Le coup d'envoi de la Coupe d'Afrique des Nations a été donné dans la soirée du 21 juin au Caire en Egypte. Au-delà de fête footballistique et de la compétition acharnée pour décrocher le graal continental, l'Egypte devra gérer une autre donne et relever un défi autrement plus important, à savoir la sécurité. En effet, depuis la révolution de 2011, dans le sillage du printemps arabe, qui a fait chuter le président Hosni Moubarak, l'Egypte d'Al-Sissy est secouée d'incidents, dont certains justement liés à des événements sportifs. Lors de la conférence de presse tenue le 22 janvier dernier pour dévoiler les villes devant abriter les rencontres de cette CAN, à savoir Le Caire, Alexandrie, Port-Saïd, Suez et Ismaïlia, le patron de la fédération égyptienne de football (EFA), Hany Abo Rida, a affirmé le problème sécuritaire ne devrait pas se poser. « Il y a de grands projets concernant la sécurité. Je pense que nous n'aurons aucun problème », a-t-il dit. Tentant également de rassurer ses hôtes, l'EFA a posté sur son compte twitter un message justement axé sur cet aspect qui a soulevé plusieurs interrogations. «l'Egypte, pays de la sécurité, accueille les pays africains et leurs supporteurs à la CAN 2019 ». Car il faut dire que le choix même des villes hôtes a fait débat. En effet, le stade de la ville d'Ismaïlia avait été, en janvier dernier, le théâtre d'incidents violents entre supporters, qui ont émaillé la rencontre opposant l'Ismaily FC au Club africain, (Tunisie). Cet événement n'était pas sans rappeler celui, encore plus dramatique, de février 2012, quand au moins 74 personnes, pour la plupart des supporters d'Al-Ahly, sont mortes dans des heurts au stade de Port-Saïd (nord) après une rencontre entre le club cairote et l'équipe locale d'Al-Masry. « Nous ne punirons pas Ismaïlia et les passionnés de football à cause des agissements survenus pendant un seul match », a tenté de rassurer Abo Rida. L'Egypte pour sauver la situation La tâche sera d'autant plus difficile que l'Egypte a été désignée à la dernière minute pour accueillir cette édition de la CAN, retirée au Cameroun en décembre dernier. Si le pays des Pharaons en est à sa 5è organisation de la CAN, c'est tout de même la première après 2011, mais surtout 2013 après la destitution par l'armée du président (aujourd'hui décédé), Mohamed Morsi, et les incidents qui s'en sont suivis et qui ont plongé le pays dans l'instabilité sécuritaire. Les autorités égyptiennes qui ne disposaient que de 158 jours pour rassurer sur leur capacité à abriter une compétition sécurisée qui s'étale sur un mois, ont tout fait pour ne rien laisser au hasard. Le choix même des villes-stades présente l'avantage de limiter les déplacements, alors que les routes égyptiennes sont parmi les plus dangereuses du monde. Les étrangers ciblés Par ailleurs, à la suite des violences dans les stades ces dernières années, et dont certaines commises par les forces de l'ordre elles-mêmes, plusieurs matchs se ont déroulés sans public. Si l'interdiction a progressivement été levée en 2018, certaines rencontres, jugées sensibles, se déroulent encore à huis clos, une mesure qui ne pourra en aucun cas être appliquée aux matchs de la CAN. Mais au-delà de la maîtrise des foules dans les stades, le Caire devra aussi gérer les attaques et autres attentats terroristes, notamment ceux faisant des touristes leur cible favorite, dont le plus récent remonte à décembre 2018, quand trois vacanciers vietnamiens et leur guide égyptien ont été tués dans un attentat à la bombe près des pyramides de Guizeh. Depuis des années déjà, des groupes extrémistes sont extrêmement actifs en Egypte et leurs attaques ont tué des centaines de membres des forces de sécurité, mais aussi des civils, notamment des chrétiens coptes et des touristes étrangers. Il était dans ce sens redouté d'assister à une recrudescence des actes terroristes à l'approche de la CAN dans le but de dissuader les supporters et les équipes dans le pays, mais maintenant que les dés sont jetés, les autorités égyptiennes n'ont plus d'autre choix que d'assumer le défi relevé en se portant candidat (de dernière minute) à l'organisation. Au-delà d'assurer un bon déroulement, dans les meilleures conditions qui soient, de la plus grande manifestation sportive continentale, l'autre enjeu de taille pour l'Egypte consiste à marquer son retour sur la scène internationale.