Les inondations soudaines déclenchées par des pluies torrentielles, mardi 30 novembre, ont coûté la vie à au moins 32 personnes dans différentes régions du Maroc, perturbé les transports, entraîné des coupures d'électricité dans des quartiers entiers et submergé un grand nombre de maisons et de voitures. Après avoir fait six victimes lundi à Al-Hoceima, les inondations ont balayé un bus transportant 24 personnes, mardi. Toutes ont été tuées lorsque le bus est tombé dans la rivière Chguig, sur la route reliant Casablanca et Bouznika. Un enfant de 13 ans s'est noyé à Khénifra et d'autres personnes sont mortes ou ont été blessées dans l'effondrement de maisons à El Hri et Salé. Une fillette est morte en tentant de franchir une rivière à Tiflet. Un corps a été retrouvé, emporté par les inondations à Ouarzarte, et une autre personne est portée disparue à Mokrisset. Ces pluies diluviennes ont principalement touché Casablanca, la capitale économique du Maroc, qui a enregistré en 24 heures des hauteurs de précipitations équivalentes à la moitié de la moyenne annuelle. Un déluge de 178 mm d'eau a contraint les autorités de la wilaya à fermer les écoles, a envahi les routes et paralysé les liaisons ferroviaires entre Rabat et Casablanca, bloquant des milliers de personnes qui font la navette entre les deux villes. Samira Boulmadani, une employée de banque, fait partie de ces nombreuses personnes qui n'ont pu se rendre à leur travail à cause des inondations. "Je n'étais pas au courant de l'alerte. On m'a prévenue à la gare. C'est une journée perdue pour les salariés et les employeurs. Mais il faut dire que le courant électrique de notre agence bancaire a été coupé depuis lundi et qu'il était difficile de satisfaire les clients", explique-t-elle. Royal Air Maroc a annoncé mardi que les vols depuis l'aéroport Mohammed V de Casablanca étaient perturbés, parce que les fortes pluies empêchaient les passagers et les personnels de rejoindre l'aéroport. Mohamed Mbarki a dû accompagner sa femme à l'aéroport, mais le couple a été pris par les intempéries. "Elle devait s'envoler pour la Belgique pour une mission très importante. Elle est tombée sur le mauvais jour. Toutes les routes sont coupées", a-t-il expliqué. Selon le député Hakim Benchemmas, l'importance des dégâts est due à l'absence d'une stratégie gouvernementale efficace de gestion des catastrophes naturelles. "Ce qu'il s'est passé à Casablanca, le cœur battant du Maroc, est honteux. L'isolement de la capitale économique du reste du pays devra interpeller tous les acteurs concernés sur l'importance des stratégies préventives ainsi que sur l'état des infrastructures qui s'avèrent très fragiles", a-t-il déclaré. Mohamed Ansari, député du mouvement Istiqlal, a cependant tenu à réfuter cet argument, expliquant qu'il est difficile de lutter contre la nature et que même les pays développés connaissent des situations similaires. Abdellah Talib, responsable des relations publiques dans la société chargée de la gestion de l'eau et de l'électricité Lydec, a expliqué que les réseaux d'écoulement n'étaient pas en mesure d'absorber une telle quantité de précipitations qui se sont abattues sur la capitale économique en un temps record. Il a demandé aux citoyens de limiter leurs déplacements pour permettre à ses employés de faire leur travail. L'économiste Mohamed Jouadri a pour sa part indiqué que les répercussions de ces intempéries sur l'économie casablancaise seront graves. "L'essentiel de l'activité économique du Maroc se concentre dans cette ville. Une seule journée non travaillée se chiffre en millions de dirhams. Et ce, sans parler des dommages sur les infrastructures", a-t-il déclaré. Selon lui, au cours des trois dernières années, les inondations au Maroc ont provoqué de gros dégâts matériels. A Tanger, la zone industrielle a enregistré des pertes importantes l'hiver dernier, tandis que le Gharb connaissait de gros problèmes pour ses activités agricoles, et que la même situation pourrait se renouveler cette année. Par Siham Ali pour Magharebia Source : www.magharebia.com