Que pense un aroubi d'un fassi ? Un arabe d'un berbère ? Un citadin d'un campagnard ? Faites un petit sondage autour de vous et vous seriez certainement étonnés de voir combien notre vocabulaire contient d'expressions ségrégationnistes malheureusement bien ancrées dans la pensée collective des marocains. Un fassi est tel un juif, il ne fait d'amis qu'au gré de ses intérêts. Un Merrakchi est un pédophile par excellence jusqu'à preuve du contraire. Un soussi est un avare, il adore collecter les centimes. Les aroubi sont des incompétents... leur présence perturberait la bonne marche de certains corps de métiers. Un sahraoui est un fainéant, opportuniste qui veut tirer le maximum du statut privilégié de sa région. Un rifain est un perturbateur. Un jebli est un "sans coeur". Il abandonne ses filles pour arrondir ses fins de mois. Tant de préjugés qui empoisonnent notre quotidien. Puis encore, des clans (de véritables clans hermétiques) se sont installés au sein d'un certain nombre de secteurs... des relations de clientélisme se sont instaurées se basant sur des critères d'appartenance géographique et tribale. Le phénomène ne s'est pas arrêté là... il s'est transformé en une donnée structurelle de l'échiquier politique marocain. Les clans des fassis et des merrakchis au sein du parti de l'Istiqlal... le PND réputé parti des aroubia en sont les deux illustrations les plus claires mais pas les seules. Notre pays, a depuis toujours tiré sa force de sa diversité. Puisant d'un patrimoine collectif arabo-berbero-judéo-andalou-subsaharien, il a réussi l'un des modèles de brassage interethnique des plus réussis. Jouer sur la corde des sensibilités ethniques, tribales ou géographiques ne pourra qu'entraver toute démarche de développement et que perpétuer les différents aspects de clientélisme sévissant dans tous les secteurs. Oui pour la régionalisation... des régions fortes équilibrées seront un véritable moteur de développement socio-économique. Non au régionalisme... Un mal à éradiquer !!