Les perspectives régionales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) restent sombres dans la lutte contre la corruption. Telle est la conclusion faite par Transparency International qui vient de rendre public son indice de perception de la corruption 2018 (IPC). L'IPC 2018 présente une triste réalité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord où, malgré certains progrès réalisés par quelques privilégiés, la plupart des pays échouent dans la lutte contre la corruption, note le rapport de Transparency International. Les Emirats sortent du lot, la Syrie à la traîne Avec un score de 70 points sur 100, les Emirats arabes unis (EAU) sont en tête de la région. Au bas de la région, la Syrie compte 13 points, derrière le Yémen (14) et la Libye (17). La Syrie et le Yémen figurent également parmi les cinq derniers de l'indice. Avec un score moyen de 39, la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est à la traîne des régions Amériques et Asie-Pacifique (score moyen pour les deux: 44) et ne fait que légèrement mieux que l'Europe de l'Est et l'Asie centrale (score moyen: 35) et Afrique subsaharienne (score moyen: 32). Le Maroc et l'Egypte améliorés de 3 points Cette année, alors que le Maroc et l'Egypte se sont améliorés de 3 points chacun avec des scores de 43 et 35 respectivement, ces scores offriront peu de réconfort aux citoyens des deux pays. Avec une moyenne mondiale de 43 pour l'IPC, les deux pays ont encore beaucoup à faire, constate l'organisation non gouvernementale internationale d'origine allemande. Au Maroc, le gouvernement a récemment adopté une loi sur l'accès à l'information après de nombreuses années de retard et les appels persistants de groupes de la société civile pour créer une loi substantielle. "Cependant, dans sa forme actuelle, la loi adoptée est vivement critiquée par les groupes de la société civile, y compris notre chapitre Transparency International Maroc , pour ses lacunes et ses restrictions graves", affirme-t-elle. Transparency International indique que dans de nombreux gouvernements arabes, des personnalités influentes ont activement influencé leurs politiques et détourné des fonds publics et des actifs de l'Etat pour leur propre intérêt et leur enrichissement aux dépens des citoyens. "Cela réduit les efforts de lutte contre la corruption consistant simplement à encrer sur du papier, là où les lois sont adoptées, mais rarement appliquées", commente l'organisation non gouvernementale internationale. Incapacité de contrôler la corruption D'après, Delia Ferreira Rubio, présidente de Transparency International, "la corruption a bien plus de chances de s'épanouir là où les fondements démocratiques sont faibles et, comme nous l'avons vu dans de nombreux pays, où des politiciens antidémocratiques et populistes peuvent l'utiliser à leur avantage". A signaler que le rapport révèle que l'incapacité persistante de la plupart des pays à contrôler de manière significative la corruption contribue à une crise de la démocratie dans le monde. "Cette année, de nouvelles analyses de recherche montrent un lien troublant entre la corruption et la santé des démocraties, où les pays caractérisés par des taux de corruption plus élevés ont également des institutions démocratiques et des droits politiques plus faibles", souligne le rapport. Pour Patricia Moreira, directrice générale de Transparency International, "la corruption détruit la démocratie pour créer un cercle vicieux, où la corruption mine les institutions démocratiques et, à son tour, les institutions faibles sont moins en mesure de contrôler la corruption. L'indice de perception de la corruption classe 180 pays et territoires en fonction du niveau perçu de corruption dans le secteur public selon les experts et les hommes d'affaires.