Les grandes évolutions qu'a connues le secteur de l'agriculture au Maroc durant les dix dernières années ont été exposées, mardi soir, à Paris lors d'une conférence-débat au siège de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). Organisée sous le thème «L'agriculture, levier de développement au Maroc», cette conférence-débat, à laquelle ont pris part notamment des experts de l'IRIS, des chercheurs et des étudiants, a permis de mettre en lumière les principaux chantiers lancés dans le cadre du programme stratégique Plan Maroc vert. Modérée par Sébastien ABIS, directeur du Club Demeter, chercheur associé à l'IRIS, la conférence a été marquée par la participation de Mahdi Arrifi, Directeur général de l'Agence pour le Développement Agricole (ADA), Mohammed El Moatamid, Chef de la division de l'ingénierie des projets à la Direction de développement de l'espace rural et des zones de montagne au ministère de l'agriculture et Stéphane Yrles, Secrétaire général du groupe Avril, leader européen dans la filière des oléagineuses et qui est établi depuis plusieurs années au Maroc. Arrifi a brossé, à cette occasion, un tableau des grandes réalisations du Plan Maroc Vert durant la période 2008-2018, soulignant que le PIB agricole a connu un taux de croissance, en termes réels, de 5,25 %, dépassant de loin celui réalisé dans d'autres secteurs de l'économie nationale. Cela a permis de passer d'un PIB de 77 milliards de DH en 2008 à 125 milliards en 2018, a-t-il indiqué. En 2018, l'agriculture a contribué à hauteur de 37 % à la croissance du PIB par habitant contre seulement 13 % en 2008, a-t-il également précisé. L'agriculture solidaire Le secteur a drainé aussi durant ces dix années des investissements de l'ordre de 110 milliards de DH, dont 62 % sont privés, et a permis de générer plus de 300.000 postes d'emplois permanents additionnels, avec une nette amélioration de la productivité, s'est-il réjoui. Arrifi a ajouté dans le même cadre que les exportations agricoles marocaines ont plus que doublé durant cette décennie (112 %), passant de 15 milliards en 2008 à 36 milliards en 2018. Enumérant les grands chantiers structurants lancés dans l'infrastructure agricole, en particulier en ce qui concerne l'irrigation localisée, il a notamment fait état de l'équipement de 560 mille hectares, ce qui permis, a-t-il dit, d'économiser et de valoriser plus de 2 milliards de m2 de ressources en eau par an. Lors de cette conférence-débat, organisée par l'IRIS en partenariat avec l'ambassade du Maroc en France, le Directeur général de l'ADA a évoqué les projets de partenariats publics-privés mis en place en matière de dessalement de l'eau. S'agissant de l'agriculture solidaire, le responsable a affirmé que 950 projets ont été lancés depuis 2008 pour un investissement de 14,5 milliards de DH. Ces projets ont bénéficié aux zones où il n'y a pas de grandes potentialités agricoles, a-t-il expliqué. Arrifi s'est attardé aussi sur les projets de filières agricoles, qui font partie des priorités du Plan Maroc vert. Les taux d'augmentation réalisés par ces filières sont très importants, allant de 39 % pour celle du lait, 48 % pour celle des viandes rouges, 110 % pour celle des agrumes à 217 % pour celle des olives. Cela a permis, a-t-il précisé, de promouvoir la sécurité alimentaire du pays et la couverture de ses besoins alimentaires (100 % pour les fruits et légumes, 100% pour les viandes rouges, 98 % pour le lait, 57 % pour les céréales et 47 % pour le sucre). Développement rural Arrifi a de même cité les projets mis en place en matière d'adaptation climatique et de développement rural, qui sont, a-t-il observé, au centre de tous les chantiers entrant dans le cadre du Plan Maroc Vert, ainsi que ceux concernant la sécurité alimentaire et la qualité des produits. El Moatamid a fourni, pour sa part, à l'assistance, des éclaircissements sur les différents programmes lancés depuis les années 60 au Maroc en matière de développement rural ainsi que sur l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH). Il a ainsi passé en revue les réalisations accomplies en matière de désenclavement des territoires, d'électrification, d'approvisionnement en eau potable et de lutte contre l'exclusion sociale. Tous ces programmes, a-t-il dit, visent à réduire les disparités entre l'urbain et le rural et à lutter contre la précarité et la pauvreté. El Moatamid a évoqué, par ailleurs, les questions en rapport avec la bonne gouvernance en matière d'investissements agricoles. Stéphane Yrles, a donné, quant à lui, des explications sur l'expérience au Maroc du groupe Avril. Il a évoqué aussi l'expérience du co-investissement dans le cadre du développement en Afrique. Un débat fructueux s'est ensuite engagé avec la nombreuse assistance sur des questions se rapportant, entre autres, aux statuts fonciers au Maroc, au phénomène de surproduction, aux exportations des produits marocains, aux échanges intra-africains et à l'initiative d'adaptation agricole.