Maintes fois annoncé et maintes fois reporté, le grand oral de Driss Benhima est toujours attendu. Le PDG de Royal Air Maroc passe aujourd'hui devant la Commission des finances du Parlement pour défendre le bilan de la compagnie. Il devra surtout mettre l'accent sur les objectifs du contrat-programme signé fin 2011. Une époque où la compagnie traversait une conjoncture marquée par des pertes sèches de 20 millions de DH par semaine dues au recul des activités et au renchérissement du prix du pétrole. La feuille de route signée par la compagnie est assortie d'un plan d'investissement de l'ordre de 9,3 milliards de DH sur la période 2011-2016. Ainsi, RAM qui naviguait à vue, il y a quelque temps encore, en pleine crise financière, arrive à sortir un peu la tête de l'eau. Pour l'exercice 2012, la compagnie a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 13 milliards de DH en hausse de 7,13%, pour un résultat d'exploitation de 718 millions de DH contre un déficit de près de 500 millions de DH, une année plus tôt. Les charges de la dette se sont établies à 201 millions de DH en baisse de -9%, malgré l'injection de 3 nouveaux emprunts avions en 2012. Pourtant, faute de charges encore importantes, le résultat net de la compagnie accuse encore un déficit de 43 millions de DH. Cependant, l'entreprise enregistre une importante amélioration puisque le déficit était de 1,7 milliard de DH l'année précédente. La situation devrait totalement s'inverser à la fin de cet exercice si l'on en croit les prévisions du management. « RAM va atteindre les équilibres financiers cette année puisque déjà, à fin février, les charges ont diminué de 5% avec un maintien du même niveau des recettes qu'en 2012 », confie un responsable. Cette performance est attribuée à la poursuite du recentrage dans son cœur de métier donc du processus d'externalisation notamment du catering (restauration à bord) et du handling (bagages). Pour ce dernier volet, une filiale, RAM Handling, a été créée en décembre 2012. Elle est dotée d'un capital de 38 millions de DH. Sa mission : réaliser des prestations d'assistance aux opérations sol (assistance aux passagers, traitement de bagages, assistance fret, nettoyage…). Toutefois, la compagnie n'a pas réduit la cadence de ses investissements bien au contraire. 1,5 milliard de DH a été débloqué l'année dernière, notamment pour l'acquisition de nouveaux avions. En parallèle, la compagnie a procédé au retrait de 10 avions pour réduire la moyenne d'âge pour se retrouver avec une flotte de 46 appareils. Résultat : la productivité a augmenté de 10,7 heures de vol par jour pour RAM et 7,5 heures de vol par jour pour RAM Express. Les immobilisations imprévues pour cause technique a également baissé de 64%. Cela a conduit à ce que le taux d'irégularités soit réduit de 49%. Le taux de ponctualité, lui, passe de 65% à 82% entre 2011 et 2012. En outre, l'un des principaux objectifs du contrat-programme a été la réduction des effectifs. A la fin de l'année, ce sont quelque 1.560 qui devraient bénéficier d'un départ volontaire, déjà que la compagnie a largement dépassé ses objectifs. Ils sont 1.974 à bénéficier de ce dispositif à la fin de l'exercice 2012. Cette cure d'amincissement a eu comme effet une réduction du ratio effectif par avion (voir illustration) qui est passé de 110 à 92 entre 2008 et 2012. Depuis, les choses se sont encore améliorées, puisque la compagnie compte actuellement 3.265 employés dont 38% de personnel navigant. Royal Air Maroc ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. La compagnie planche sur la préparation d'un plan de développement dans le cadre d'une vision stratégique étalée jusqu'en 2025 avec l'aide d'un cabinet international. Ilham BOUMNADE www.leconomiste.com