La Tunisie reste sous tensions, quelques jours après la mort par immolation d'un journaliste à Kasserine. Des heurts entre les forces de l'ordre et les manifestants ont continué de rythmer les nuits de cette ville de l'ouest de la Tunisie. Après la mort d'Abderrazek Zorgui, journaliste photographe originaire de Kasserine, les jeunes habitants de cette ville se sont soulevés en masse pour communiquer leur colère contre le gouvernement, à cause de leur conditions de vie déplorables dues au chômage et aux salaires bas. A Kasserine, ce sont les quartiers Ennour et Ezzouhour qui ont connu le plus de manifestations de jeunes, touchés par le chômage, qui se sont ralliés à la cause du journaliste qui a mis fin à sa vie pour provoquer une prise de conscience du peuple tunisien. Dans la vidéo qu'il a enregistrée en live avant sa mort, le jeune photographe avait appelé les habitants de Kasserine à investir les rues en brûlant des pneus pour montrer leur colère et attirer l'attention du gouvernement sur ces laissés pour compte. Depuis le début des protestations, ce sont 27 personnes qui ont été arrêtées dont quinze originaires de la ville de Kasserine, a indiqué Achraf Youssefi, porte parole du tribunal de première instance de ladite ville. Les jeunes avocats de Kasserine ont quant à eux déjà annoncé qu'ils allaient prendre en charge la défense de toutes les personnes interpellées pour montrer leur association aux revendications sociales. Le 14 janvier, les journalistes tunisiens observeront une grève pour protester de contre leur conditions socio-économiques et en signe de solidarité avec leur confrère qui s'est tué pour les mêmes raisons, a annoncé le syndicat tunisien des journalistes. De leur côté, les partis politiques n'ont pas commenté ces événements malgré leur importance et les problèmes de fond qu'ils soulèvent. Le parti des islamistes Ennahda, lui, s'est exprimé à travers le président du Conseil de la Choura d'Ennahdha, Abdelkarim Harouni qui a ouvertement critiqué ces manifestations, allant plus loin dans ces déclarations, en appelant le chef du gouvernement Youssef Chahed à toute « la force répressive sécuritaire et même militaire » pour mettre un terme aux protestations sociales, rapporte le site d'information Tunisienumérique citant les déclarations de Harouni à la radio nationale tunisienne.