Simple évolution technologique ? Non, le Cloud Computing appelle aussi un changement de culture de la part de la direction des systèmes d'information. En permettant à l'entreprise de s'adapter en permanence aux évolutions de son écosystème, les systèmes d'information sont devenus un levier majeur de la transformation des organisations. Les DSI se trouvent donc au carrefour de ces évolutions et doivent désormais intégrer les changements technologiques dans une perspective nouvelle : toujours mieux contribuer à l'efficience des métiers de l'entreprise et à la satisfaction de leurs clients et partenaires, internes et externes. Dans cette perspective, l'arrivée du Cloud Computing constitue probablement le sujet de réflexion n°1 des DSI. Une réflexion qui privilégie à ce jour le Cloud dit privé, autrement dit un environnement dédié aux seuls besoins internes, tout en intégrant, à terme, une possible évolution vers un Cloud hybride - mélangeant Cloud privé et services ouverts à tous sur Internet. Une évolution qui devra attendre que certains points, notamment relatifs à la sécurité, soient traités. Un nouveau serveur : de 30 jours à 48 h : Plusieurs facteurs expliquent cet intérêt. Le Cloud est ainsi très précieux par sa capacité à rendre un service dans un délai très court. C'est probablement là notre véritable objectif et notre contribution principale : augmenter la manœuvrabilité de l'entreprise. Il n'y a pas si longtemps, mettre en œuvre un nouveau serveur pouvait nécessiter une trentaine de jours ; avec le Cloud, ce délai ne dépassera pas 48 heures. D'autre part, « l'empreinte au sol » du système d'information se trouve considérablement réduite grâce à la virtualisation (capacité à mieux exploiter les infrastructures informatiques en les mutualisant, NDLR) des serveurs et du stockage. C'est essentiel lorsque l'on porte dans son système d'information (SI) les traces des transformations passées de l'entreprise, traces que l'on ne peut complètement gommer. Cette réduction de l'empreinte au sol des SI sert également les objectifs de développement durable des organisations. Enfin, grâce au Cloud, il est maintenant possible de ne plus opposer « industrialisation », soit la capacité de la DSI à s'inscrire dans des processus bien rodés, et « agilité », l'aptitude à nous adapter rapidement aux priorités nécessairement évolutives de l'organisation. Le tout en accentuant la variabilisation des coûts pour nos « clients », qui souhaitent minimiser les coûts fixes. Devenir un intégrateur de services : Ces constats font généralement la quasi-unanimité, mais peu d'entre nous avons enclenché, et encore moins réussi, cette mutation. C'est ce que font ressortir nos travaux au sein de l'EOA France (European Outsourcing Association) sur l'état de l'art du sourcing (sélection de la meilleure offre de ressources parmi celles disponibles sur le marché, externe ou interne, NDLR) et sur la capacité de nos entreprises à l'intégrer pleinement dans leur stratégie. Car, avec cette mutation, la direction des systèmes d'information ne peut pas rester un simple fournisseur de prestations techniques en « réponse à la demande » de ses « clients » internes, les différents métiers de l'entreprise. Elle doit adopter un point de vue réellement transversal et se muer en intégrateur de services, force de proposition et capable de piloter un sourcing efficace au service des métiers. Cette transformation de la DSI impose la conception et la mise en œuvre de véritables programmes de gestion du changement et requiert aussi l'abandon de certaines prérogatives, par exemple techniques, au profit des vraies priorités d'usage. A titre d'illustration, il ne s'agit plus de décréter quel smartphone les cadres doivent utiliser, mais de mettre en œuvre une architecture ouverte et sécurisée qui permette à chacun d'avoir une utilisation agréable et performante pour accéder à toute l'information nécessaire de façon partagée et fiable. Se concentrer sur le seul transfert technologique et oublier de faire évoluer les équipes et l'organisation en parallèle risque de générer un dispositif au final plus coûteux que la situation de départ. Nécessaire transparence sur les coûts : La dimension économique, et en particulier la refacturation interne, prend une importance nouvelle. La concurrence avec le marché externe - avec le Cloud, les utilisateurs peuvent comparer les tarifs des services rendus par la DSI avec ceux offerts par des prestataires - a un côté vertueux. Nos « clients » doivent voir en nous un partenaire performant à la valeur ajoutée clairement définie. Le maître-mot dans ce domaine me paraît être la transparence, c'est-à-dire la connaissance fine et partagée du coût des services fournis par la DSI et des leviers communs pour le diminuer : seule la mise en place d'une véritable approche de gestion des services informatiques pilotée par les besoins des métiers (on parle de Business Service Management) permet d'atteindre ces objectifs. (image Lesechos.fr) Source : http://technologies.lesechos.fr/technologie-accelerateur-de-croissance/le-cloud-prive-se-met-au-service-de-l-entreprise-etendue_a-2-416.html