Il s'en est fallu de peu. Face au laxisme des autorités par rapport au phénomène des marchands ambulants, les commerçants de la zone commerciale Garage Allal étaient sur le point d'observer un sit-in ouvert, jusqu'à résolution du problème. C'est ce qui avait été décidé récemment par l'Union générale des entreprises et professions (UGEP) qui regroupe l'ensemble de ces commerçants. L'UGEP a finalement renoncé à cette forme de protestation, à la suite de la réactivité des autorités à Souk Al-Gharb, à quelques encablures de là. En effet, des campagnes ont été menées ces derniers jours à ce niveau, afin de déloger certains ferracha. « Nous avons finalement pu nous asseoir autour de la même table avec les représentants de la commune, et c'était le vœu que nous avions formulé depuis des mois, face à l'anarchie qui règne à Souk Al-Gharb et à Garage Allal. Du coup, ce début de réactivité a rassuré les commerçants et là nous sommes dans l'attente d'une solution définitive au problème », explique Mohamed Dahbi, coordinateur régional de l'UGEP. Au niveau de Souk Al-Gharb, les locaux souffraient de problèmes de canalisations et d'assainissement, chose qui avait un impact négatif sur l'activité des commerçants. De même, des magasins abandonnés ont été squattés par des vagabonds et des clochards. En conséquence, la sécurité était remise en cause et la clientèle préférait aller ailleurs. De plus, les marchands ambulants, par milliers, s'ajoutaient au lot, bloquant l'accès même au souk. Selon Mohamed Dahbi, ces problèmes commencent à être résolus, après une réunion avec les autorités locales. Des campagnes ont été menées et ont, semble-t-il, donné des résultats probants, puisque le nombre de ferracha a été réduit. « Nous ne sommes pas contre tous les marchands ambulants. Nous réalisons la difficulté de la vie et les conditions socioéconomiques pénibles des gens, surtout en ces temps de crise. C'est pour cette raison que nous supportons deux catégories de marchands ambulants : les veuves et les diplômés chômeurs. En revanche, nous ne laisserons aucun répit à ceux qui viennent installer un commerce en pleine voie publique, que ce soit des parasols ou des pseudo-baraques. Il y a des gens qui s'approprient un bout de terrain qu'ils louent à 200 DH la journée, en toute illégalité et en toute impunité, et gare à celle ou celui qui viendrait lui en faire le reproche », souligne Mohamed Dahbi. Selon lui, ce sont plus de 40 000 marchands ambulants qui rôdent aux alentours du Souk Al-Gharb ou squattent de la zone commerciale de Garage Allal. Durant les week-ends, ce chiffre s'alourdit considérablement, vu que la clientèle est plus nombreuse ces jours-là. Aujourd'hui, et même si ce n'est qu'un début de règlement, les commerçants semblent afficher une certaine sérénité. Cela est dû à la constitution d'une commission composée des autorités locales, des membres de la commune urbaine et des commerçants. Celle-ci tient des réunions régulières et prend des décisions par rapport aux actions à mener. Effet pervers La problématique est tout autre à Garage Allal. Depuis toujours, les marchands ambulants s'affairaient aux alentours et les commerçants réguliers faisaient avec. Sauf que, récemment, des campagnes menées contre les ferracha du boulevard Mohammed VI ont eu un effet pervers. En effet, une fois délogés dudit boulevard, des milliers d'ambulants n'ont fait que se déplacer vers Garage Allal et les ruelles avoisinantes. Cette déferlante a eu des effets néfastes : des rues obstruées, une circulation infernale, de l'insécurité galopante et, bien entendu, des commerçants payant leurs impôts qui se retrouvent sous embargo, car devenus inaccessibles pour la clientèle. Face à la détérioration de leurs conditions de travail, ceux-ci ont décidé de monter au créneau et de mettre les autorités face à leur responsabilité, afin de sécuriser leur business. « Nous percevons ces premières actions comme un bon signe et nous souhaitons vivement un règlement définitif de cette question. Les commerçants réguliers s'acquittent de différentes taxes et contribuent au développement du pays, raison pour laquelle les autorités doivent les soutenir en appliquant la loi », conclut Mohamed Dahbi. Par : Abdelhakim Hamdane, LE MATIN www.lematin.ma