Le phénomène a fait la Une de plusieurs journaux, mais l'escroquerie continue de faire rage dans le milieu des hommes d'affaires dupes et habitués au gain facile et rapide. L'astuce a au moins huit ans d'âge et a fait beaucoup de victimes. Des subsahariens proposent des dollars prétendant être fils de Généraux ou de ministres tués pendant la guerre. L'Esplanade de la Mosquée Hassan II a été la scène de l'arrestation de deux escrocs. "Papa, je veux manger. Mon père a été tué pendant la guerre» ou «J'ai des liasses de dollars que mon père m'a laissées avant son exécution. J'en ai d'autres enfermées dans un coffre fort». C'est en ces termes que des subsahariens, de différentes nationalités, accostent des gens qu'ils ciblent auparavant. Ils montent une véritable surveillance et observent les comportements et l'entourage de leur victime avant d'opérer. Des hommes d'affaires, connus sur la place publique, ont été victimes de cette escroquerie et n'ont pu dévoiler l'affaire de peur d'être poursuivis à leur tour pour trafic de devises. Il y a un mois et demi, un commerçant de tapis au quartier Koréa a fait la connaissance d'un subsaharien du Libéria. Au début, c'était pour un verre d'eau, puis un morceau de pain. A chaque fois que le subsaharien revenait au magasin, le commerçant marocain lui donnait à manger. Il lui achetait même quelques effets vestimentaires. Un beau jour, le subsaharien, qui racontait toujours des histoires attirantes et attachantes sur la guerre dans son pays et sur les atrocité que vivent ses compatriotes, a tendu son portable au marchand de tapis. De l'autre côté des ondes, une voix féminine parlait. C'était la mère du jeune Libérien qui remerciait le commerçant pour tout ce qu'il faisait pour son fils et lui confiait qu'un coffre fort contenant des dollars allait arriver au Maroc par voie diplomatique. «C'est mon défunt mari, Général de l'armée, qui me l'a laissé avant son exécution. Je voudrais que vous en preniez soin et que vous aidiez mon fils à réaliser un projet au Maroc», dit-elle au téléphone. L'Esplanade de la Mosquée Quelques jours après, le coffret arrive. Il est identique à ceux qu'on trouve dans les chambres d'hôtels. Deux jours après, le subsaharien demande au commerçant marocain de lui avancer 40.000 DH. Sans hésiter, le marchand de tapis retire de sa caisse la somme demandée. Quelques jours après, le commerçant reçoit une communication du subsaharien qui lui demandait de donner 4.000 DH à deux de ses compatriotes qui allait passer le voir. Il devait régler un problème, dit-il, suite à son arrestation par la police. Le commerçant a commencé à douter et partit voir la police à laquelle il confia le coffre fort. Le rendez-vous avec les deux autres subsaharien a été reporté à deux reprises. La troisième fois, ils ont choisi comme lieu de rencontre l'Esplanade de la Mosquée Hassan II. La police était au rendez-vous et les deux escrocs ont été arrêtés. A l'ouverture du coffret, il y avait effectivement des liasses mais de simples morceaux de papier saupoudrés en noir. Il y avait du coton pharmaceutique et une petite bouteille contenant un soi-disant produit magique. L'auteur principal est toujours en cavale. Ses deux complices ont été déférés vendredi dernier, 19 mai, devant le Parquet général pour association de malfaiteurs et escroquerie. Mais l'affaire mérite une véritable campagne de sensibilisation des citoyens à ce phénomène qui dure depuis des années et continue de faire des dizaines de victimes.