Les médecins dentistes du secteur libéral n'ont pas encore dit leur dernier mot. La Fédération nationale des syndicats des médecins dentistes du secteur libéral du Maroc (FNSMD) a tenu ce matin à 11h une grève nationale accompagnée d'une marche nationale, à Rabat, surnommée « La marche de la colère ». La manifestation qui a connu la participation de milliers de chirurgiens dentistes du Royaume, a démarré devant le Ministère de la santé pour se terminer devant le Parlement où les chirurgiens-dentistes ont crié haut et fort leur râle-bol de la situation « critique » à laquelle ils font face. Les détails. Le ministère de la santé ainsi que le gouvernement sont sous le feu des critiques. Les manifestations et grèves des différents spécialistes de santé se succèdent. Les pharmaciens le 29 janvier dernier, les infirmiers le 5 février, et aujourd'hui c'est au tour des médecins dentistes du secteur libéral. « Les médecins dentistes sont très en colère », a déclaré au micro de Hespress Fr Dr Mourad Gamani, vice-secrétaire et ex-président de la Fédération nationale des syndicats des médecins dentistes du secteur libéral du Maroc (FNSMD). Alors que le bras de fer entre le ministère de la santé et les chirurgiens dentistes dure depuis des années, ces derniers ont réclamé aujourd'hui, hauts et fort, devant le ministère de la santé et le Parlement à Rabat, qu'il était temps que le gouvernement traite sérieusement leurs revendications « légitimes » et « arrête de faire la sourde oreille » face à la détérioration de leurs conditions sociales et économiques, explique notre interlocuteur. « L'exercice illégale » de la médecine dentaire Parmi les revendications phares qui « gangrènent » la profession des chirurgiens dentistes, on cite « l'exercice illégale » de la médecine dentaire par les « charlatans et les prothésistes », qui ouvrent eux aussi des cabinets et exercent la profession de dentiste en toute tranquillité sans être dérangés par qui que ce soit, affirme Dr Gamani. Et d'ajouter: « Ses derniers mettent en danger la vie des citoyens et répandent des maladies mortelles ». « Aujourd'hui on a le sentiment que quiconque qui n'a aucune profession, n'a qu'à venir ouvrir un cabinet acheté du matériel et commencer à travailler en toute impunité dans la bouche des patients et tout cela au vu des autorités sans que ses dernières ne lèvent le petit doigt pour appliquer la loi et protéger la santé des Marocains qui est en jeu » souligne Dr Gamani. Dans le même contexte, Dr Gamani a abordé un point important. « Le nombre des médecins dentistes ne cesse d'accroître, ce qui est une bonne chose, mais on commence à se demander qu'elle est l'intérêt d'avoir autant de faculté et de médecins dentistes alors qu'on est en train de dénigrer la profession intégralement », souligne notre interlocuteur qui fait référence aux charlatans et aux « prothésistes qui s'y mettent eux aussi. Le second point qui préoccupe les dentistes est « l'égalité fiscale ». «Aujourd'hui le médecin dentiste paye 6% pour la cotisation minimale plus 38% sur l'IR (impôt sur le revenu). On demande donc au chirurgien dentiste de payer plus que les sociétés à but lucratif et les commerçants. Ce n'est pas tout, on ne récupère même pas notre TVA. C'est aberrant ! », s'exclame notre interlocuteur. Les médecins dentistes réclament une « équité fiscale » Dr Gamani a tenu à préciser également que « les médecins dentistes ne refusent pas de payer leurs impôts » mais réclament une « équité fiscale« . Interroger sur l'opinion publique qui pense que les revendications des médecins dentistes sont « illégitimes » puisqu'ils sont considérés comme étant des « riches », Dr Gamani a tenu à mettre les points sur les «I». « Ce que le citoyen marocain doit savoir justement, c'est qu'il paye cher parce qu'il paye dans une grande partie de ses soins des impôts », explique notre interlocuteur. Selon Dr Gamani, tous ces impôts direct et indirect « entravent l'amélioration et l'épanouissement du secteur ce qui empêche la majorité des cabinets d'aller de l'avant » et d'acquérir du matériel sophistiqué et embauché du personnel, sans oublier qu'il « empêche également l'accès aux soins aux citoyens à des prix raisonnables« . L'autre point que réclament également les chirurgiens dentistes du secteur libéral, c'est « l'absence de la couverture médicale et d'une retraite ». Dr Gamani explique qu' »aujourd'hui les médecins dentistes et même les médecins généralistes, payent les cotisations à la CNSS pour la couverture maladie et la retraite pour leurs assistantes mais eux-mêmes ne n'en bénéficie pas ». « C'est malheureux de dire que des fois, on est même arrivé à faire des cotisations entre nous pour couvrir les soins médicaux de certaines maladies ou affection lourde pour des confrères, parce que le médecin dentistes qui a un cabinet privé quand il est malade, il arrête de travailler et donc il n'a automatique plus de revenu, et par conséquent les charges et les dettes s'accumulent. Et le droit ne permet pas à ce cabinet de continuer ou de recruter quelqu'un pour un remplacement« , conclut Dr Mourad Gamani. Photos prises par : Mounir Mehimdate