L'Algérie Presse Service (APS), la voix de son maître chez le voisin de l'Est, a eu une occasion de claironner, et elle ne l'a pas ratée. Ce n'est un secret pour personne, l'Algérie est obsédée par tout ce qui concerne le Maroc, notamment la question du Sahara. Sa dernière trouvaille ? Se saisir d'une simple et ordinaire visite de travail de la ministre des Relations internationales et de la Coopération de la République d'Afrique du Sud, Lindiwe Sisulu à Alger, pour, encore et toujours évoquer le Sahara. La propagande est, de bien entendu, confiée à l'APS, porte-voix d'Alger, qui croit pertinent de nous dire que la ministre sud-africaine et son homologue algérien, Abdelkader Messahel, « ont évoqué également la question du Sahara occidental ». Elle estime aussi utile de souligner que concernant ce sujet, « les points de vue sont convergents quant à la résolution de cette question à travers l'exercice du peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination et de la mise en oeuvre des résolutions de l'ONU et du Conseil de sécurité ». Quand Alger et Pretoria « convergent » c'est pour parler (encore ?) d'autodétermination, alors que l'ONU sous l'égide de laquelle le dossier du Sahara est traité, a dépassé ce stade depuis belle lurette, et prend désormais pour base de négociation, la proposition marocaine d'autonomie, qualifiée de « juste et crédible », au moment où l'option référendaire est jugée « irréaliste ». La nostalgie de l'Algérie à l'ère de guerre froide et de clivage Est-Oust est de notoriété publique, et le soutien aveugle que lui accorde Pretoria aussi. Ce soutien vient d'ailleurs d'être réitéré par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui a profité du meeting organisé samedi soir à Durban à l'occasion du 107e anniversaire de la création de l'ANC, pour redire le soutien de son pays à la thèse séparatiste du polisario. Il a ainsi réaffirmé sa volonté de mettre à profit le mandat de son pays au Conseil de sécurité pour « l'indépendance » du Sahara, une promesse faite il y a un mois déjà par la ministre sud-africaine des affaires étrangères, Lindiwe Sisulu, quand elle avait annoncé la volonté de Pretoria de mettre à profit son entrée au Conseil de sécurité qui a pris effet le 1er janvier 2019, pour agir dans le sens de « l'indépendance du Sahara ». Lire aussi: Sahara : Pretoria...à contre-courant Animosité in-justifiée Cette animosité nourrie par les deux capitales à l'égard du Maroc est telle que le magazine américain +International Policy Digest (IPD) s'est penché sur la question pour en conclure, à raison, que « l'animosité" que nourrit l'Algérie à l'endroit du Maroc est +l'œuvre exclusive+ des militaires algériens qui contrôlent le pays à travers des partis politiques « dociles ». « Cette haine du Maroc est ancrée dans le psychisme de l'armée algérienne », au moment où le peuple algérien se sent très proche du peuple marocain de par la religion, la culture et la langue partagées, relève l'IPD. Sous le titre: « Le Maroc et l'Algérie : L'interminable guerre froide », le magazine fait observer que le peuple algérien, en raison de la fermeture permanente des frontières imposée par le pouvoir à Alger, a été empêché de constater le développement réalisé par le Maroc dans divers secteurs économiques même si le Royaume ne dispose pas de ressources pétrolières. In fine, c'est justement ce manque de changement dans un pays pourtant considéré comme « riche », et l'absence de perspectives pour sa jeunesse désœuvrée et réprimée, qui incite les vrais détenteurs de pouvoir à Al Mouradya à focaliser la politique extérieure sur le Maroc et à faire de la question du Sahara, une affaire qui perdure, justifiant au passage décisions et dépenses pour le moins discutables au plan interne.