Est ce une affaire qui est près de se dénouer? ont pourrait le croire. Les médecins dentistes du secteur libéral ont observé, comme promis, un débrayage national, lundi 13 janvier accompagné d'un sit-in devant le ministère de la Santé à Rabat pour rappeler leur attachement à leur dossier revendicatif. Dr. Taoufik El Jay, président de la Fédération nationale des syndicats des médecins dentistes du secteur libéral du Maroc (FNSMD), a indiqué à Hespresse FR qu'un responsable du ministère a pris contact de manière « officieuse » avec la fédération quelques heures après la fin du sit-in, réussi à hauteur de 90%, pour lui a fait part de la volonté du ministère de résoudre leur situation à travers le dialogue. Selon la FNSMD, il est temps que le nouveau ministre, qui a dûment passé la période de bienvenue, se penche sérieusement sur leur dossier revendicatif et leur situation qui « empire » de jour en jour, sans qu'ils ne reçoivent «le moindre signe de dénouement» de la part des responsables du secteur, «par la mise en place de solutions adéquates aux différentes problématiques soulevées». En effet, la FNSMD avait annoncé la tenue d'une grève nationale et d'un sit-in le 13 janvier suite à«la politique de marginalisation et de procrastination des autorités concernées dans le traitement de ses réclamations », affirmant « refuser catégoriquement de rester de marbre devant la détérioration continuelle et exponentielle de la situation des médecins dentistes, menant sans nul doute vers une faillite morale et matérielle sans précédent ». Photo Mounir Mehimdate Parmi les revendications phares de cette catégorie de professionnel de santé, il y a l'exercice illégal de la médecine dentaire par les charlatans et les prothésistes qui « ouvrent eux aussi des cabinets et exercent la profession en toute tranquillité et sans aucune impunité » nous avait affirmé Dr. Mourad Gamani membre de la Fédération. D'après notre interlocuteur « les charlatans et les prothésistes mettent en danger la vie des citoyens, répandent des maladies mortelles et font des erreurs graves. Ils n'ont ni formation, ni diplôme en médecine dentaire, ils ignorent les bases de la profession, et in fine le pauvre patient court chez un vrai médecin dentiste parce que c'est lui seul qui peut sauver la situation à la fin ». D'ailleurs le projet de loi 14-25, relative à l'exercice des professions de préparateur et de manipulateur des produits de santé, et qui permettra de mettre fin au charlatanisme dans la profession, est toujours en « stand-by » au niveau de la deuxième chambre du Parlement depuis quelques années déjà. La fédération avait même fait un sit-in devant la tutelle et le Parlement, demandant la publication du projet de loi au Bulletin Officiel (BO), et « dans sa version initiale déjà approuvée par la Chambre des représentants et non pas dans la version modifiée par les lobbys, qui donnent la main aux prothésistes et charlatans pour exercer le métier des médecins dentistes». Une demande qui n'a toujours pas trouvé écho au sein de l'hémicycle. Le second point qui préoccupe les médecins dentistes du secteur libéral n'est autre que « l'égalité fiscale », puisque cette catégorie de professionnels de santé, qui couvre « plus de 90% des services médicaux de cette spécialité au Maroc », paye « 6% pour la cotisation minimale plus 38% sur l'IR (impôt sur revenu), plus la TVA qui n'est pas récupérable », ce qu'ils estiment « trop et aberrant » en comparaison avec ce que payent « les sociétés à but non lucratif et les commerçants ». Autre point que réclament les chirurgiens-dentistes du secteur libéral : l'absence de la couverture médicale et d'une retraite. En effet, les dentistes payent les cotisations CNSS et la retraite pour leurs employés (assistantes, aide ...), toutefois, eux, n'ont pas droit à ce « privilège ». Conscients du fait que l'opinion publique marocaine estime qu'ils font partie de la catégorie des « nantis », les dentistes expliquent que « la consultation et les soins s'avèrent chers pour les patients parce qu'ils payent dans leur grande partie des impôts directs et indirects ». Des impôts et taxes élevés que les dentistes du secteur libéral payent et considèrent comme une « entrave à l'épanouissement du secteur (recrutement, achat de matériel sophistiqué) et à l'accès au soin dentaire à tous les citoyens et avec des prix raisonnables ». Les dentistes « ne sont pas contre le fait de payer leurs impôts, mais exigent une équité fiscale », nous dit-il. Concernant le bras de fer avec la tutelle, Dr. Taoufik El Jay, président de la fédération, a indiqué à Hespress Fr que le débrayage du lundi 13 janvier vient rappeler encore une fois à la tutelle qu'ils ne lâcheront pas l'affaire en ce qui concerne leurs doléances « légitimes ». Photo Mounir Mehimdate D'ailleurs, notre interlocuteur a souligné que son syndicat a fait « preuve de bonne volonté » en attendant que « le nouveau ministre s'installe, mais la situation est urgente du côté des médecins dentistes du privé ». « Il faut que la tutelle se penche sur notre dossier, qu'elle reconnait comme légitime, notamment la couverture médicale dont les médecins ne disposent pas, alors que nous couvrons près de 90% de la demande en matière de santé dentaire du Royaume », a-t-il souligné. En attendant, nous dit Dr Jay, aucune date n'a été arrêtée pour une réunion entre les deux parties, mais « la fédération est satisfaite de cette réaction et demeure disposée à engager le dialogue atour du dossier revendicatif en vue de parvenir à un règlement de cette situation« . Affaire à suivre …