Alors que les débats sur le changement d'heure reviennent régulièrement sur la table, le docteur Tayeb Hamdi, médecin et spécialiste des politiques et systèmes de santé, tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Selon lui, notre corps n'est pas fait pour subir des modifications d'heure, qu'elles soient en avance ou en retard. C'est l'heure d'hiver, affirme-t-il, qui respecte le mieux notre physiologie. Dans une déclaration accordée à Hespress FR, Dr Hamdi insiste. Chaque changement d'heure perturbe l'horloge biologique, affecte le sommeil, et peut avoir des répercussions tangibles sur la santé publique. Les risques sont multiples : augmentation des accidents de la route et du travail, troubles du sommeil, mais aussi élévation du risque de maladies cardiovasculaires, comme les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Et si tous les changements d'heure ont un impact, c'est bien le passage à l'heure d'été qui préoccupe le plus les experts. À l'en croire, s'il fallait trancher et retenir un horaire fixe pour toute l'année, le choix le plus logique, d'un point de vue médical, serait celui de l'heure d'hiver. « C'est celui qui se rapproche le plus du rythme naturel de l'être humain », rappelle le docteur, avant d'ajouter : « Dieu a créé l'homme pour vivre le jour et dormir la nuit. L'ajout d'une heure pendant l'été vient rompre cet équilibre biologique ». Le médecin revient également sur l'origine du changement d'heure, une pratique instaurée au siècle dernier dans une logique d'économie d'énergie. À l'époque, il s'agissait de réduire la consommation électrique, notamment en matière d'éclairage. Mais cette justification est aujourd'hui dépassée, affirme Hamdi. Les nouvelles technologies, les ampoules basse consommation et les usages modernes rendent cette économie marginale, voire insignifiante. Dans ce contexte, plusieurs pays réfléchissent ou ont déjà opté pour la fin du changement saisonnier d'heure. Cependant, la décision reste complexe et dépend de nombreux paramètres propres à chaque État : état de santé des populations, considérations économiques, logistique commerciale, mais aussi relations internationales. Les effets sanitaires du changement d'heure ne se limitent pas à la fatigue ou au désagrément ponctuel. Ils peuvent être graves. Le Dr Hamdi s'appuie sur des études qui montrent une hausse de 25 % des cas de crise cardiaque le lundi suivant le passage à l'heure d'été, comparé aux autres lundis. Ce phénomène ne se retrouve pas lors du retour à l'heure d'hiver, qui reste, selon lui, plus en phase avec le rythme solaire naturel. Autre constat inquiétant : une élévation du nombre d'erreurs professionnelles, tous secteurs confondus, y compris dans le domaine médical. Une étude menée aux États-Unis en 2018 a ainsi démontré une hausse de 22 % des admissions hospitalières liées à la fibrillation auriculaire et aux troubles du rythme cardiaque après le passage à l'heure d'été, en raison de la perte d'une heure de sommeil. À l'inverse, aucun pic similaire n'a été observé après le passage à l'heure d'hiver, qui permet un gain de sommeil. Le médecin est formel. Toute modification horaire agit comme un stress sur notre système biologique. Les conséquences peuvent inclure des troubles du sommeil, une vigilance diminuée, des épisodes de somnolence au travail ou en voiture, des troubles de la concentration, des erreurs d'attention, mais aussi un risque accru d'accidents et de malaises. S'ajoutent à cela l'insomnie, les difficultés d'endormissement, des déséquilibres de l'appétit, un dérèglement de l'humeur, une nervosité accrue, ainsi qu'un risque plus élevé d'infarctus du myocarde ou d'AVC. Pour le Dr Hamdi, l'heure d'hiver reste la plus respectueuse du fonctionnement naturel du corps humain. Le retour des Marocains à l'heure d'hiver (appelée aussi « heure normale du pays ») est perçu par le spécialiste comme un réflexe positif, en harmonie avec les conclusions de la recherche scientifique. Ces études confirment que les changements répétés d'heure, tout comme ceux que subissent les voyageurs en traversant plusieurs fuseaux horaires, ont des effets négatifs sur la santé. Mais c'est surtout l'heure d'été qui semble poser problème. Elle entraîne une perte d'une heure de sommeil et une avancée artificielle de l'horloge biologique. Or, notre organisme est réglé pour se synchroniser avec la lumière naturelle : activité diurne, repos nocturne. L'heure d'hiver épouse ce cycle. À l'inverse, avec l'heure d'été, les individus doivent se réveiller dans l'obscurité et se coucher alors que la lumière persiste encore. Ce décalage impose un effort d'adaptation difficile, notamment pour les enfants, les personnes âgées ou les travailleurs matinaux. Enfin, le spécialiste rappelle que l'exposition à la lumière à des moments précis influence directement notre physiologie, au-delà de la vision. Elle joue notamment sur la sécrétion de mélatonine, une hormone régulée par l'horloge interne, impliquée dans l'endormissement, la température corporelle, l'activité cérébrale et le bon fonctionnement cardiovasculaire. Alors que les gouvernements hésitent entre maintenir le statu quo ou trancher pour un horaire fixe, le message du Dr Hamdi est clair. Il est temps d'écouter la science et de faire primer la santé publique. L'heure d'hiver n'est pas seulement un retour à la norme, c'est un retour à notre rythme fondamental.