Bonne nouvelle pour les taximen n'ayant pas profité de l'aide à la rénovation de leurs véhicules. Le gouvernement a décidé de prolonger de deux ans la durée de rénovation du parc automobile des taxis. Cela dit, ce renouveau matériel ne semble toujours pas répondre au changement qui devrait s'opérer dans les mentalités de certains chauffeurs. Dans une décision conjointe des ministères de l'Intérieur et de l'Economie et des Finances, il a été décidé de prolonger la durée pour bénéficier de l'aide de l'Etat pour rénover le parc automobile des taxis jusqu'au 31 décembre 2021. Dans les détails, les grands taxis, remplissant les conditions nécessaires, profiteront d'une aide de 80.000 dirhams, alors que la formule pour les petits taxis se décline en deux options. La première, à hauteur de 35.000 dirhams, concerne le financement jusqu'à 30 % du véhicule neuf (hors taxe), alors que la seconde option, de 15.000 dirhams, se fait au choix. Il est à noter qu'en acceptant de profiter de ces aides, les anciens véhicules seront retirés de la circulation et mis à la casse. Par ailleurs, les taximen pourront faire leur choix parmi un large catalogue de marques automobiles, proposant différents véhicules adaptés à ce secteur d'activité. Toutefois, il est à noter que ceux-ci devront choisir des véhicules répondant à certaines conditions et mesures de sécurité routière. Dans le cas des grands taxis, il s'agira impérativement de disposer de 7 places (6 passagers et un conducteur). Quand certains disent « non ! » Néanmoins, certains taximen refusent d'échanger leurs véhicules, même si ceux-ci ne devraient plus être en circulation, mais arrivent toutefois à passer le test de la visite technique, bizarrement. Certains taximen, notamment pour les grands taxis, justifient ce choix par le fait qu'une Mercedes 240 est plus solide que les véhicules actuels. De plus, celle-ci ne consomme pas grand-chose et a besoin de peu d'entretien, surtout qu'elle dispose d'une chaîne, qui pourrait être facilement réparée, au lieu d'une courroie qui peut céder à n'importe quel moment. Dans ce sens, Hassan Dakkani, secrétaire régional de l'Organisation démocratique des professionnels du transport (ODPT), nous a expliqué que les propriétaires des agréments devraient opter pour l'acquisition d'un nouveau véhicule, mais cela n'est pas toujours facile. En effet, poursuit-il, « la moitié des détenteurs d'agréments sont décédés. Cette situation fait qu'il y'a beaucoup de dossiers devant les tribunaux, qui restent sans réponse. Mais, nous espérons qu'il y'aura un changement à ce niveau avec cette décision du gouvernement ». Abdelmajid Malhin, secrétaire de l'UNT pour la région Casablanca-Settat, indique pour sa part que les intéressés par ce changement, et qui sont « enchaînés » par le décès du propriétaire de l'agrément, peuvent en signer un autre auprès du Wali de leur région, et ainsi profiter du montant fixé par l'Etat pour leur segment. Par ailleurs, « il faudrait que le taxi intéressé dispose de 3 ans d'ancienneté, minimum, dans le secteur. Moins de cela, on ne peut pas profiter de la subvention », explique Malhin. Changer les mentalités et le transport illégal, challenge impossible ? Si la subvention est une bonne initiative au changement, il ne faudrait pas oublier que cela ne concerne en rien certains gestes et pratiques qui dérangent. Il s'agit notamment du refus de certains taxis de prendre des clients même lorsqu'ils sont libres, à l'image de Casablanca. En effet, il suffit de faire un tour du côté de Casa Port ou Casa Voyageurs pour voir une armada de taxis, indiquant chacun un endroit en particulier. Ceux-ci refusent catégoriquement de transporter les passagers souhaitant se rendre à un endroit en dehors de l'itinéraire qu'ils ont en tête. Un autre exemple, toujours à Casablanca, est celui où les taxis refusent de prendre des clients, pour la simple raison qu'ils n'ont pas envie de se diriger vers un endroit donné de la ville. Cela est, évidemment, interdit par le code en place, mais à qui veut bien l'entendre. Les clients sont souvent dirigés à se rendre vers le bureau qui gère les taxis, mais sans suivi des plaintes, comme nous l'a expliqué une cliente quotidienne de ceux-ci. Toutefois, les choses restent bien différentes à Rabat. Sur un autre registre, l'autre phénomène qui existe au sein de la capitale administrative, n'est autre que celui des transporteurs illégaux, qui « entassent » jusqu'à 10 personnes dans des véhicules utilitaires, aux fenêtres fumées, mais surtout la conduite irresponsable et dangereuse qu'ils ont. Comme nous avons pu le constater, ceux-ci se trouvent au niveau de l'intersection de l'avenue Al Alaouiyine et de l'avenue Moulay Ismail, de l'hôtel Rabat, du boulevard Hassan II, du Jardin Bab Chellah et de l'hôpital militaire de Hay Riad. Et chose étrange, ils agissent en toute impunité. Dakkani nous a expliqué, sur ce point, que « les transporteurs illégaux répondaient, auparavant, à un besoin particulier, notamment pour ce qui est d'assurer le transport des personnes entre Salé et Temara. De plus, les clients préfèrent ce mode de transport, car il est très rapide. Toutefois, les gens devraient être conscients du danger que les transports illégaux représentent, surtout qu'ils sont derrière de nombreux accidents de la circulation ». Il a par ailleurs indiqué que les nouveaux bus de la capitale administrative assurent la liaison de nombreux points de l'axe Salé-Rabat-Temara actuellement, outre le fait qu'ils offrent une qualité de transport nettement meilleure. Le changement devrait donc être initié par les citoyens, qui sont les principaux utilisateurs de ce mode de transport, mais aussi du fait qu'ils se taisent face à des comportements déplacés de certains chauffeurs. « Il y'a du bon et du mauvais. Loin de dire que tout le monde est mauvais dans le secteur, mais il est vrai qu'il y'a quelques individus qui n'ont rien à voir avec le métier. Cela dit, le changement ne peut être initié que si l'on en a envie », indique Dakkani.