Quelques jours après la publication au Bulletin officiel de la Charte nationale d'éthique professionnelle du Conseil national de la presse, les professionnels du secteur commencent à critiquer son contenu, expliquant qu'elle aurait « délaissé un aspect général pour parler des obligations des journalistes tout en réduisant au minimum le volume de discussions sur leurs droits », ainsi que des critiques sur la manière dont cette Charte a été adoptée. Proposant ce vendredi 16 août sa vision de la situation, le Forum marocain des jeunes journalistes (FMJJ) a exprimé sa déception par rapport au processus d'élaboration de la Charte nationale pour l'éthique de la profession de journaliste. De prime abord, le Forum assure « tenir compte » d'un certain nombre de développements sur le champ numérique, technologique et de la jurisprudence internationale en matière de liberté et d'éthique journalistique, tout en notant l'absence de réunions et de journées d'étude demandées par les organisations professionnelles et de défense des droits de l'Homme pour débattre et délibérer de la Charte avant sa publication. Le FMJJ indique que la charte consacre 30 articles aux « devoirs » du journaliste, tandis que trois articles seulement sont consacrés aux droits du journaliste dans la section IV, ce qui « n'est pas à la mesure de l'ampleur de la lourde responsabilité du journaliste envers la société, qui suppose une protection complète à plusieurs niveaux, limités aux seules dispositions de la Charte ». Le collectif rassemblant les jeunes journalistes et offrant un espace discussion entre professionnels du secteur considère à contrario que les « devoirs » des journalistes dans cette Charte « ont été formulés de manière à rendre des jugements restrictifs, et non des règles morales que le journaliste devrait respecter, d'autant plus qu'ils sont expliqués de manière vague et qu'ils ouvrent la voie à plusieurs interprétations ». Le Forum estime que la révolution technologique a créé une nouvelle génération de droit pour journalistes, « sans incidence sur la Charte nationale d'éthique », notamment le droit à la « sécurité numérique » avec la garantie de ne pas être capable de suivre les traçabilités électroniques ou de connaître les sources. Tout comme le droit de protéger les ordinateurs, les messageries électroniques et les comptes des réseaux sociaux contre les écoutes clandestines et le piratage. Selon un rapport publié en 2015 par le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'opinion et d'expression et remis à l'ordre du jour par le PMJJ dans le cadre de son plaidoyer, les journalistes ont grand besoin de « se sentir protégés et de jouir d'une sécurité virtuelle afin de pouvoir rechercher, recevoir et communiquer des informations sans mettre en danger, réprimer, divulguer, contrôler ou utiliser de manière abusive leurs opinions. » Concernant la préparation de cette charte, le Forum affirme que les consultations « présupposent une véritable approche participative à travers l'organisation de réunions, colloques et séminaires, dans lesquels sont conviés les différents médias, les défenseurs des droits de l'Homme ainsi que différentes sensibilités associatives, absentes tout au long du processus de rédaction et du Code de déontologie entrée en vigueur suite à la publication dans le BO ».