Les grands taxis de Casablanca refusent le deal proposé par le ministère de l'Equipement. Celui-ci veut rénover le parc vétuste, polluant, insalubre. Il offre donc un crédit sans intérêt, une convention avec le constructeur. Celui-ci a sorti des voitures à 7 places de passagers. Le premier taximen à accepter ce changement a été empêché de circuler par ses collègues. On peut débattre du respect de la loi, de l'atteinte au droit du travail, voire même de la siba. C'est passer à côté du problème fondamental. Dans les pays développés le taxi est un service de luxe, payé en tant que tel parce que les transports publics sont au niveau. Au Maroc, les voitures sont à l'agonie, les chauffeurs rarement agréables, la réglementation est oubliée. Ainsi, le taximen fait du raccolage, vous impose de la compagnie, le trajet qui l'arrange. La tolérance des autorités s'explique par deux phénomènes. La première, c'est la corruption au pointage et donc l'absence totale de contrôle de l'état de la voiture et de l'aspect extérieur du chauffeur. La seconde est plus profonde, elle est économiquement structurelle. Petits ou grands, les taxis doivent payer une rente au titulaire de l'agrément, un salaire au propriétaire de la voiture et enfin rétribuer les chauffeurs après avoir payé les hydrocarbures. C'est tout simplement intenable au vu des tarifs encadrés pratiqués. Tarifs que l'Etat maintient au plus bas, parce que les transports publics sont défaillants. C'est pour la même raison que l'on a autorisé les grands taxis à opérer en ville et qu'on leur permet de raccoler. Les petits taxis ont obtenu eux, le droit de choisir leurs clients et leur trajet. Pour rétablir la situation, la normaliser, il faut éliminer les agréments. Il n'est pas normal de demander à un travailleur, un chauffeur de taxi en est un, de payer une rente à quelqu'un au nom d'un papier. C'est un point essentiel, parce que cela permettrait à tous les chauffeurs d'accéder au crédit, d'acquérir leur propre véhicule et de se conformer aux dispositions légales. Nous sommes face à une décision qui va dans le bon sens mais qui n'a pas les faveurs des professionnels. C'est une question de méthode, on ne réfléchit pas de manière globale, on saucissonne les politiques publiques, du coup elles sont inopérantes. Ce constat est fait par des études sérieuses depuis 20 ans, cela continue tout de même.