les destinations concernées par l'accord», avance Mohamed El Metioui, des Transports routiers du Maroc. Aujourd'hui, les lignes qui sont les plus exploitées dans ce contexte pour sauvegarder ses intérêts sont celles qui lient le Maroc à la France, à l'Espagne et à la Belgique. On parle de l'ouverture imminente d'autres destinations vers l'Italie, l'Allemagne et le Portugal. En ce qui concerne, le cas du numéro 1 national dans le transport international, en l'occurrence la CTM, ce pôle est géré via un pool d'exploitation, constitué de plusieurs opérateurs. Pour le cas de la France, il s'agit d'un pool d'exploitation constitué par la CTM et Supratours du côté marocain et Eurolines France S.A. De même pour la Belgique, la CTM est en partenariat avec Eurolines Belgique (Epervier). L'intérêt de ces pools formés entre partenaires marocains et européens est de se partager un certain nombre de charges liées à la logistiques. Transports de voyageurs Ce qu'il faut avant de s'y lancer es transports de voyageurs effectués par les transporteurs professionnels entre le Maroc et les pays partenaires avec lesquels le Maroc a conclu un accord bilatéral en la matière sont soumis au régime de l'autorisation préalable. Les transports réguliers de voyageurs sont organisés d'un commun accord entre les autorités compétentes des parties contractantes. Lesdits autorités se communiquent les propositions qui leur sont adressées par les entreprises concernant l'organisation de ces transports. Ces propositions doivent comporter les renseignements suivants : . Dénomination du transporteur. . Période d'exploitation et fréquence. . Projet de tarif. . Schéma de l'itinéraire, . D'autres conditions particulières d'exploitation peuvent éventuellement être précisées. Après acceptation par les autorités compétentes des parties contractantes de ces propositions, chacune d'entre elles transmet à l'autre une autorisation valable pour le trajet sur le territoire de son pays. Les autorités compétentes délivrent les autorisations en principe sur la base de la réciprocité. Malgré tout, la CTM poursuit son effort i jusqu'en 2004 la CTM ne desservait qu'une soixantaine de villes européennes, actuellement elle peut se vanter de frôler la centaine. Pour réussir cette performance, elle a mis en place une infrastructure de premier plan, il y a plus de deux ans de cela à Casablanca. Cette infrastructure se traduit par la réalisation d'une plate-forme au niveau de la gare routière de la CTM qui jouxte l'hôtel Sheraton, destinée à accueillir les voyageurs pour les départs internationaux pendant la haute saison. Ces efforts menés par la CTM lui ont permis en 2004, en dépit de la concurrence déloyale du secteur informel, de réaliser un chiffre d'affaires de 75,2 millions de dirhams. C'est une progression de 6,52 %.