Mauvaise humeur, fatigue, manque de concentration, somnolence, le mois sacré du Ramadan apporte son lot de désagréments pour les jeûneurs, en plus d'une sensation de faim. Si ce mois sacré est censé être accueilli dans la sérénité, de nombreux fidèles trouvent du mal à s'adapter au rythme et aux changements qu'impose Ramadan. Pour y voir plus clair, Dr Fouzia Kadiri, médecin spécialiste du sommeil nous explique les bonnes pratiques pour profiter du mois le plus important du calendrier musulman. Alors que la rupture du jeune se fait en début de soirée, le rythme de vie des musulmans durant le mois de Ramadan se voit chamboulé du tout au tout, les repas sont décalés vers le soir, l'activité physique devient moins importante, l'énergie en journée est au plus bas, et le sommeil perturbé. Tous ces éléments qui bousculent les habitudes impactent directement la santé physique et mentale des jeûneurs. Mais il existe des solutions pour mieux gérer cette période de l'année et elles reposent sur deux éléments clés, le sommeil et l'alimentation. Alors que certains estiment que leurs troubles du sommeil sont provoqués par le jeune, Dr Kadiri a tenu à lever les doutes en indiquant que le jeune ne provoque pas ces symptômes. « Au contraire, le jeune est une thérapie, et cela a été prouvé de par le monde. Il y a même des cliniques et hôpitaux qui préconisent le jeune et où les patients sont hospitalisés pour jeuner. Il y a même des assurances qui remboursent ces hospitalisations… donc ce qui se produit comme irritabilité, comme troubles de l'attention et du sommeil, n'ont rien à voir avec le jeune ». Selon notre interlocutrice, ces troubles sont liés à des « comportements sociaux », notamment des décalages des heures de sommeil qui produisent un retard de phases de sommeil. Ces décalages d'horaires de sommeil ont en outre, un impact sur l'horloge biologique et les répercussions se sont ressentir même après la fin du mois de Ramadan lorsque les jeuneurs veulent reprendre leur rythme habituel. Deux étapes du sommeil très importantes Le sommeil est un élément essentiel, une étape physiologique active très importante pour le corps et qui a un rôle réparateur pour les autres fonctions physiologiques, indique Dr Kadiri. Les troubles du sommeil pendant Ramadan sont provoqués, selon elle, par les personnes qui se couchent tard et se réveillent tôt, et de ce fait perturbent leur habitudes en n'ayant pas les 7 ou 8 heures de sommeil recommandés. En cause dans des troubles du sommeil qui se répercutent le lendemain, deux phases du sommeil qui se trouvent déséquilibrées. Notre interlocutrice rappelle que sur chaque cycle de sommeil d'une 1 heure et demie, il existe 4 phases, à savoir l'endormissement, le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal. « Le sommeil profond est intéressant parce qu'il est réparateur et récupérateur pour la forme physique », explique-t-elle, ajoutant que durant cette période le cœur baisse de fréquence cardiaque, et la tension artérielle baisse aussi. De son côté, le stade de sommeil paradoxal, « c'est là où on rêve, et c'est une étape importante pour l'équilibre cognitif, donc tout ce qui touche au mental, à l'humeur, à la mémoire, à l'apprentissage », et de ce fait, « quelqu'un qui n'a pas bien dormi, c'est quelqu'un qui va peut-être avoir des troubles physiques, avec de la fatigue, des troubles cardiaques, s'il est diabétique cela va être impacté aussi ». Au niveau cognitif le manque de sommeil va se manifester par de l'irritabilité, des troubles de la mémoire et de l'apprentissage, de la concentration et surtout de la somnolence, ce qui indique que « le cerveau ne s'est pas bien reposé ». Optimiser son réveil pour Shour Pour la spécialiste, en plus d'un sommeil optimal, il faire très attention à l'alimentation au moment de la rupture du jeune. « Quand on a trop mangé, on peut avoir des troubles physiques qui se manifestent par des indigestions, ou des insomnies provoquées par des aliments mal digérés », explique-t-elle. Et de conseiller de « vraiment manger léger », en privilégiant des aliments naturels, des légumes et des fruits, en évitant les sucres, les aliments à base farine blanche, ou encore les aliments transformés. Ainsi, pour éviter les troubles du sommeil durant cette période, il faudrait « garder le même rythme de sommeil même pendant ramadan, c'est à dire, dormir et se réveiller aux heures habituelles ». Et concernant le Shour (le dernier repas avant le lever du soleil) que certaines personnes évitent de prendre pour que leur nuit de sommeil ne soit pas perturbée, le médecin préconise de calculer son cycle de sommeil et de respecter les 1 heure 30 d'intervalles. « Au moment d'aller dormir il faut calculer par cycles avant de régler l'heure du réveil pour le Shour » de telle façon à toujours avoir 1 heure 30 de sommeil complète et ne pas se réveiller pendant un cycle, explique Fouzia Kadiri, en affirmant que « se réveiller au milieu d'un cycle est très désagréable ».