Trophée chef Idéal au Horest Expo Agadir Un concours de dupes….. Des cuisiniers pris pour des poires L'Association des Cuisiniers du Maroc dénonce vigoureusement une mascarade trompeuse organisée autour d'un concours de chefs à Agadir qui a tourné à l'exploitation honteuse des cuisiniers et des membres du jury. Il est notoire dans certaines manifestations, notamment celles en rapport avec le tourisme et les salons spécialisés de tenir des concours gastronomiques dans le but de créer une animation parfois ludique à laquelle se prêtent volontiers les cuisiniers qui profitent aussi de l'occasion de se retrouver entre confrères, renouer des contacts, échanger des expériences. Généralement les cuisiniers se prêtent très volontiers à ces démonstrations de leurs talents devant un public et des organisateurs qui savent les apprécier et soucieux de mettre en valeur leur profession. La tenue d'un concours régional Trophée chef Idéal organisé à Agadir, le 12 et 13 février, dans le cadre de Horest Expo, mini salon dédié à l'hôtellerie et au tourisme par Gracom, agence événementielle soutenue par la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Agadir et par Somafaco, important groupe alimentaire qui brasse des milliards, a tourné à une banale promotion de marque et une opération bassement mercantile, mise au point avec les moyens du bord les plus minimes. Depuis Casablanca, chefs - experts éminents ont accepté de s'impliquer à la demande des organisateurs dans ce concours en mettant en évidence les règles de sa mise en œuvre, avec l'élaboration d'un cahier de charges dûment établi par le secrétaire général même des associations impliquées et que les organisateurs, en premier, se devaient de respecter. Malheureusement, la suite devait montrer que les éléments du cahier de charges n'ont pas été honorés par les organisateurs qui ont dans la foulée usurpé ce cahier technique, rajouté à son contenu, modifié l'intitulé de son auteur et se le sont attribués, sans scrupule. Sur place à Agadir au moment et au lieu du concours, , les membres du jury et chefs cuisiniers candidats ont été mis devant le fait accompli et se sont retrouvés devant une mascarade de plans de travail implantés au parking d'un hôtel, à l'air libre sans aucune condition de sécurité et d'hygiène, avec courants d'air , les fourneaux plantés devant une haie d'arbustes poussiéreuse et pleine de moustiques, sans chaîne de froid garantissant aux produits une saine conservation, et gardant aux produits glacés leur densité. Un simple réfrigérateur a réuni pendant 3 jours pêle-mêle, ingrédients, condiments et produits alimentaires. Même pas un revêtement gerflex élémentaire n'était disposé sur le parterre. Légumes et boîtes de conserves sont restées à même le sol, sous le soleil tapant. Aucune norme d'hygiène et de sécurité présupposée dans le cahier de charge n'était réunie. L'autre ennui aussi inattendu fut le nombre des cuisiniers candidats qui au lieu de 20 a été réduit à 14. La raison invoquée fut surprenante à bien des égards. Les organisateurs avaient imposé, sans en informer le jury ou l'Association, une souscription de 1000 dirhams aux cuisiniers pour participer à une compétition qui sert en évidence et en premier Somafaco, sa charcuterie Del pacha et ses produits Idéal et bien sûr la société Gracom qui augmente ainsi son chiffre d'affaires. Somafaco à t'elle vraiment besoin des subsides des cuisiniers pour organiser un trophée en son nom ? Plusieurs autres éléments du cahier de charges n'ont pas été respectés, dont des vestes de cuisines qui n'ont pas été fournis aux candidats, une soirée de gala édifiée en simple cocktail, des prix qui devaient être conséquents remplacés par des petits lots de consolation… les membres du jury prenant en charge eux même leur gîte, leur couvert et leur déplacement dans Agadir. Par ailleurs, la large couverture médiatique promise et la visibilité attendue de cette manifestation ont été quasiment nulle : aucune présence médiatique manifeste, ni presse télévisée, ni presse quotidienne. Arguant d'un droit à l'image dont elle n'a pas à disposer dans ces conditions, Somafoca ou Gracom se sont approprié les cahiers de charges, les fiches techniques des préparations et les recettes élaborées lors du concours pour être exploités par les organisateurs chacun à sa manière. Les recettes de cuisine comme toute création artistique ou culturelle relèvent du droit d'auteur : le droit à l'image ne peut être confondu avec la propriété intellectuelle. Aujourd'hui encore un jeu de photos pris lors du concours n'a pas été transmis aux participants et aux partenaires. Tout ceci illustre un manque d'éthique et de vision dans la conduite de cette affaire. Jury et associations n'ont de ce fait obtenu aucune compensation même morale, pour tous les efforts consentis. A l'encontre de ce qui était convenu, Somafaco a aussi dénié de citer l'AMG dans ses outils de communication et préciser son rôle dévolu de coorganisateur, alors que celle-ci a assuré depuis le début, la coordination et l'encadrement de tout le trophée. Si ces organisateurs n'ont pas eu le remord d'avoir grugé des chefs, les cuisiniers ont le regret de les avoir comblés. C'est pourquoi nous lançons un appel indigné pour que de telles manifestations ne soient plus l'apanage de telles entreprises qui n'ont aucune hauteur de vue, qui déprécient ou dénaturent l'œuvre artistique des professions de cuisinier, de gastronome et des métiers de bouche. Ce cas dénoncé aujourd'hui n'étant pas le premier, une autre Agence Com avait dénaturé l'an dernier à Bouznika une manifestation autour du méchoui qui avait tourné court dans ce même état d'esprit…C'est pourquoi il était temps pour l'Association des Cuisiniers du Maroc de réagir. Malgré ces mauvaises conditions, malgré l'amateurisme et la mesquinerie manifestes des organisateurs, les membres du jury , se lançant un pari, ont tenu à encourager et laisser exprimer les talents créatifs des chefs candidats sachant qu'un bon cuisinier a toujours la capacité de rebondir…en dépit de tous les aléas. Les réalisations et les préparations orchestrées autour de la cuisine fusion sur le thème de l'huile d'argan ont ébloui un jury des plus hautement qualifiés. Les différents plats étaient de haute tenue et sont à l'image de nos chefs dont l'art et les pratiques culinaires évoluent à merveille et peuvent prétendre rivaliser avec les plus grands par tout… ailleurs. Il faut juste les valoriser au lieu de les gruger. Bouchïb KAMA. Président M.K.BENNANI. Secrétaire Général L'ensemble du Jury du concours : Trophée chef Ideal