Au parc de la Ligue arabe, les travestis ont toujours pignon sur rue. Plus efféminés que les femmes elles-mêmes, ces hommes vivent pratiquement dans un monde parallèle. Ils forment une vraie communauté, avec leur misère, les disputes et les courses avec la police. Les filles ne sont plus les seules à prendre ces risques. De jeunes garçons travestis prennent le relais. Ils ont ainsi fait du parc de la ligue arabe leur territoire qu'ils ne partagent avec aucune fille, la nuit. Je m'appelle Nada, mais mon vrai nom c'est Mohamed. Il est beaucoup plus efféminé que n'importe quelle autre femme. Je suis issu d'une famille berbère très conservatrice qui n'a pas accepté ce qu'allait être ma condition. J'ai essayé de les convaincre que j'étais comme ça, mais ils n'ont pas voulu m'écouter. J'ai même essayé de me suicider, dit-il. Ce n'est qu'après cette tentative, qu'ils ont accepté de le laisser sortir la nuit, en prétendant qu'il bosse dans une boite de nuit. Nada, lui, raconte qu'un jour, il a été victime d'une violence gratuite. Deux femmes dans une voiture sont venues lui proposer de les accompagner moyennant 300 dirhams. L'argent encaissé, il est parti avec elles sur la route de Berrechid. Arrivé dans une villa, trois hommes en sont sortis, l'ont roué de coups et dévêtu, puis l'ont laissé sous le froid. Ce sont les risques du métier. Iman, lui, n'a pas que des raisons financières, puisqu'il est issu d'une famille qui est loin d'être dans le besoin, comme il l'affirme. Toutefois, l'explication qu'il avance est loin d'être convaincante."C'est juste que j'arrive pas à dormir la nuit". En réalité sa famille l'a mis dehors quand elle a découvert son homosexualité. Plus personne ne lui adressait la parole, ni ses parents ni ses cinq soeurs. Malgré la bonne éducation de base qu'il a reçue, il est aujourd'hui à la merci des clients. Mais, qui peuvent être leurs clients ? Ce ne sont sûrement pas les couches défavorisées de la société comme on aurait tendance à le croire. "J'ai un client qui est directeur d'une agence bancaire", explique Nada. Et d'ajouter en se dînant :"Je suis plus charmante que sa femme". Ce monde nocturne a ses règles, ses mauvaises surprises et... Ses miracles que, sans doute, tout un chacun, là-bas, attend ! Source : Madinati