Le Forum pharmaceutique international (FPI) s'est tenu les 5 et 6 juillet 2019 à Marrakech, à l'initiative du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens sous l'égide du ministère de la Santé. 1563 participants, invités et orateurs, ont participé aux différentes sessions et conférences organisées à destination de chaque spécialité pharmaceutique ainsi qu'à l'enseignement. Un rapport de ces travaux a été élaboré par un comité scientifique dédié. Hespress FR vous en propose une synthèse. La pharmacie d'officine a été à l'honneur lors de la 20ème édition du FPI. Plusieurs thématiques lui ont été consacrées. Lors de la séance inaugurale, le Chef du Gouvernement, Saad Dine El Otmani, et le ministre de la Santé, Anass Doukkali, ont insisté sur le rôle important que joue le pharmacien d'officine dans tout système de santé. Après cet événement 100% pharmaceutique, le comité scientifique du FPI a publié son rapport, dont Hespress Fr détient une copie, et où il présente ses recommandations pour faire avancer le secteur de la pharmacie au Maroc et en Afrique. « Ce rapport du comité scientifique relève des travaux du congrès. On vient de faire une synthèse et on l'a préparée et on a effectué un travail professionnel pour présenter au public nos recommandations. Ce sont les résultats issus du Forum pharmaceutique international (FPI). On a fait de notre mieux pour fournir une matière qui honore la profession pharmaceutique », a déclaré à Hespress Fr, Dr. Hamza Guedira, Président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. Dans la session table ronde « pharmacien d'officine », le comité rapporte ses recommandations dans le volet du renforcement de l'observance, c'est-à-dire l'adéquation entre le comportement du patient et le traitement proposé, soulignant que « le phénomène de non-observance, très fréquent, soulève de multiples enjeux de santé publique liés à la non-optimisation des traitements, pouvant être graves pour le patient particulièrement dans les pathologies chroniques et avec des conséquences économiques que les autorités sanitaires et les caisses d'assurance maladie ne peuvent exclure ». « Afin d'assurer un acte pharmaceutique professionnel de qualité et permettre aux patients de bénéficier de la meilleure façon de leurs traitements, et afin de réduire la charge de morbidité et la mortalité, le pharmacien, en raison de sa place privilégiée de proximité avec les patients, doit être le pivot de l'accompagnement et de l'usage responsable des traitements. Il doit renforcer l'observance des patients, par tous les moyens de soutien à sa disposition », recommande le comité scientifique. Pour le volet éducation thérapeutique dans les maladies chroniques, qui constitue un élément essentiel dans la prise en charge des maladies chroniques, le comité invite les pharmaciens à se former afin d'acquérir et de maintenir un niveau élevé des compétences nécessaires pour participer à l'éducation thérapeutique des patients. Quant aux Etats, ils sont appelés à encourager l'implémentation de modules spécifiques de formation à l'éducation thérapeutique, aussi bien dans les cursus universitaires qu'en matière de formation continue, notamment pour les pharmaciens. Il y a également la lutte contre les médicaments falsifiés et le rôle des pharmaciens. Un sujet qui a beaucoup été abordé lors du FPI et dont plusieurs pays d'Afrique souffrent énormément. Dans ce sens, le comité souligne dans son rapport que les pharmaciens ont un rôle primordial à jouer dans la lutte contre la pénétration des médicaments contrefaits, à la fois en garantissant la sécurité de la chaîne pharmaceutique mais également en menant des actions auprès des patients. Cette contribution passe aussi par la mise en œuvre de « guides de bonnes pratiques » dans la chaîne de distribution des médicaments, indique-t-il. A cet effet, les pharmaciens appellent les Etats et les autorités de santé d'Afrique à favoriser l'adoption de la définition des médicaments de qualité inférieure ou falsifiés, définition approuvée par l'Assemblée Mondiale de la Santé en 2017(WHA/A70-23), par tous les acteurs de la lutte contre les faux médicaments , afin de faciliter la mise en œuvre des stratégies de lutte. Pour pallier la vulnérabilité des circuits d'approvisionnement et faire face à cette situation inquiétante en plein essor, les Etats sont