Lancée, début février, par le ministère de l'Equipement, du Transport, et de la Logistique, la Stratégie nationale de la sécurité routière (SNSR) 2017-2026 trouve ses opposants parmi les ophtalmologues du secteur privé au Maroc. Ils soupçonnent l'une des initiatives inscrites dans le cadre de cette stratégie visant à « réduire de moitié le nombre des accidents de la route par rapport au niveau actuel » de « négliger » leur profession et de « servir de campagne publicitaire pour une marque de verres de correcteurs ». Le 5 février dernier, le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) a adressé à Autoroutes du Maroc (ADM) un courrier les autorisant à accueillir sur certaines aires de repos « une opération de communication en collaboration avec le Syndicat des Opticiens du Maroc ». Une initiative rappelant l'importance de la santé visuelle pour les conducteurs, et proposant, parallèlement, des examens visuels gratuits. Les organisateurs de l'initiative affirment que cet examen est réalisé par une équipe médicale spécialisée en Ophtalmologie. Quoi de plus normal, lorsqu'il s'agit de spécialistes des troubles touchant les yeux et la vision afin de détecter d'éventuelles anomalies ? Dans un communiqué cosigné ce 22 février par les présidents du Syndicat national des ophtalmologistes libéraux du Maroc (SNOLM) et de de la Société Marocaine d'Ophtalmologie (SMO), respectivement le Dr Ali Zaroury et le Pr Abdelouahed Amraoui, il est mentionné qu' »aucune association, société savante, ni aucun syndicat n'a a té approché par le Syndicat des opticiens afin d'assurer le volet médiale » de cette séparation. De ce fait, les deux représentations des ophtalmologistes marocains accusent le syndicat des opticiens de « faire illégalement pratique de la médecine » lors de cette manifestation qui a débuté le 21 février pour se terminer hier, le 23, « puisque aucun ophtalmologiste n'y a participé » stipulent les praticiens. Ils voient rouge Les dénonciateurs iront jusqu'à donner à l'inauguration officielle de cette campagne une empreinte publicitaire. D'après le SNOLM et la SMO, l'événement « a été sponsorisé par une marque de verres correcteurs sous couvert de supposée action sociale, et en présence de médias audiovisuels ». « L'examen de la vision est un acte médical qui ne peut être réalisé que par un ophtalmologiste (…) Un opticien lunetier est un praticien inscrit au registre de commerce qui n'est pas lauréat de la faculté de médecine » explique le communiqué conjoint du SNOLM et de la SMO. Les deux entités tiennent également à attirer l'attention des personnes examinés lors de cette manifestation qu' »il ont prés de 40% de probabilité d'avoir une pathologie médicale, potentiellement grave et cécitante qui n'aurait pas été diagnostiquée », lors l'examen de vue programmé. « une acuité visuelle 10/10 avec ou sans correction n'est pas un gage de bonne santé visuelle et ne dispense pas de l'expertise de l'ophtalmologiste » ajoutent-ils. Les deux signataires du communiqué précisent qu'ils ont saisi le ministre de l'Equipement, du Transport, et de la Logistique « afin de prendre les mesures urgentes qui s'imposent » et espèrent « que cessent les tentatives de banalisation des actes médicaux ». Dans ce même cadre, le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) a annoncé retirer son soutien et son parrainage d'une campagne de sensibilisation des citoyens, en particulier les conducteurs, sur le rôle de la santé visuelle dans la sécurité routière, initiée par le Syndicat professionnel national des opticiens du Maroc (SPNOM). Cette décision intervient en raison du « non-respect par le syndicat de conditions fondamentales exigées initialement pour cette campagne programmée du 21 au 23 courant au niveau des aires de repos des axes autoroutiers Tanger-Fès-Marrakech », a précisé le CNPAC. Le CNPAC souligne que cette décision est prise dans le respect des lois régissant les opérations de ce genre, affirmant que le syndicat devra assumer les conséquences juridiques en cas de violation de cette décision.