Comme c'est beau de voir un groupe de jeunes ou de vieillards parler politique dans un café autour d'un expresso : le gouverneur tel est un voleur, tous les parlementaires sont des menteurs, le code du travail est une putréfaction... Là on se pose la question : parlent-ils vraiment de politique ? Quand le taux de l'analphabétisme dépasse 64% de la population d'un pays, et que la moitié de son capital humain est constitué de femmes qui souffrent de la marginalisation sociale, on ne peut pas parler politique. Si l'on croit à tout ce que disent les journaux et les revues marocaines, sans avoir un esprit d'analyse et un minimum d'objectivité, on ne peut pas parler politique ; on sera consommateur de ce que j'appelle "le fast news" : la version intellectuelle du "fast food". Le meilleur quand tu es marocain, c'est que dès que tu mets les pieds au monde, on t'injecte un vaccin anti-réalisme et un autre anti-objectivité. On ne prend jamais de recule par rapport à notre vie de citoyen ; on ne se pose pas de questions... on vit ! Mais attention, le gouvernement en est conscient. Quand on vous donne un droit ce soir et on vient vous l'enlever demain matin, c'est cela la théorie qui dit que le gouverneur est à l'image du gouverne. Ah, cela existe ! L'article 17 de la constitution dit que tout citoyen a le droit de protester ; et on vient au code pénale où l'on trouve, à la surprise de monsieur tout le monde, un article qui dit que toute protestation touche à l'ordre publique, et par la suite qu'elle est formellement interdite. Ce que j'aimerais dire, c'est qu'on ne manque pas de textes législatifs. On manque de volonté générale et publique pour donner au développement permanent un aspect multidimensionnel. Si l'on veut changer ce Maroc, c'est qu'il faut partir et le reste suivra. Comme on dit : chaque peuple a le pouvoir qu'il mérite... Mourad Choulli, Casablanca