La France jouerait double-jeu selon Tripoli après l'interception de plusieurs ressortissants français, des « diplomates », en Tunisie. Tunis et Tripoli estiment que ces personnes travailleraient pour les renseignements. Alors qu'ils tentaient d'entrer en Tunisie par la Libye en empruntant le point de passage de Ras Jedir dimanche dernier, un groupe composé de 13 ressortissants français munis de passeports diplomatiques ont été interceptés par les gardes-frontières en possession d'un important arsenal d'armes et de matériel de renseignement à bord de véhicules tout terrain. Les 13 Français ont refusé de livrer leurs armes aux autorités militaires tunisiennes, mais y ont été contraints à la fin a assuré mardi 16 avril, le ministre tunisien de la Défense Abdelkrim Zbidi, cité par Tunisienumérique. Jeudi 18 avril, l'ambassadeur français à Tunis, Olivier Poivre d'Arvor, a publié un communiqué s'expliquant sur l'identité de ces ressortissants français. Selon lui, ce groupe de personnes assurent la sécurité de l'ambassadrice de France à Tripoli qui a dû quitter la Libye en urgence, au vu de « l'évolution rapide de la situation en Libye » indique le communiqué, en référence à l'offensive du maréchal Khalifa Haftar vers la capitale débutée le 4 avril. « Ce détachement transportait dans ce cadre des équipement adaptés à son rôle, à savoir la sécurité personnelle de l'Ambassadrice », a écrit le diplomate, ajoutant qu »il a veillé personnellement « à ce que la préparation de son déplacement s'effectue en étroite coordination et en toute transparence avec l'ensemble des autorités tunisiennes concernées ». Les armes qui ont été sécurisées à la caserne de Ben Guerdane, selon la déclaration du ministre tunisien de la Défense, seront rapatriées en France a déclaré quant à lui, Olivier Poivre d'Arvor dans son communiqué. Tunis et Tripoli contre Paris Cet incident qui avait l'air d'être anodin est en réalité le second dans le genre. Quelques jours auparavant, un groupe de 11 personnes de nationalités européennes (leur nationalité n'a pas été dévoilée, ndlr) avait tenté de joindre l'île tunisienne de Djerba par la mer. Là aussi, ce groupe avait refusé de s'arrêter et n'avait finalement pas déclaré la totalité du matériel militaire qu'il transportait, reprochent les autorités tunisiennes. Pour Tunis et Tripoli, ces groupes transportant du matériel d'espionnage et des armes sont des membres des services de renseignements, contrairement aux affirmations de Paris qui les considère comme des membres de « sécurité ». Selon des sources proches de la présidence tunisienne, citées par RFI, Tunis prendrait les choses au sérieux estimant que « ces agissements portent atteinte à notre souveraineté ». Selon la même source, l'île de Djerba serait « devenue une base arrière » pour les services de renseignement étrangers. Ne voulant pas être mêlée à la situation chaotique en Libye, qui est plus proche du début d'une guerre que de la résolution du conflit, la Tunisie, pays frontalier à la Libye, s'inquiète pour sa stabilité. « Cette activité nous rend responsables de ce qui se passe en Libye et pourrait nous causer des ennuis. La stabilité de la Tunisie dépend de celle de la Libye » a ajouté la source sous couvert d'anonymat citée par RFI. Du côté de la Libye, pas de doutes, la France est perçue comme jouant dans les deux camps. Une source proche du gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, a indiqué qu' »une quinzaine d'officiers des renseignements français seraient arrivés à Gheryane » à la mi-février. Selon la même source, la mission de ce groupe était d'aider les forces de Khalifa Haftar à préparer l'offensive contre la capitale. Fayez El Serraj, le Premier-ministre du GNA, a regretté la position pas assez engagée de Paris. Tripoli voit le silence des capitales mondiales, y compris de Paris, devant l'assaut du maréchal Haftar sur la capitale libyenne comme un soutien politique à l'homme fort de l'Est.