En Israël le premier ministre, Benjamin Netanyahu, chargé de former un nouveau gouvernement risquait gros à l'audience de pré-inculpation de sa propre personne à laquelle il ne s'est, du reste, pas présenté. Il a laissé à ses avocats de prendre soin de son lourd dossier et d'en effacer ou du moins de tenter d'effacer les accusations de corruption et notamment de pots-de-vin, portées à son encontre dans une série d'affaires criminelles. Tandis que ses défenseurs (une équipe de dix personnes) se sont dits confiants quant à réfuter toutes ces accusations devant une vingtaine de magistrats dont la plus haute hiérarchie des procureurs d'Israël (général, d'Etat et principal), Benjamin Netanyahu, lui, comme si de rien n'était, rencontrait ses alliés politiques pour des négociations qui battent de l'aile, et ce, à des fins de formation d'un gouvernement. On peut dire au regard du scénario aussi bien politique que juridique que le premier ministre israélien est dans de sales draps. Des manifestants anti-Netanyahu aux abords du ministère de la Justice où se déroulait l'audience, ont brandi des pancartes « La vérité et la loi vont s'exprimer, nous sommes venus vous appuyer dans le combat contre la corruption », contrairement aux pro-Netanyahu, qui eux reprenaient des slogans de la campagne du premier ministre peu amènes envers le département de la Justice, insinuant que « les affaires relevaient d'un complot ourdi par les responsables de la Justice et les médias ». L'audience, qui avait été programmée pour les 2 du 3 octobre, devra finalement durer quatre jours (jusqu'à dimanche), avec des procédures qui devraient s'achever le 8 octobre, début de la fête juive de Yom Kippour. Le premier ministre israélien fait face à la Justice pour trois affaires. Dans la première, la plus grave, il doit répondre à des présomptions l'accusant d'avoir tenté d'accorder des avantages en termes de régulation à un patron de médias en échange d'une couverture médiatique favorable sur un site d'information qu'il contrôle. Tous deux risquent une inculpation pour pots-de-vin. Dans la seconde, Netanyahu est soupçonné d'avoir reçu des avantages et des cadeaux (250.000 euros) d'un producteur israélien de cinéma à Hollywood, et d'un magnat australien des casinos. Enfin dans la troisième, où il est tout autant mal loti, il est impliqué dans un accord de contrepartie illicite entre lui et un éditeur d'un journal, et dans lequel le premier ministre aurait fait entrave à un quotidien rival en échange d'une couverture plus favorable. Par ailleurs, les négociations en vue de former un gouvernement d'union avec le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu et le parti centriste Kahol Lavan (« Bleu-blanc ») de son antagoniste, Benny Gantz, prévues pour ce mercredi, ainsi que les pourparlers qui devaient s'en suivre d'un tête-à-tête entre les deux rivaux n'ont pas eu lieu. Benny Gantz ayant estimé qu'on « ne pouvait diriger un gouvernement tant que des affaires en justice n'étaient pas réglées et Benjamin Netanyahu ne représentait que son propre parti, le Likoud et non l'ensemble des partis ».