HASSAN Nous n'avons pas fini -hélas- d'entendre parler de terrorisme au Maroc. Fait marquant cette semaine suite au démantèlement d'un réseau d'envergure internationale et d'enracinement historique, le terrorisme au Maroc se voit d'un côté étendre le vocabulaire, ringardisé certes, au lexique financier et de l'autre ferrailler avec ces fantômes de la Chabiba Islamiya (M.J.I.), un aspect organisationnel qu'on croyait à tord mort et enterré. Les personnes mises en cause dans l'affaire en question, il faut le relever, sont ce qu'il convient de décrire comme esprits faibles et prédisposés au radicalisme extrémiste conçu comme seul moyen d'exprimer le « y en marre » politique, généralement mascarade d'égoïsme enfantin ; De l'extrême gauche à l'islamise radical, la translation s'est faite sans grand malaise chez ses vieux fanatiques qui, ayant eu du mal a frayer le chemin de l'ascension politique au sein de leurs partis (devenus un peu trop laïques pour eux), ont choisi sous l'égide de l'obscurantisme Kotbiste récupéré par le déraisonné Moti`, ce radicalisme révolutionnaire qui a marqué les années soixante-dix et qui a coûté la vie au militant Omar Benjelloun, victime d'assassinat politique inscrit dans la logique de l'activisme religieux de ce mouvement. Il m'est incompréhensible comment ses récidivistes ratés se maintiennent encore sur le même potentiel mobilisateur et maintiennent ainsi leurs desseins sclérosés : attentats terroristes et assassinat politique ! Et c'est à la fois ridicule et diabolique de voir subsister un groupe régit par un « Emir », même s'agissant d'un réseau aux moyens modernes, c'est du vieux avec du neuf, c'est au-delà des lignes rouges du sectarisme, une communauté de conditionnement, l'une des formes les plus dangereuse de groupes qui se veulent sociaux, où la liberté individuelle est au mieux compromise. A mon avis, les chaînes de télévision ont bien profité du démantèlement du réseau Belliraj pour rétablir l'approche dont cette folie humaine qu'est le terrorisme devrait faire l'objet, une approche à laquelle j'adhère complètement et que j'ai vu se manifester au grand jour face l'exposé à la fois didactique et spectaculaire des armes confisqués, face à ces chiffres soviétiques qui semblent être les ressources financières du réseau, mais aussi dans cette implication du citoyen lambda par le biais de micro-trottoir afin d'exprimer sa criminalisation devant un danger qui guette. Et c'est justement cette logique de criminalisation qui doit irrésistiblement prendre le pas sur celle de l'évaluation et l'analyse comme l'a écrit Burgat. Nous tous marocains avons déshonoré le terrorisme, on croyait ce déshonneur définitif, mais que d'écueils en perspective car il n'est décidément que provisoire. Ce qu'on prenait pour un acquis apparaît comme répit, répit de criminels sans réelles convictions politiques mais avec beaucoup d'ambitions personnelles tout au moins ordurières. Ceci dit, l'attitude de « bouc émissairisation » du potentiel mobilisateur de l'islamisme intégriste confirme naturellement son non sens et frôle essentiellement la paranoïa pure et dure. Nous sommes amené plus que jamais à l'autocritique individuelle, le Dialogue a lieu d'avoir et s'il y a lieu de Jihad à mener c'est celui contre la pensée unique, contre cette idée qu'il y a ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, contre l'idéologie, contre les "péchés" de toute sorte et ce sur le plan personnel et par un effort strictement individuelle, car il n'a que des individus après tout. Je ne saurais que criminaliser et condamner, même avec la pâte fuyante des mots, le terrorisme dans toutes ses formes, je condamne cette invitation à la bassesse qu'est le communautarisme sectaire et rejette par la même occasion ces « prétendus » débats faussés, passionnés et vides d'intérêts entre Laïcité Elitiste et Coranocratie. Nous sommes dans une Démocratie et j'emprunte à un rappeur marocain sa devise ranimée de fierté et non moins de sens : "Mgharba", un singulier pluriel.