Faisant suite à la nomination d'Abdelkader Bensalah en tant que remplaçant par intérim d'Abdelaziz Boutefika, des milliers d'étudiants sont sortis dans les rues algériennes pour dénoncer cette nouvelle. Les manifestations des jeunes étudiants ont été réprimées par la force. Une première depuis le début de la contestation en Algérie débutée le 22 février, suite à l'annonce de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika pour un 5ème mandat. Dès l'annonce de la nomination d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat pour assurer l'intérim pendant la période de transition, les étudiants algériens sont sortis dans les rues pour faire part de leur désaccord profond. Pour eux, cette nouvelle nomination sonne comme une prolongation de l'ère Bouteflika. En effet, pour les Algériens, Abdelkader Bensalah qui était jusqu'ici le président du Conseil de la Nation, la chambre haute du Parlement, est un « pur produit » du système Bouteflika, et ce même si le personnage s'est toujours distingué par son silence. Dans plusieurs Wilayas du pays, les étudiants, véritable fer de lance de la « révolution » algérienne qui a fait tomber l'historique président Abdelaziz Bouteflika, 20 ans au pouvoir, ont manifesté refusant d'être gouvernés par cet homme « ne serait-ce qu'une minute ». Pourtant, dans les faits, la durée du mandat d'Abdelkader Bensalah, surnommé « le marocain », ne peut pas excéder 90 jours et ses prérogatives sont si limitées et qu'il n'est pas autorisé à remanier le gouvernement par exemple. Utilisation de gaz lacrymogènes et du canon à eau à la Grande Poste #Alger #Algérie pic.twitter.com/8JH6c8DPpD — Zahra Rahmouni (@ZahraaRhm) April 9, 2019 Les forces de l'ordre ont, pour la première fois fait usage de la force depuis le début de la contestation populaire ayant commencé le 22 février. Dans la capitale, la police a lancé des gaz lacrymogènes et dirigé des canons à eau en direction des étudiants qui appelaient à « Selmia! Selmia! » (Pacifiste! Pacifiste!), selon TSA. De leur côtés, les médias audiovisuels privés ont repris le chemin de la censure en ne retransmettant pas les manifestations des étudiants. Les étudiants algériens continuent de faire face dignement aux canons à eau de la police devant la Grande Poste d'#Alger pic.twitter.com/4dlkCIWctQ — Khaled Drareni (@khaleddrareni) April 9, 2019 De centaines de membres du Groupement des opérations spéciales de la police ont été mobilisés pour encadrer et réprimer les manifestants. Les étudiants ont été choqués par la violence de la répression policière, ils ont dénoncé les mots orduriers et la « hogra » dont ils ont fait l'objet alors qu'ils manifestaient pacifiquement. Les étudiants racontent la manière violente avec laquelle les policiers les ont traités #Alger pic.twitter.com/ZZifGnlNxP — Khaled Drareni (@khaleddrareni) April 9, 2019 L'ONG Amnesty International n'a pas tardé à réagir à la répression policière des manifestations estudiantines. Dans un communiqué, l'organisation a déclaré que « les manifestations massives se sont majoritairement déroulées dans le calme à Alger et dans le reste du pays depuis le 22 février ». L'ONG a par ailleurs appelé les autorités algériennes à respecter le droit à la liberté d'expression et à manifester. « Les autorités algériennes se doivent de respecter le droit de manifester pacifiquement garanti par la Constitution. Les arrestations arbitraires de manifestants sont une violation flagrante du droit à la liberté d'expression et de réunion », a indiqué le communiqué d'Amnesty International.