également sollicités, pour le renforcement de l'arsenal législatif et des moyens de contrôle, pour un engagement et une volonté politique de lutte contre les produits de santé contrefaits, pour renforcer la capacité des Directions des Médicaments et de la Pharmacie (DMP), pour l'enregistrement des médicaments et produits de santé et enfin signer et ratifier la convention Médicrime. La formation continue dans la prise en charge des patients en officine, cas de « La prise en charge des plaies et des escarres à l'officine », était également à l'ordre du jour lors du FPI. Dans son rapport, le comité scientifique du FPI relève que dans nos pays, la transition démographique, l'allongement de l'espérance de vie, la transition épidémiologique avec l'explosion des maladies non transmissibles particulièrement chez les personnes âgées, les complications du diabète dont la prévalence est en forte hausse, ainsi que certaines situations pour lesquelles le patient est immobilisé, peuvent conduire à des escarres ou des ulcérations cutanées. Comment les prendre en charge peut représenter un modèle de contribution à la prise en charge des patients en relais et en coopération interprofessionnelle autour du patient. A cet égard, le comité recommande d'encourager l'élaboration de protocoles adaptés de prise en charge des patients, en particulier dans les situations sanitaires spécifiques et prioritaires de nos pays respectifs, l'implémentation de modules de formation continue dans le suivi thérapeutique (pharmaceutical care), tel que recommandé par l'OMS et la FIP (Fédération internationale de la pharmacie). Le comité ajoute pareillement que le développement du médicament conseil en officine s'inscrit pleinement dans le cadre de l'optimisation des systèmes de santé et dans les politiques de santé de nos pays. Outre les recommandations faites niveau scientifique et médical, le comité aborde notamment dans son rapport la couverture médicale universelle (CMU), soulignant qu'il est « est important de rappeler la place centrale du médicament et des produits de santé qui ne doit jamais être perdue de vue dans l'avancée vers la Couverture sanitaire universelle ». « La Couverture universelle, en recommandant des prestations de santé de qualité pour tout le monde, ne prône pas moins : d'une part des intrants de qualité aux premiers rangs desquels par ordre de priorité figurent les ressources humaines qualifiées et les médicaments et produits de santé de qualité et, d'autre part des ressources accrues par leurs allocations conséquentes mais en premier lieu aussi la bonne utilisation de l'existant pour lutter contre les inefficiences », peut-on lire dans le rapport. Il est par conséquent fortement recommandé, souligne le comité, la disponibilité de médicaments de qualité, à efficience prouvée, tels que les génériques et ceux figurant sur la liste des médicaments essentiels et leur accessibilité continue pour éviter les ruptures de stock qui constituent un appel aux médicaments illicites avec toutes les fâcheuses conséquences que l'on sait. « Le plaidoyer pour la disponibilité des prestations de bonne qualité est par conséquent un plaidoyer pour l'efficience nécessaire à la continuité de l'offre de santé à laquelle le Pharmacien a les moyens et le devoir de contribuer par son expertise et son rôle d'agent de santé publique. Tous les pays doivent aller vers la généralisation de la couverture médicale universelle. Les cotisations doivent être en fonction du revenu et doivent garantir l'équité sociale », poursuit le comité. Les participants à cette session recommandent dans ce sens, l'accès géographique grâce à un maillage important des officines et un réseau de distribution bien organisé pour réussir la CMU et parer au fléau du circuit illicite et médicaments falsifiés, la réussite de la CMU ne peut se faire sans renforcer les principaux piliers notamment des prestations de santé de qualité et accessibles, des infrastructures des équipements de qualité et des ressources humaines compétentes dont les pharmaciens, l'amélioration des déterminants de la santé, les états sont dans l'obligation de trouver les ressources de financement pour assurer la pérennité du système notamment taxer les produits qui nuisent à la santé comme le tabac et la disponibilité du médicament grâce au développement de l'industrie locale africaine.