La première question est la plus facile à répondre. Le mot "Internet" se rapporte habituellement au système international qui assure l'interconnexion entre plusieurs milliers de réseaux répartis à travers le monde. L'Internet est aussi un épiphénomène qui ne saurait être perçu de manière sensible, car il ne se limite pas à un espace et un temps précis. Finalement, personne ne porte la responsabilité de cette entreprise qui est le fruit d'une collaboration, et chacun des réseaux qui font partie de ce "réseau de réseaux" n'a à répondre que de ce qui relève de son propre fonctionnement. Personne ne fait d'argent dans la mesure où les services sont gratuits, comme le sont normalement ceux d'une bibliothèque publique. Naturellement, il existe des services commerciaux sur Internet comme on trouve des boutiques dans les musées, mais le musée en lui-même est gratuit. Il se peut que vous deviez payer pour avoir accès au service, mais les ressources sont mises à la disposition de la communauté. Personne ne contrôle le système. Lorsque Bill Gates parle de dominer l'Internet, il veut surtout s'assurer que la nouvelle version de Microsoft Windows sera considérée comme la meilleure manière pour les usagers de micro-ordinateurs d'avoir accès au réseau Internet. En d'autres termes, son but est de contrôler le principal moyen de transport qui mène les usagers jusqu'à la bibliothèque, et non de gérer celle-ci. La seconde question, celle de savoir ce qu'il convient de faire avec l'Internet, doit rester ouverte. Non parce que nous ignorons la manière d'utiliser le système, mais la variété de choses qu'on peut faire avec ce média augmente continuellement et ne peut donc être fixée de manière définitive. On sait que le réseau a recours à quatre types de communication : le courrier électronique, les groupes de discussion, l'action à distance et les transferts de fichiers. Ce qui signifie que l'on peut échanger des messages privés avec un ami, fonder un club électronique pour discuter de telle ou telle question particulière avec des gens disséminés à travers le monde, publier un journal électronique, organiser la lecture en groupe d'une oeuvre de Voltaire, avoir accès à d'autres ordinateurs et pouvoir en retirer des données sous toutes les formes possibles, des programmes librement échangés aux millions de registres bibliographiques, aux centaines de textes disponibles électroniquement (ceux de tous les grands philosophes), aux tableaux du Louvre, aux statistiques, à la musique et aux banques de données sur les sujets les plus divers. Il est d'ores et déjà possible d'effectuer sur Internet tout échange d'informations et toute manipulation de symboles, d'images ou de sons, de telle sorte que la télévision apparaîtra sans doute bientôt comme un simple épisode de l'âge de l'ordinateur.