L'annonce de la candidature du chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed à l'élection présidentielle de septembre a fait couler beaucoup d'encre au pays du Jasmin. Restera? Restera pas, chef du gouvernement alors qu'il prépare sa campagne électorale? Pressentie depuis le début, surtout depuis les rumeurs de divergences d'opinion avec le défunt président de la République tunisienne Béji Caid Essbsi, et confirmée avec la création d'un parti sur mesure pour lui, la candidature du jeune Premier ministre de 43 ans a été confirmée jeudi soulevant de nombreuses interrogations. « J'ai bien réfléchi et j'ai décidé de me présenter pour le poste de président de la République », a déclaré Youssef Chahed lors d'un congrès de son parti Tahya Tounes. Le Premier ministre a ajouté vouloir « rompre avec l'ancien système et donner l'espoir à tous les Tunisiens notamment les jeunes qu'ils peuvent être dans des postes importants dans l'Etat ». S'il s'est mis en retrait ces derniers jours entretenant le mystère sur sa possible candidature, Youssef Chahed a attendu jusqu'à la dernière minute pour annoncer sa candidature à la présidentielle anticipée du 15 septembre, une annonce qui a fait effet de bombe. Jeudi soir, on apprenait qu'il allait déposer vendredi son dossier de candidature auprès de l'Isie, l'Instance indépendante chargée des élections. Depuis c'est la débâcle, tout le monde y va de son commentaire et plusieurs voix se sont élevées pour réclamer sa démission. Avec la mort de l'ancien président Béji Caid Essebsi, la Tunisie vit des événements singuliers. Cette fois, l'actuel Premier ministre se présente aux élections présidentielles tout en gardant ses fonctions de chef de l'exécutif. Si l'annonce de Youssef Chahed a provoqué des appels à sa démission, le chef du gouvernement devrait conserver ses fonctions en vertu des dispositions de la Constitution tunisienne. Selon les médias tunisiens, citant des proches de Youssef Chahed, le principal concerné n'a aucunement l'intention de présenter sa démission de la Kasbah, ressentant à ce sujet une obligation morale de continuer ses tâches même si cela équivaudrait à réduire le temps qui lui est imparti pour mener sa campagne électorale pour la présidentielle, gagnée d'avance selon l'avis d'experts. De plus, la démission du Premier ministre serait impensable en ce moment puisqu'elle entraînerait automatiquement la démission de tout le gouvernement tunisien. Dans le cas où cela devait avoir lieu, Youssef Chahed devrait déléguer ses fonctions à l'un de ses ministres, mais selon la Constitution, cela ne devrait pas être possible encore une fois puisque les cas dans lesquels cette option serait permise, ne reconnaissent pas la raison d'une campagne électorale.