Chaque soir après le dîner Je sors vers la vallée illuminée Répondant à l'appel de la lune Jusqu'à la disparition des étoiles une après une Je sillonne le site silencieux Charmé par une lumière bleue J'atterris sous un olivier Je chante des airs variés Qui ont pour sujet L'amour et ses secrets Le vent me murmure en caressant les branches Où est ta colombe blanche ? Je ne vois qu'une seule ombre Triste et sombre Je sens en toi un chagrin Qui dure depuis ce main L'arbre secoue la terre sous mes pieds Signe de colère signe de mépris Sans lutter, vivre est une honte Sans espoir, à quoi sert l'attente ?! Reviens plus seul dorénavant Sinon, appelles le bûcheron Je réponds avec un sourire Les jaloux l'ont fait fuir Et j'ai pas pu la retenir Je le dis et mon coeur s'arrache Et la terre s'agite Il n'y a que les lâches qui se cachent Je me relève avec un cri tel un tonnerre Priant les voix de se taire Je viens pour qu'on me réconforte Et vous faites saigner des blessures mortes Ma vie a tourné au drame Le chagrin est mon gendre, la peine est ma femme Je cherche un abri Je cherche l'oubli Je veux faire la paix avec mes démons Loin des regards, adossé à ce tronc Ces larmes que tu vois sur mes joues Ne sont ni celles d'un crocodile ni celles d'un fou Je suis aussi résistant qu'un roc Mais je suis loin d'être un roc Suis tel l'acier Plus il durcit plus il devient fragile Je suis comme toi l'olivier Je produis des mots, comme toi des fruits et des huiles Je ne vis pas que d'eau et soleil Je ne vis pas dans une horloge réglée J'aime, je souffre, intact est mon orgueil Un rocher n'est que dur et sans coeur Sauf entre les mains d'un sculpteur Une forme imaginée Des traits dessinés Meriem est une fille, une belle Sauf aux yeux et dans le coeur d'Abdel C'est une destinée Une terre jamais piétinée Une langue, un signe, un air Une brise, un souffle, un éclair Ne me donne pas de leçon T'es loin de cerner ce que je ressens Je veux faire la paix avec mes démons Ici, loin des regards, adossé à ce tronc.