L'UNESCO et le Conseil Supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) du Royaume du Maroc ont lancé un colloque de deux jours traitant des tendances émergentes et du rôle de l'intelligence artificielle (IA) dans le système judiciaire au Maroc. Le secteur de la justice commence en effet à adopter à son tour des systèmes de l'IA pour améliorer l'efficacité, la transparence et l'accès à la justice pour toutes et tous. Comme dans tous les autres domaines d'activité, tels que la santé, l'éducation et le divertissement, l'intelligence artificielle peut améliorer notre efficacité et rendre notre vie plus simple et plus accessible, mais son utilisation comprend aussi de nombreux défis. Dans le cadre du colloque organisé par l'UNESCO, quarante juges et procureurs issus de différentes régions du Maroc ont donc exploré des cas concrets d'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) dans les systèmes judiciaires, tout en mettant en lumière les risques éthiques et les biais potentiels engendrés par les algorithmes. Selon Eric Falt, Directeur du Bureau régional de l'UNESCO pour le Maghreb : « L''intelligence artificielle peut transformer le système judiciaire, en proposant des solutions pour améliorer l'efficacité, la transparence, et l'accès à la justice pour toutes et tous. Mais il faut aussi adopter une approche humaine en évitant de se fier uniquement aux systèmes d'IA pour des décisions ou processus qui pourraient nuire aux droits et libertés des individus. » Pour sa part, Mounir El Mountassir Billah, Secrétaire Général du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire a déclaré : « Les défis auxquels est confronté le système judiciaire nous obligent à suivre le rythme des nouveaux développements et modèles qui reposent sur l'investissement dans les nouvelles technologies de l'information et la révolution numérique à laquelle le monde est témoin, dans le but de faire progresser un une administration judiciaire numérique capable de répondre aux besoins des huissiers de justice ». Les sessions du colloque ont été centrées principalement autour des défis éthiques de l'IA dans le système judiciaire, la jurisprudence émergente sur les préjugés et les discriminations algorithmiques, les mécanismes de gouvernance émergents en matière d'IA en Afrique ou encore les différents outils réglementaires pour l'IA et les lignes directrices de l'UNESCO, de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe. Organisé dans un format interactif, y compris une simulation de procès, cet événement a favorisé des échanges dynamiques entre les participants et les experts, combinant théorie et études de cas pratiques d'utilisation de l'IA dans les processus judiciaires, tout en mettant en avant les défis éthiques posés par les algorithmes. L'UNESCO est fortement engagée dans la promotion de l'éthique autour de l'IA grâce à ses nombreuses ressources et formations. L'organisation accompagne les décideurs et les praticiens du droit pour veiller à ce que l'IA soit utilisée de manière responsable, respectant les droits humains et renforçant l'état de droit. Cette initiative représente ainsi une étape cruciale dans l'appropriation de ces enjeux par les acteurs judiciaires au Maroc, avec une vision tournée vers une justice moderne, efficace, responsable, utilisant l'IA d'une manière qui profite à l'humanité et non à son détriment.