Au terme de la campagne commerciale 2019-2020, les exportations françaises de blé tendre ont bondi de 23,5 %, à 21,2 millions de tonnes (Mt). Une performance à mettre notamment au crédit des ventes réalisées en direction des pays tiers, en hausse de 40,7 %, à 13,6 Mt. L'Algérie et le Maroc continuent de tirer vers le haut, les exportations françaises hors Union européenne (UE). Selon les dernières données de Refinitiv, le service de données de Reuters, les deux pays ont absorbé 54 % des expéditions tricolores en dehors du marché communautaire en février dernier (821 000 tonnes). Aussi des exportateurs historiques comme la France continuent de tirer leur épingle du jeu. C'est qu'en Afrique du Nord, région qui abrite plusieurs gros consommateurs de la céréale, le marché du blé est l'un des plus dynamiques du monde. Mais dans l'affaire il ne faut pas occulter la Chine qui est devenue le troisième acheteur de blé, derrière l'Algérie et le Maroc. La France a également bénéficié des difficultés de l'Australie et de l'Argentine, ainsi que de disponibilités abondantes (39,1 Mt de blé, + 13,9 %). Pour concurrencer la part du marché français de nouveaux entrants affichent leurs ambitions à l'export, comme la Russie ou l'Ukraine. Mais pour l'heure pas d'inquiétudes, le blé français reste sur sa bonne lancée de bonne compétitivité auprès de ses clients les plus proches et traditionnels comme l'Algérie, le Maroc ou l'Egypte notamment. C'est l'Algérie qui tient le haut de l'affiche en restant le plus important débouché pour le blé français hors-UE avec des importations de 309 000 tonnes de céréales. Ce stock représente plus du tiers du volume total sur ladite période et marque le plus important niveau enregistré depuis le début de la saison 2020/2021 en juillet dernier. De son côté, le Maroc a acheté environ 138 000 tonnes de blé en provenance de l'Hexagone, c'est là aussi un pic pour le Royaume durant la campagne en cours. Cette vigueur des expéditions de blé vers l'Algérie et le Maroc, a permis à la France de plus que compenser la baisse de ses envois vers la Chine qui ont dégringolé à 68 000 tonnes. Mais pour enthousiasmants soient-ils, il y a un bémol à ces chiffres. En effet, le contexte de la concurrence pèse dans la balance et la France pourrait s'en ressentir quant au maintien de cette dynamique. En effet, selon l'USDA, le département de l'Agriculture des Etats-Unis, l'Ukraine pourrait émerger en 2020/2021 comme le premier fournisseur du Maroc avec un meilleur rapport qualité/prix pour son blé par rapport à la céréale française dont la récolte est d'ailleurs attendue pour cette campagne quelque peu en berne. En parallèle, la Russie pourrait lui grappiller quelques parts de marché car l'Algérie dans sa volonté de diversifier son approvisionnement en blé donne lieu à une concurrence entre la France et la Russie. Le cahier des charges de l'office d'Etat algérien, en charge des importations de blé tendre, a relevé le seuil de grains punaisés et ouvert la porte aux blés russes. Un coup dur pour la France ? Non ! car l'Algérie perdrait en qualité, celle de la France n'étant plus à faire. Bref, selon l'institution américaine 2020/2021, l'Algérie devrait consommer 11 millions de tonnes de blé alors que pour le Maroc, les prévisions tourneraient autour de 10 millions de tonnes. Plus globalement, l'USDA estime que l'Afrique du Nord émergera durant ladite saison comme le premier pôle d'importation mondial de blé avec 29,4 millions de tonnes de la céréale, surpassant ainsi l'Asie du Sud-Est (27,1 millions de tonnes). Par ailleurs, selon les données de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Maroc est au dixième rang dans les importations mondiales de blé (campagne 2019/2020). En effet, le Royaume a importé plus de 4,3 millions de tonnes de cette céréale durant cette période. Les importations de blé au Maroc devraient augmenter à 5,5 millions de tonnes durant la campagne agricole 2020/2021. Ce qui fera de lui le 9ème importateur mondial de blé. L'Egypte est au premier rang du top 10 des pays ayant effectué le plus d'importations de blé en 2019, d'après la FAO. Elle est suivie de l'Indonésie, la Turquie, le Brésil, les Philippines, le Bangladesh, l'Algérie, le Japon, le Maroc et le Mexique. En Afrique, les importations totales de blé pour la campagne 2020/2021 devraient s'élever à 49,5 Mt.