La guéguerre qui oppose médecins dentistes d'une part, et prothésistes, d'autre part, prend de l'ampleur. Après le sursaut des dentistes contre le projet de loi 14-25 afin qu'il soit adopté dans sa forme initiale visant la protection de la pratique légale et réglementée de l'exercice des professions des préparateurs et manipulateurs des produits de santé, c'est au tour des prothésistes qui réclament une modification de ladite loi, leur permettant ainsi d'assurer quelques fonctions réservées aux dentistes, tel la pose de prothèse. Photo : Mounir Mehimdate Pour faire entendre leur voix, quelques dizaines de prothésistes ont observé un sit-in ce mercredi 3 juillet devant le siège du Parlement, appelant le chef du gouvernement et le ministère de la Santé à défendre leur métier « qui existe depuis des lustres ». « On est là pour réclamer nos droits. On exerce ce métier depuis bien avant l'indépendance. On l'a hérité de père en fils. Aujourd'hui nous réclamons au gouvernement et à Anass Doukkali (ministre de la Santé) de revoir le projet de loi 14-25, qui met les denturologues à l'écart. De plus, on ne demande pas à faire des soins (...), nous souhaitons uniquement avoir le droit de poser des prothèses et d'exercer notre métier qui existe légalement dans plus de 30 pays du monde. Dans ces pays-là, les « denturologues » collaborent avec les médecins dentistes, et chacun de son côté exerce un acte », nous explique Ali Afifi, Secrétaire général du syndicat national des prothésistes dentaires, affilié à l'Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM). En effet, les prothésistes réclament au gouvernement le droit de « uniquement » poser la prothèse directement dans la bouche du patient sans passer par le dentiste, de confirmer « légalement » l'existence du métier de « denturologue » dont le nombre dépasse les 15.000 actifs, et de revoir la loi 14-25 qui les exclut, alors que leur fonction se limitait, jusque-là, à la fabrication de prothèses. Photo : Mounir Mehimdate Toutefois, les dentistes de leur côté affirment que le métier de « denturologue » est, justement, interdit et « n'existe nulle part au monde ». Et même dans les pays où il existe, ses fonctions sont limitées à la réalisation d'un exercice artisanal et non médical en tant qu'artisan prothésiste dentaire, comme le cas en France, explique à Hespress Fr Dr El Jay Président de la Fédération nationale des syndicats des médecins dentistes du secteur libéral (FNSMD). Interrogé sur ce point, Ali Afifi revient au point de départ en soulignant à Hespress Fr, que le prothésiste existe bien avant le médecin dentiste. « Demandez à la première promotion des médecins dentistes chez qui ils ont passé leur stage ? », s'est-il interrogé avant de répondre « chez le prothésiste ». Et de poursuivre que « même les dentistes aujourd'hui exercent des fonctions qui ne sont pas les leurs. Ils affichent devant leur cabinet chirurgien-dentiste alors que leurs tâches consistent aux soins et traitements et non pas la chirurgie. Il y a même ceux qui font de l'implantologie, qui est une spécialité, sans qu'ils aient la moindre formation dans ce sens ». Photo : Mounir Mehimdate Est-ce vrai ou faux ? Hespress Fr a fouiné dans ce sens pour découvrir auprès d'un médecin dentiste qui s'est confié sous couvert de l'anonymat que le diplôme obtenu à la faculté de médecine dentaire est un diplôme de chirurgien-dentiste. Lors de leur formation à l'université, les étudiants passent par tous les services, c'est-à-dire spécialités, excepté ceux de l'orthodontie, l'implantologie et une section dans le service de la parodontite. Une fois le diplôme en poche, les dentistes effectuent à ce moment-là des formations dans les spécialités qu'ils souhaitent exercer par la suite, pour justement compléter leur formation. Photo : Mounir Mehimdate Pour revenir au point de discorde entre les prothésistes, qui se surnomment « denturologue », et les médecins dentistes, il est vrai qu'à une certaine époque, bien avant l'indépendance, le citoyen s'adressait au « prothésiste » pour tout ce qui concerne sa bouche. Ce dernier utilisait « les moyens du bord », pour soulager le patient. Cependant, la médecine a beaucoup évolué au Maroc, souligne notre interlocuteur. «Des facultés de médecine dentaire ont vu le jour, pour justement apporter les soins nécessaire aux patients avec des techniques purement médicales en passant par un cursus rigoureux afin d'éviter les complications qui peuvent s'avérer dangereuse sur la santé du citoyen, si plusieurs critères ne sont pas respectés et appliqués lors du traitement», nous explique-t-il.