La tendance du marché des céréales en Afrique semble favoriser les grains en provenance de la Russie, au détriment de ceux du continent européen. La France, qui était jusqu'à présent le principal fournisseur de grains pour le marché africain, n'y détient plus qu'une part de 10 %, alors que la Russie s'impose avec une part de 40 %. La France dispose, certes, d'une place importante dans l'économie africaine, du fait de sa présence historique sur le continent. Le pays conserve sa position de «leader» sur certains marchés, notamment l'Algérie, mais perd du terrain sur d'autres, notamment le Maroc, qui est de plus en plus séduit par le blé en provenance d'Argentine. L'Algérie reste le principal importateur de la production française. Dans ce sens, il est à noter que les importations de blé français du pays se sont établies à 4,5 millions de tonnes à hauteur du 8 avril courant. Cela dit, les exportations de blé français vers d'autres marchés africains, pour la même période, se sont établies à 922.000 tonnes pour le Maroc et de 378.000 tonnes vers l'Egypte. La régression de la demande égyptienne est due au règlement strict du pays vis-à-vis de la qualité des grains importés. Ainsi, un cargo de 63.000 tonnes a été bloqué, notamment du fait d'un taux d'ergot, maladie parasitaire qui s'attaque aux graminées, élevé selon les standards du pays. La cargaison en question affiché un taux d'ergot de 0,1 %, loin des 0,05 % autorisé par l'Office Egyptien d'Importations des Céréales. Argentine-Maroc : opération séduction sous le signe du blé Pour ce qui est du Maroc, les derniers chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP) prévoyaient un recul de 4,8 % de la production agricole, résultant de la situation pluviométrique en baisse. Les estimations pour l'année en cours indiquent que la production céréalière devrait s'établir à 6 millions de tonnes, contre 10,3 millions de tonnes une année auparavant. La production céréalière argentine séduit bien le Maroc, en étant le 3e pays avec lequel le royaume traite dans ce sens, tout juste après les Etats-Unis et la France. Les importations de céréales argentines au Maroc se sont ainsi établies à 1,32 million de tonnes, au titre de la campagne agricole 2017-2018. Ce chiffre reste bien «modeste» pour l'Argentine, qui voudrait «liquider» une partie de son stock d'invendus au royaume. Il est à noter que la production de blé s'est établie à 20,22 millions de tonnes pour la campagne agricole 2017-2018, selon les données agricoles de l'Argentine. A noter que la consommation nationale ne dépasse guère 6,5 millions de tonnes pour ladite période. L'Algérie sauvera-t-elle le blé français en Afrique ? En plus des «relations historiques» qui lient la France et l'Algérie, nos «voisins» ont un penchant pour le blé français, car il propose un rapport qualité-prix «correct» par rapport aux standards du pays. Mais le pays ne reste pas indifférent aux «avances» du marché russe, qui alimente déjà de nombreux pays du continent, proposant une meilleure offre que la France à ce niveau. La république devrait donc s'attendre à un recul de la demande algérienne sur le moyen ou long terme dans ce sens. Cette situation semble peu inquiéter la France, dont les exportations de blé se sont placées à la 3e position, en 2017, des échanges effectués avec l'Algérie, tout juste après le secteur automobile et pharmaceutique. Le recul des performances de la France sur le marché du blé en Afrique est le résultat direct de la mauvaise campagne agricole qu'a connu le pays en 2016. L'offre ne pouvait plus répondre à la demande des pays africains, qui se sont ouverts à d'autres marchés dans ce sens. L'Algérie demeure ainsi le seul marché où le blé français domine encore, alors que l'Egypte par exemple, est devenue un principal consommateur de blé russe. Cette situation devrait pousser le marché français à être plus compétitif pour ce qui est des exportations de sa production céréalière à destination du continent africain, sous peine d'y être écarté de façon permanente. Cela dit, les professionnels du secteur en France s'attendent à de bonnes performances du secteur pour l'année en cours. Dans ce sens, ils indiquent que les estimations pour la production céréalière sont à 84 % «bonnes à très bonnes», contre 78 % pour la même période de l'année précédente.