Le magnat tunisien des médias, Nabil Karoui, l'un des favoris pour la présidentielle du 15 septembre, devra prendre son mal en patience et mener sa campagne électorale depuis sa cellule. Karoui a en effet vu sa demande de libération rejetée en appel. En prison depuis douze jours (inculpé le 8 juillet et arrêté le 23 août), l'homme d'affaires qui était depuis trois ans sous le coup d'une enquête pour blanchiment d'argent. Ses avocats ses son pourvus en cassation. « Nous espérons avoir une audience rapidement, afin que les droits de M. Karoui en tant que candidat soient respectés », a indiqué l'un de ses avocats, pour qui le magnat n'est rien d'autre qu'un « prisonnier politique ». Même son de cloche chez ses partisans qui estiment que son arrestation, à quelques semaines du premier tour de la présidentielle le 15 septembre, a été orchestrée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, l'un de ses principaux rivaux pour le palais de Carthage. Pour étayer cette thèse, ils avancent que cette arrestation n'est pas la première tentative pour mettre Karoui out. Le gouvernement avait déjà présenté une loi permettant de l'éliminer de la course, mais cet amendement, voté, n'a pas été promulgué. Dans une lettre adressée à ses partisans depuis la prison, le fondateur de Nessma TV, a appelé les Tunisiens à aller voter pour « faire la révolution des urnes » et « rendre la Tunisie au peuple ». Karoui (et son frère), sont visés par une instruction judiciaire du pôle financier depuis 2017, après le dépôt par l'ONG anticorruption I-Watch d'un dossier les accusant de fraude fiscale. Dans le cadre de l'instruction de cette affaire, ils ont vu leur biens et leurs fonds financiers gelés, de même qu'ils sont sous le coup d'une interdiction de quitter le territoire.