Une opération de saisie sous l'autorisation du Procureur du Roi et l'assistance de la Brigade nationale de la police judiciaire a été effectuée au siège de Glovo Maroc, suspectée de pratiques anticoncurrentielles dans la livraison à domicile. Conformément à la loi 104-12 sur la concurrence, cette intervention ne préjuge pas encore de la culpabilité de l'entreprise, le Conseil de la concurrence attendant les conclusions de son enquête contradictoire. Le Conseil souligne qu'il ne peut commenter ni l'identité de l'entreprise ni les pratiques en question, par respect des droits de défense. Les visites inopinées, permises par l'article 72, visent à recueillir des preuves liées aux infractions de concurrence ou à des opérations de concentration économique non notifiées. Le Conseil de la Concurrence marocain prend donc les rênes pour redéfinir le cadre des plateformes de livraison en intervenant directement au siège de Glovo. C'est une action lourde de sens dans un secteur qui échappe souvent à des normes rigides, offrant ainsi l'opportunité de rétablir une certaine équité au sein de cette nouvelle économie. Marché en plein essor Avec l'explosion des services de livraison, la place de ces plateformes dans la vie économique marocaine n'est plus à démontrer. Glovo, en particulier, a vu sa notoriété croître rapidement. Cependant, derrière cette croissance se cachent des pratiques qui pourraient, selon les rumeurs, compromettre la concurrence. Les enquêteurs cherchent à savoir si Glovo, en tant que leader, exerce une position dominante pour imposer ses conditions tarifaires à ses partenaires – les commerçants locaux – tout en comprimant les marges de ses livreurs. La venue des inspecteurs du Conseil de la Concurrence au siège de Glovo est ainsi révélatrice : le Maroc semble prêt à resserrer l'étau réglementaire pour éviter une monopolisation numérique qui profiterait aux géants au détriment des petits commerçants. On comprend dès lors que l'objectif est double : préserver la dynamique de ce marché tout en imposant des pratiques justes, une équation délicate dans le contexte d'une régulation naissante. Le secteur des livraisons a bouleversé l'économie locale, créant des emplois, mais également une certaine précarité parmi les livreurs. Les critiques fusent, évoquant des salaires fluctuants et des contrats flous où les droits des livreurs sont souvent en balance avec la rentabilité de la plateforme. Les commerçants, quant à eux, naviguent entre le gain de visibilité que procure une telle plateforme et le poids des commissions enjointes, souvent jugées excessives. Pour le Conseil de la Concurrence, cette enquête pourrait bien être le début d'une refonte de la réglementation, assurant que cette dynamique de marché reste juste. Ce mouvement pourrait inspirer une prise de conscience au-delà du secteur de la livraison, incitant d'autres secteurs émergents à se conformer aux mêmes exigences de transparence et d'équité. Impact majeur pour les acteurs du numérique Si l'enquête aboutit à des mesures correctives, les répercussions risquent de s'étendre bien au-delà des portes de Glovo. Cela pourrait également inciter d'autres plateformes à anticiper une régulation en ajustant leurs pratiques commerciales de manière proactive. Au-delà des sanctions, ce que recherche le Conseil, c'est une impulsion pour que le secteur numérique s'aligne sur les principes de justice économique et de durabilité, garantissant à chaque acteur – du plus grand commerçant au dernier des livreurs – une place dans un marché dans lequel chacun trouve son intérêt. Avec cette intervention décisive, le Conseil de la Concurrence inscrit un avertissement clair : le Maroc surveille de près les géants du numérique. Que ces derniers soient prêts à répondre à cette demande de conformité ou à affronter les conséquences d'une économie marocaine qui entend protéger ses ressortissants contre les dérives d'un capitalisme sans garde-fou.